Saison 2022, de Bondy à Yankton...
Âmes sensibles, vous abstenir ! Je retrace ici la saison 2022, depuis la salle jusqu’à mon départ pour les championnats du monde de tir en campagne, dans un esprit critique des différentes évolutions que nous constatons tous depuis quelques temps. Mais doit-on réellement parler d’évolution ? Ou bien de régression ?
Parlons un peu tir à l’arc sans langue de bois, qu’importe si mon avis blesse, ce n’est pas là mon ambition. Nous avons traversé la pandémie, il y a eu un avant, c’est certain. A chaque fois que je pars à nouveau en équipe de France, on parle de « retour de PJ »… Pour mémoire, j’étais sur les coupes du monde sur la saison avant Covid pour finir sur une médaille d’or en équipe avec JP et Séb à Berlin 2019, et de bronze en équipe campagne avec David et JC à Mokrice 2019. En 2020 on était tous confinés à la maison. Et en 2021 je refusais de partir en compét FITA. Seulement j’étais en équipe nationale pour les Europe Campagne à Porec, et cette année encore pour le mondial Campagne. Mes choix, ma vie, mais aussi les formats de compétition proposés par la World Archery ont porté mon intérêt ailleurs que sur le tir sur cible anglaise. Chaque sélection n’est ainsi pas un « retour », mais un choix dans la compétition pour laquelle je vais m’investir, si j’estime mon niveau suffisant. J’suis toujours dans l’coin les gars, vous z’en faites pas !
Allez, commençons par cette “superbe” saison salle avec Bondy !
Je n’avais pas tiré de quelques mois, et je n’étais pas vraiment dans mon assiette d’ailleurs. Mais il y a de nouveau et enfin le tournoi de Bondy qui va se tenir et j’y serai avec les gars d’AS pour tenir le stand. Autant en profiter pour lâcher quelques flèches et me faire plaisir avec les copains. Compétiteur un jour, compétiteur toujours… Je voulais opposer une certaine résistance face à mes potes adversaires, mais rien n’a été facile avec seulement cinq jours d’entraînement juste avant cette compétition pendant les fêtes de fin d’année. Qualifications à 592, dont la deuxième série à 298 en mode départ en guerre tellement c’était difficile, honorable performance tout de même ! Il y avait un quota à 594 pour les Europe en salle pour info, donc les copains étaient chauds patate, ça fait plaisir de les voir comme ça à enfiler des perles. Quant à moi, pas d’ambition de sélection, on se calme, je n’avais ni la tête ni le physique ni le temps d’y penser. C’est une vraie différence que de s’engager individuellement sur une compétition d’un weekend, ou sur une compétition en équipe de France avec des coéquipiers. La préparation doit être sérieuse, le temps s’arrête durant une semaine, et ceci est à multiplier par le nombre de compéts dans la saison… Non, ce n’était pas sérieux d’y penser. Alors j’ai été très satisfait de mon joli score derrière Nicolas, Jean-Philippe et Sébastien.
J’appréhendais bien plus le lendemain pour les matchs. Avec si peu d’entraînement, ce n’est pas le jour 1 qu’il faut redouter, mais le matin du deuxième quand ton corps te répond un bon gros « NON MAIS OH ??? » alors qu’on cherche à tirer sur la ficelle. Surtout que j’avais puisé dans les ressources la veille, je n’étais pas si tranquille. Toutefois à ma grande surprise, c’est avec plaisir que j’ai retrouvé les mêmes épaules que la veille, et le même arc. Les lutins voleurs de slip n’avaient ajouté ni de l’allonge, ni du poids, ni de la puissance à ma machine. J’aime bien cette expression qui ne veut rien dire, mais qui fait sourire. Je tirais les éliminations en face à face avec le grand JP Boulch, c’était assez motivant de jouer contre lui du début… jusqu’à la fin, finalement…
149 pour l’entame de cette deuxième journée de compétition en 32e de finale, puis petit bras en 16e avec 146 / barrage au X gagné. Du coup je corrige et je m’applique avec un parfait 150 en huitième, et je tiens un bon rythme avec 149 en quart. Un solide 148 en demie finale me hisse en finale. Contre qui ? The famous JP Boulch bien sûr ! Nous avons ainsi poursuivi notre match débuté cinq rencontres plus tôt… Le cocasse nous donnait exactement le même nombre de points tirés depuis le début de la matinée… Sympa non ?
Ainsi nous continuions notre ping-pong de X pour finir avec un joli 149 points. Shoot-off du coup. Un X chacun, mais ce petit fumier de grand breton m’a encore plastiqué un X pleine balle et j’ai dû m’incliner (pas trop bas sinon il me perd de vue). J’ai adoré ce tournoi, mais je crois que je l’avais déjà dit lors des premières éditions… Je termine ici deuxième, et j’en repartais heureux d’avoir vu un pas de tir bondé d’archers souriant et tous aussi content que moi de retrouver une belle ambiance comme on l’aime. Merci à ceux qui le font vivre… Prochaine édition : début janvier 2023, j’y serai !
Tournoi de Nîmes.
Ce n’est plus un tournoi mais une IWS… Indoor World Series, une manche de la coupe du monde indoor donc. Il faut dire que le championnat du monde n’est plus, il est remplacé par les IWS avec une grande finale américaine à Las Vegas Baby. Le tournoi gagne en prestige, ou pas, je suis un peu confus à vrai dire. Il devient très cher et sans doute au détriment de sa popularité. Les prestations ne sont pas forcément à la hauteur de l’augmentation. Je le verrai bien évoluer dans un futur proche sur un autre format, d’une part prestigieux pour garder les experts de la discipline, et d’autre part pour satisfaire les compétiteurs amateurs essentiellement français qui font le déplacement (encore mais pour combien de temps ?). Pourtant, il reste un incontournable pour son ambiance particulière, le niveau de tir exigé, sa difficulté légendaire, son salon et ses finales. Là n’est pas complainte, mais un sentiment que je partage.
Sur cette édition, vous avez compris que ma préparation n’était pas à un top niveau. Je me classe 18e avec 590 points, à pas loin pas dedans qui énerve niveau légende. Mais ça c’est le détail. Normalement avec ce score, on est en bas de tableau principal, du genre 30e. C’est ainsi une édition spéciale, de reprise post pandémie. Tout le monde ne pouvait pas monter dans un avion encore. Je tire mon premier match à 149 contre mon pote Fabien, puis la guigne du cordon de mes qualifications est revenue, le genre où tu mets tout ce que tu peux dans l’arc pour faire un 10, en forçant ou pas, avec la boîte à outils grande ouverte pour tenter d’accrocher cette ligne de score, et non, ça pointe à 145 poussif et je perds contre le danois Hansen pour terminer à la neuvième place. C’est une saison particulière, vraiment spéciale, alors j’accepte.
Vittel, championnat de France en salle, ELITE.
Dernière compétition de la saison de tir en salle, j’ai longtemps hésité à me déplacer sur ce championnat. Alors j’y suis allé pour mon club, et par respect. J’étais inscrit, je devais aller au bout. Visiblement, tout le monde n’a pas eu le même raisonnement : censés être 18 archers « d’élite » sur la ligne de tir, nous n‘étions plus que 11 avant même de poser un point sur la feuille de marque. Déjà, ça commence pas glop cette histoire de élite ou pas élite.
Alors j’ai une grande question qui me taraude : vaut-il mieux être champion du « élite » quand tout le monde ne vient pas, ou champion du « pas élite » alors que les meilleurs ne sont pas là ? Pénible hein ? On va se laisser un peu de temps pour répondre hein, et réfléchir correctement.
585 sur les qualifications, le gars n’est pas bien du tout, mais alors pas du tout. J’ai accusé le coup de nombreuses années à trop tirer sur la ficelle. Et elle a cassé cette putain de ficelle, l’marin l’a pété l’bout’. Du coup, vu que cela restait assez propre en cible, le fait que les tubes ne croquent pas le cordon ne m’aura pas trop ajouté de stress négatif. Je me trouvais plutôt en mode « ne pas craquer, ne pas craquer, je t’ai dit de ne pas craquer bordel ». Un tir de qualifications vraiment bizarre, d’ailleurs les autres scores n’étaient pas si hauts non plus, à croire qu’une certaine effervescence doit être liée aux nombre d’archers présents, non ? Nico Girard remporte le tir avec un magnifique 597, qui ce serait sans doute transformé en 599/600 ou plus si l’ambiance générale lui avait donné l’énergie pour aller au bout de sa démonstration de maîtrise. Hormis Nico, pas de perf’ « d’élite », que des stormtroopers sur ce championnat, qu’on se le dise…
En match dans la foulée et faute d’opposant présent, je tire le premier tour en bye (ça fait déjà moins prestigieux d’attaquer un France Elite par un match sans adversaire..). Je remporte le deuxième match à 146 contre un adversaire en chair et en os, vivant, et un troisième match perdu à 145 et hop, me voilà en petite finale.
A vous aussi il en manque ? N’est-ce pas ? Mieux vaut aller à Bondy pour faire des matchs hein les cocos ? Moi, ça me donne le sentiment d’un texte à trous, d’inachevé, un évènement remplaçable qui manque cruellement d’attrait et de crédibilité. A cette heure, je me demande même ce que veux dire “champion de France”, qu’il soit élite ou pas élite, le tout a perdu de sa superbe.
Qu’importe la réponse à cette question pour l’instant, les finales ELITE se tirent sur un terrain spécifique, stressant, et filmé en direct, je dois donc « sortir d’ici tête haute » et je vous assure que je n’en pouvais déjà plus tellement mes forces m’avaient abandonnées. Je tremblais tout ce que je pouvais, pas de stress, mais d’absence de force. Contre Quentin, je voulais offrir une belle résistance sur notre match. J’ai réussi un joli 147 sur le papier, plutôt précis en cible, et plutôt dégueu à mater en vidéo.
Médaille de bronze ELITE salle 2022… j’en suis très content, mais au final, il en manque. Des participants je veux dire, je ne parle pas de mes points ou de mes cheveux. Ce format est vraiment morne, est-ce que cela vaut le coup de traverser le pays, de dépenser des sous, de s’investir ici ?
Pour la saison salle, c’est le tournoi de Bondy qui m’aura demandé le plus d’investissement, procuré le plus d’adrénaline et apporté le plus de plaisir et de crédibilité à tirer correctement que le championnat de France. Les cadors étaient présents, un Cut ouvert, des finales depuis les 32e… Je veux dire : si tu vas au bout de la compétition, c’est que tu as gagné plein de matchs, et en plus qu’il y a eu une certaine logique dans le tableau, soit le truc qui ne se voit plus nul part en gros. Bondy est une compét New Vintage 2.0. CQFD. Je reviendrai plus tard sur cette question, y’en a eu d’autres ;-)
Sélection saison World Cup et championnat FITA, équipe de France.
C’est simple, je n’y suis pas allé. Je boude un peu ce format. Ma vie actuelle ne me permet pas de passer autant de temps en compétition. Je trouve qu’il y a beaucoup de temps morts durant ces semaines, beaucoup de contraintes, et des modifications en général qui ne me plaisent pas pour le moment. Mais je n’ai pas dit que je n’en ferai plus. C’est juste qu’il faut se décider très tôt en saison (mars) pour être compétitif en sélection car le niveau est haut chez les coéquipiers, et car il n’est pas judicieux de placer sa perspective uniquement au lendemain de la sélection.
A ce moment de décision, je sortais tout juste de ma saison hivernale raccourcie et je n’étais pas disposé à tenir un arc correctement, très clairement. Après des années de lutte acharnée en bien des domaines, mon corps et mon esprit ont dit stop. Alors j’ai préféré ne pas me présenter en sélection pour les coupes du monde 2022, et le championnat d’Europe FITA. On verra l’an prochain, plusieurs choix se posent.
Je ne tire pas d’arc depuis le bronze vittelois jusqu’à une reprise tardive début mai pour tirer un premier concours quinze jours plus tard. J’ai alors choisi un FITA 50 mètres, le truc bien à plat, standard, qui demande de la régularité et de la répétition. Je réalise alors 706 et 704. Le premier score est une nouvelle meilleure performance française catégorie S2… Ben oui, j’ai eu 40 balais. Y’a bien que chez nous qu’on dit qu’à 40 on est « vieux ». Quel est le con qui a pondu un truc pareil ? La World Archery recule l’âge vénérable à 49 ans, quant à moi, j’ai bien envie de rester jeune encore quelques années. M’enfin, les S1 ont encore quelques sueurs froides en vue.
J’ai juste survolé mon état mais les ouïe-dires relatent un PJ bien affaiblit. Oui c’est vrai, et j’en ai un peu ras le bol de morfler depuis toutes ces années, c’est vrai aussi. La conséquence directe est un mode sans filtre qui peut apparaître de temps en temps pour faire remarquer à un con qu’il l’est effectivement, accompagné de la démonstration du pourquoi il l’est. Je dis ça car les vautours ont bien tenté quelques survols de basse altitude, les salauds, qui attaquent au moment de faiblesse. Quel courage ! Je vous assure qu’il y en a des comme ça, du genre qui n’apporte rien d’autre au monde du tir à l’arc que leur égo démesuré, par appât du gain (et quel gain !!!) ou par tentative de paraître plus grand dans un milieu qui se veut modeste par sa philosophie. Alors les racontards de Serpentard, avalez votre langue car je vous entends (et étouffez-vous avec svp please merci thanks). Tentez de trouver un truc (qui fonctionne de préférence) pour faire avancer le tir à l’arc, ça nous changera un peu. En gros, foutez-moi tranquille et allez vous occuper de vos taffs et de vos familles, je suis sûr que vous n’êtes pas irréprochables, j’en suis certain même, vraiment certain. Merci, vous serez aimables.
706 donc, j’ai réduit mon allonge d’un pouce tout entier, divisé les masses par trois, et j’ai laissé la puissance comme ça à soixante poneys parce que j’aime tirer un arc qui envoie de la grosse godasse. INVICTA 40 SVX pour cette reprise en TAE International 50m ø80cm… FITA 50m quoi (je n’aime toujours pas cette appellation à la mors-moi-l’noeud). J’ai ajouté un D-loop plus long de dix millimètres pour augmenter mon confort à l’ancrage et ainsi faciliter cette mise en place. C’est ainsi que j’ai procédé pour allier difficultés de la vie et continuité de pratique de ma passion.
Jusque-là, j’étais sur mon ALTUS 38 SVX, un arc plaisant, sain, et tolérant. Le choix de passer sur INVICTA 40 était pour trouver un angle de corde plus facile à négocier sans un physique de warrior, surtout si un peu de vent se pointe en compétition.
Je me suis fait violence quelques temps, mais le plaisir est très vite revenu avec cette stratégie. J’ai rapidement retrouvé un tir facile et fluide sans subir tout le poids embarqué, et sans allonge trop importante. Avec une météo correcte sur mes deux premiers départs, les groupements, les répétitions, ont fait ce score et quelques 38 Xs. De quoi être content, et confiant pour la suite.
Les départs suivants étaient tirés dans le vent parfois assez fort, et je m’approchais des 700 sans les atteindre, au back tension comme au décocheur à pouce. Donc bien. Ces résultats m’amèneront au championnat de France ELITE TAE Int** etc… à Riom quoi. On y vient plus tard. Car si j’ai repris l’arc, c’est surtout parce que je fais partie du collectif France parcours (car il existe encore) et qu’un stage de préparation était organisé fin mai sur une semaine. Je n’allais pas rater cela, et il me fallait une préparation pour bien vivre cette semaine. C’est ainsi que l’INVICTA 40 SVX a repris du service pour me préparer physiquement à répéter un truc bien à plat, et que ALTUS est revenu sur les terrains de campagne, avec lui aussi une allonge réduite à 27.5’’ au lieu de 28.5’’. Sur ce stage, nous avons reçu les lumières avisées d’un préparateur mental. C’était intéressant comme point de vue, cela dit, il faut respecter un certain ordre pour bien appréhender la chose selon moi. Oui le tir à l’arc est un sport mental, une fois que la machine est réglée à son pilote, que le pilote sait reproduire sa technique plusieurs fois d’affilée sans se planter, et qu’une flèche peut désormais sortir bien droit de l’arc.
Voici mon avis sur la question, quitte à me répéter : d’abord on choisit le bon matériel, ensuite on le règle bien à soi. Au bout de quelques semaines aux tirs stratégiquement construits pour ressentir les choses et non compter les points seulement, nous pouvons commencer l’entraînement. Volume d’abord, ponctué de quelques évaluations de scores, puis qualité avec recherches de perf’ max. Et là, quand on arrive là, ouais, on peut causer prépa mentale.
Ceci est ma logique et contrairement aux apparences, elle n’est ni longue ni difficile à mettre en oeuvre. La préparation mentale peut arriver sous 4 à 6 semaines suivant le début de saison. Pour ma part, c’était un peu tôt pour la mise en pratique des exercices proposés, je me suis ainsi concentré sur les réglages de mon arc et j’ai pris des notes pour la suite de ma saison. En revanche, c’est lors des explications fournies à notre « PM » que nous nous sommes aperçus des clés que je mettais déjà en oeuvre naturellement pour gérer mon stress, mes rythmes divers, ma relation avec le coach ou avec les coéquipiers, par mon ancien métier au sein de la Marine Nationale (sauvetage en mer). Ce n’était juste pas le moment de m’exercer à « tirer une flèche parfaite » et à la décrypter, sans connaître ma balance d’arc, mon rapport poids-puissance, mon allonge précise, ma stratégie de tir « mécaniquement parlant ». C’est là le point fort du stage proposé, c’est justement qu’il n’est pas imposé. J’ai pris des notes, j’ai appris ou j’ai consolidé, puis j’ai profité du terrain de jeu des archers de Laval (j’y reviendrai dans le carnet spécial Yankton).
Deux départs en campagne depuis mon début de saison un peu chaotique, mais pas de gros score encore. Pas avant juillet où je retournais à Laval pour tirer un joli 410 appelant mieux encore sur un parcours plus sage qu’à son habitude. La sélection allait ensuite se tirer dans ce bois aux multiples facettes parfois vraiment surprenantes. Mais avant cela, ce score était surtout dans le but d’atteindre le championnat de France ELITE de tir en campagne (et ouais, là aussi y’a le distinguo de l’option Maxi Best Of + …), et objectif atteint. Je pourrai donc tirer les deux disciplines en élite, à Riom et à Monestier-de-Clermont.
Championnats de France ELITE, RIOM (TAE intermachin…)
Déjà, il a fait beau, ce qui est remarquable pour cette contrée de la terre de milieu. Toujours un peu de vent, mais il n’arrachait pas les tentes. Et le jeune S2 que je suis a été classé premier des qualifications, mélangé avec les S1 donc. Je me marre un peu, je me marre encore un p’tit peu, et encore un tout petit peu… Ca y est, c’est de bonne guerre messieurs. 692 dans un Riom qui souffle, c’est pas mal, nous serons trois à ce score, et je remporte au nombre de X.
Je remporte ensuite le premier match d’un point 145 à 144, c’était tendu, toujours dans le vent. Et patatra au tour suivant. 138 !!! Mais d’où sort-il celui-là ? Je n’avais pas changé grand chose à ma technique, exécution gnagnagna et c’est après une plus fine inspection que j’ai vu une lame de repose-flèche fendue. Et merde… Moi qui avait décidé de laisser le Monorest effaçable au profit d’une lame le temps de reprendre l’arc en main correctement (histoire de Twister mes câbles sans recours à un démêlage de la drisse d’effacement). Je laissais le repose-flèche Beiter fixe pour ce championnat. Il faut dire que ça marchait plutôt bien. Cela restait énergivore par rapport au modèle AS, notamment lors de l’armement. J’ai payé ce choix d’une défaite contre un excellent Morgan Lecauchois qui se hissera ensuite jusqu’en finale.
C’est con, je jouais bien avant de ne plus comprendre pourquoi les impacts ne correspondaient plus à ce que je voulais. Fin du TAE 2022, et cela m’aura suffit pour cette saison. Il faut dire que ce n’est pas un tir très très sexy, mais bon, je dois être un tantinet lassé, peut-être, ou alors c’est le format de championnat qui me laisse ce sentiment.
Car là aussi il s’agit d’ELITE… Du coup, on ne voit pas tous les autres archers qui sont là avec leur énergie, leur envie, leur nombre tout simplement. Je suis nostalgique du grand championnat extérieur où les meilleurs sont au contact des passionnés, et vice-versa, au lieu de faire les trucs chacun de son côté. J’espère vraiment qu’une nouvelle formule trouvera sa place dans les saisons à venir car cela devient vite pénible en fait, pour les déplacements, les classements, le mérite, la logique, l’ambiance, la logistique… Et j’ai vu ensuite ce que donnait l’ambiance sur un championnat de France PAS ELITE, et c’était mieux, avec du monde qui se parle et tout ce qu’on aime. J’ai préféré, je comprends qu’il y en ait qui plombent leur moyenne nationale pour ne pas passer en ELITE et rester au niveau en-dessous. Ouais ouais y’en a. J’aimerais au moins qu’il y ait plus de monde en ELITE, que ceux qui veulent venir se mesurer aux « pros » comme aux US puissent faire ce choix, et que les autres souhaitant se mesurer aux amateurs puissent aussi choisir cette option. Mais on ne peut pas être champion de France en dehors de la catégorie ELITE, je n’y arrive pas avec ce terme. Ou alors, on devient champion de France AMATEUR, pourquoi pas. Ce serait cool d’avoir le choix, ne serait-ce que pour s’organiser avant la deadline des quotas requis pour la catégorie ELITE.
Championnat de France Campagne, Monestier-de-Clermont.
Je remercie mon INVICTA pour ses bons et loyaux services, et je reprends mon ALTUS direction le championnat de France ELITE de tir en campagne dans le coin de Grenoble. Très belle place, très très beau parcours 12/12… Ah oui, on ne peut que dire du bien de cette beauté, il y avait tout ce qu’il fallait au bon endroit. Rien que le fait de marcher le long de ce parcours était plaisant, les cibles anguleuses ou pas étaient judicieusement pensées, vraiment c’était super bien.
Je faisais partie du deuxième peloton d’après mon classement national, je tirais en aveugle des premiers et bien déterminé à leur donner quelques sueurs froides. Je réalise un joli 209 en première moitié, avant de rencontrer plus de difficultés à négocier le vent du haut de la colline, et en partant bille-en-tête sur une ø60 qui était en fait une ø80cm. Boulet que je suis parfois.
Je rends une marque à 406, le deuxième signe un 397, le troisième à 393. Donc c’était cool, je n’étais pas encore has-been. Je gagne le droit de ne pas tirer avant les demies-finales. Et oui, la nouvelle règle dit que les classés 1 et 2 des qualifications sont « protégés » pour un accès direct en demie. Mais alors du coup, on attend pendant que les autres jouent au tir à l’arc et gagnent des matchs de parcours, sur des « modules » de 6 cibles. Ensuite, le meilleur de chaque partie du tableau vient affronter, à chaud, les premiers, à froid, congelés même. Ca semble facile à comprendre comme ça hein, mais sur le papier, c’est d’un compliqué à piger…
Il fallait être ingénieur déchu, plutôt énervé, ou perdre un pari pour pondre un tel « nouveau » système ! C’est le gros point noir de cette superbe discipline qu’est le tir en campagne. Je vois ça un peu comme une réunion qui a mal tourné, en se disant « hey les gars, y’a un truc qui fonctionne super bien en format campagne, ça va pas, faut tout changer »… Ce qui est vrai en définitive, ce que je n’ai entendu que du bien de l’ancien format, logique et intelligible par tous. Les règles sont maintenant extrêmement difficiles à expliquer pour les gens qui ne font pas de tir à l’arc, ou même à ceux qui sont dedans. C’est quand même con d’en arriver là. Même les organisateurs, ou ceux qui on participé à cette oeuvre d’un art (qui sera sans doute comprise d’ici au prochain centenaire) s’en agaçaient, quitte à reprocher aux participants de ne pas être suffisamment bien câblés pour le comprendre. Roooo les méchants archers.
Sur le format qui expédie les deux premiers classés des qualifications directement en finale, j’émets une réserve conséquente :
- Le format ne protège pas #1 et #2. On le sait bien, le premier match possède son adrénaline, son besoin de chauffe. Même si le résultat en cible est bon ou parfait pour le tireur classé 1 ou 2, cela ne veut pas dire qu’il est chaud, fluide, dans son match… en tout cas dans des “conditions de tir identiques à son adversaire”.
- Le format ne valorise pas #1 et #2. Au contraire, il les place dans l’embarras : attaquer à froid un adversaire chaud risque fortement de dévaloriser la performance réalisée sur les qualifications. Qui plus est dans le tir en campagne qui ne se voit pas dans les bois… “Comment un archer classé #1 ou #2 peut avoir atteint ce rang en tirant comme ça ?” Soit la question qui se pose pour le spectateur dubitatif, familier du tir à l’arc ou pire, un spectateur qui n’y connaît rien.
- Les #1 et #2 des qualifications gagnent le droit de tirer moins que les autres en nombre de flèches. Pardon mais je suis venu faire du tir à l’arc moi, pas du Netflix, pas du Baby-foot, youhou les gens c’est nul d’attendre !
- Le format est en parfaite adéquation avec un raisonnement actuellement antisportif : “je vais foirer mon troisième score de classement national pour tirer le championnat de France pas élite histoire de voir du monde, de jouer ma carte avec les archers de mon niveau ou d’un niveau inférieur etc…”, ou bien ici : “je vais y aller tranquille sur les qualifications du France campagne, comme ça je pourrai tirer tous les matchs depuis le début de la journée, et si je perds, au moins ce sera plus tôt et je pourrai prendre la route plus tôt aussi”.
Alors vous me direz “Mais Pierrot tu déconnes à plein tube là ??? Ça ne se fait pas du tout ça” ! Sauf que si, ça se fait. J’ai pas dit que c’était bien, mais ça se fait, et en plus cela peut se comprendre et ça c’est encore pire.
Bref, je n’aime pas ce format, j’y reviendrais avec la version English de comment il est perçu dans d’autres pays, c’est sympa comme version aussi. En gros, on a pris tous les inconvénients du FITA pour les coller au campagne.
Donc au lendemain de ces belles qualifications en forêt vallonnée et technique, je tire la demie finale. Je me suis fais allègrement sortir de ce terrain plat, venteux, à froid. Je ne peux même pas dire que j’ai mal tiré mon match, je ne suis même pas rentré dedans, ni dans le match, ni dans l’arc. Il n’était pas loin de 14h30 lorsque la première flèche comptée était tirée… J’ai eu droit à une super grasse matinée, mais je ne suis pas venu pour roupiller ! J’ai retrouvé les mêmes sensations que les coupes du monde quand les 48e et 24e de finales enchaînaient sur les 16e (les huit premiers des qualifications étaient “protégés”).
Puis je tirais le deuxième match pour tenter de remporter la médaille de bronze. Meilleur, mais pas suffisant pour gagner une place sur le podium. Outre le format, l’attente était super longue, pénible, voire chiante sans langue de bois en fait. Tous ces kilomètres pour ne pas tirer, c’est nul. Je n’ai pas vraiment senti l’avantage d’être premier des qualifications, au contraire, j’ai presque eu le sentiment d’arriver à la bourre et d’être en trop par rapport à ceux qui avaient déjà joué toute la matinée, qui avaient créé le lien, profité du lieu, de l’ambiance… C’est vraiment déplaisant comme sentiment, il ne donne pas envie de bien tirer car à la fin, on sait déjà que nous tirerons moins que les autres. Pas génial pour la performance tout ça.
Je me suis éclaté sur le parcours proposé par Monestier-de-Clermont, vraiment superbe, une vraie bouffée d’air frais comme on les aime, cinq étoiles +++, merci pour cela. Le terrain de finales en plein vent et à plat ou presque, sans intérêt aucun, terni les belles cibles proposées la veille et laisse un sentiment d’inachevé « obligatoire » pour coller à un règlement qui n’a pas du tout fait évoluer la discipline mais au contraire, qui tendra à faire fuir les archers vers d’autres pratiques. Mais lesquelles ? Car à force de tout pourrir, cela devient compliqué de retrouver du jeu dans le tir à l’arc actuel qui ne se veut qu’olympique… Faut-il attendre 2025 pour s’ouvrir à des horizons plus sympathiques, populaires, et tout autant gratifiants sur l’aspect mérite et performance ? Pardon mais pas pardon en fait, on vient nous parler d’inclusion après tout cela, moi, ça me chauffe.
Ennnnfiiin… Arrive la sélection pour le tir en campagne, championnat du monde, Yankton 2022. Cet objectif était important pour moi. En dépit de tout mon parcours, les couleuvres que j’ai avalé, les embûches et un format critiqué, je voulais cette sélection pour mon premier mondial campagnard en équipe de France.
Sélection équipe de France Campagne, Louverné.
Une belle compétition, et à chaque visite sur ce terrain de jeu, c’est une découverte totale des cibles proposées. Vraiment au top, tout est parfait, et à force d’arpenter leurs chemins, les organisateurs du club de l’US Laval commencent à façonner l’état permanent des accès, tout comme la modularité des difficultés proposées.
Jour 1, un parcours 12/12 est tiré et je réalise 404 sur un quota requis à 403. Premier checkpoint atteint. Jour 2, des modules façon remontada comme le veux le nouveau format. Mes acolytes commençaient ainsi leur tir deux heures plus tôt. Et mon tour arrive, pour me faire lyncher par un excellent Adrien bien chaud de ses douze cibles précédentes dans les bois. Moi j’étais toujours glacial. Il gagne la matinée.
Je rencontre ensuite Quentin l’après-midi pour un module de 4 cibles à plat et au vent. Je remporte ce match avec un joli score et me hisse en finale contre Adrien pour la revanche qui nous amènera jusqu’au barrage. Il tire un beau 6, je prends une rafale et lâche au même moment. Trois points, mais à ce stade on s’en fiche pas mal tant que ce n’est pas un plus beau 6 que l’adversaire.
C’est ainsi que je me suis sélectionné aux championnats du monde de tir en campagne à Yankton USA avec Quentin. Nous non plus, nous n’avons pas compris pourquoi Adrien n’était pas de la partie, a trois points du quota le jour 1, des matchs de haut vol le lendemain… Le message envoyé par la fédération n’est pas super positif ici. La question a été posée sur le format de cette sélection et non sur la composition de l’équipe qui ne peut pas être controversée par les athlètes eux-mêmes. A ce jour, elle n’a pas trouvé de réponse en dépit de mes sollicitations au comité des athlètes de la FFTA dont je fais partie. Flippant hein ?
Il est surtout question de ne pas trop coller au format international, de façon à évaluer les archers prétendants au mieux, et dans des conditions identiques. Le premier match d’Adrien n’était pas sur le même parcours ni de Quentin, ni du mien. Adrien tire trois matchs, je ne pouvais en tirer qu’un seul d’après mon classement. Il y a un côté hasardeux sur ce format de compétition qui n’a pas sa place en sélection, à quoi bon proposer cela si ce n’est pour saper le moral des athlètes non sélectionnés, et celui des sélectionnés également… Ben oui, on se demande aussi quelle est notre légitimité par rapport à celui qui a tout remonté le dimanche, sans succès. La question se pose pour les prochaines sélections, les prochains athlètes, si deux jours de sélection existent, autant faire en sorte que les deux comptent et que tous les archers soient placés dans des conditions identiques d’évaluation, non ? Je peux être totalement aux fraises dans mon raisonnement, sauf que, faute de discussion et d’élément de compréhension, je ne peux m’en référer qu’à mon propre jugement. Alors on peut me dire qu’il faut faire abstraction du binz et se concentrer sur les points, la performance. Oui ok, mais quand le mouton est perdu, il a besoin d’un berger pour trouver son chemin avec le troupeau. Et quand le berger est lui-même pommé, c’est là que ça devient pas mal le bordel. On en est là, non ?
Entre champion de France PAS ELITE (ou AMATEUR) et champion de France ELITE, les formats complexes, les règlements prohibitifs, les ambitions balisées, je me demande bien où le tir à l’arc se dirige. J’espérais voir mieux à l’international et, Yankton m’a apporté son lot de réflexions, ce n’est pas super glam’ et je le regrette.
Le but de mes Carnets de route est de raconter mes histoires de compétition, de proposer un avis qui est le mien et de diffuser des conseils. Ils ne sauraient être considérés autrement car j’aime le tir à l’arc. J’ai été numéro 1 mondial durant trois saisons et je baigne dans le haut niveau depuis quinze années maintenant. J’en ai fait mon métier, par la création en collaboration avec les marques commerciales. Je suis sensible à son évolution et au plaisir qui doit perdurer. J’assume volontiers l’affiche de vilain petit canard même si je dois bousculer certaines susceptibilités. Cela dit, je ne peux pas être celui qui empêche le tir à l’arc d’avancer. Je bosse dans les domaines qui sont les miens pour le faire grandir, le rendre plus accessible, plus sympa, plus didactique. A ceux dont les domaines sont de proposer une offre sportive populaire, agréable et juste, d’agrémenter notre plaisir futur. La fréquentation des pas de tir en dépendra.
Ne soyez donc pas trop sévère dans votre jugement quant à ce billet grisâtre, il n’est que le reflet de mon sentiment sur le tir à l’arc proposé de nos jours. J’en avais déjà parlé dans quelques carnets précédents, au sujet des prises de tête quant aux règlements et formats de tir à l’arc… Nous ne sommes pas des juristes et pourtant, tout devient toujours plus complexe, toujours plus restrictif. J’aimerais voir le contraire dans les années à venir, et apprécier une compétition, des disciplines plus abordables pour tous histoire de retrouver de la légèreté. L’abordable favorise la fréquentation et je trouverai ça cool de retrouver du monde, soyons fou, sur un championnat de France à nouveau unifié et avec des quotas ouverts aux 64 premiers pour chaque catégorie…
Je reprends ainsi la plume de clavier au retour de Yankton qui sera mon prochain carnet de route. Nous verrons le niveau, mes objectifs, le déroulement de la compétition et le débriefing de la semaine. Ce fut un long séjour de douze jours aux USA, entre les caprices météo, les dommages collatéraux d’une organisation faillible, un nouvel arc en main, l’ambiance et les résultats au sein de l’équipe de France sont venus réchauffer mon coeur d’archer passionné. Ce seront les prochaines lignes.
A bientôt pour cette lecture,
Archerycalement,
>>>—-Pierrot—-> X