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Champion de France ;-)

Je porte le maillot de l’équipe de France depuis 2007, je n’ai jamais été champion de France de tir en salle. Toujours tenter, toujours recommencer, jusqu’à ce que cette compétition devienne un mythe, ou une chimère, selon l’humeur ;-)

 

 

En 2009, je remportais le prestigieux et difficile tournoi de Nîmes. Les résultats de mes qualifications et de mes matchs étaient largement au-delà de mes croyances. Et pour cause, je n’avais encore jamais passé un seul tour en championnat de France ! Je porte le maillot de l’équipe de France depuis 2007, je n’ai jamais été champion de France de tir en salle. Toujours tenter, toujours recommencer, jusqu’à ce que cette compétition devienne un mythe, ou une chimère, suivant l’humeur ;-)

Je me suis amusé à faire un rapide calcul. Je ne compterai pas les médailles internationales décrochées dans de prestigieuses compétitions, mais seulement la moyenne générale de mes scores comptabilisés depuis la saison hivernale 2007. Onze saisons, pour un score de 595 points sur 600. J’en ai froid dans le dos. Imaginez le nombre de flèches tirées, le nombre d’heures passées derrière l’arc, le nombre de “recommence”, et le nombre de X qui se sont produit depuis dix ans. 

En prenant quelques instants pour mesurer cette dimension, je matérialisais cette compétition d’abord comme un idéal. Il était important de gagner sur son territoire avant d’emporter le lot de confiance à l’étranger. Ensuite, elle m’apparaissait beaucoup plus comme une bestiole biscornue, dangereuse, que je ne savais pas aborder. Je n’avais en fin de compte jamais trop de temps à consacrer à cette tête de lion. Avec en cette période des sélections internationales, des compétitions internationales, ou le championnat d’Europe ou du Monde, je laissais souvent la bête errer dans son bois. Il est difficile de garder le lien avec un championnat national quand on se projette à l’international. Je n’étais pourtant pas loin, à deux reprises seulement, pour laisser le titre d’abord à Sébastien Brasseur en 2012, puis à Sébastien Peineau en 2014, qui s’imposaient en finale.

3K8A1967 2Cette saison aura été très particulière, pour moi, qui aime garder le contrôle sur les choses. Je ne l’ai pas eu, et cela m’a plu , en définitive. Je reprenais l’arc dernière semaine de novembre après quatre mois sans le toucher, à le bouder, et à me demander si cela valait le coup de le reprendre ou de pratiquer un autre sport. Réflexion faite, j’ai voulu tirer pour ma “gueule” plutôt qu’un objectif de médaille. Le plaisir revînt rapidement avec ce choix. Début décembre, j’étais déjà à 596 points,  300 sur une série et la grippe. Test grandeur nature avec le tournoi de Nîmes, ce n’était pas une boule au ventre mais un rocher : un cut tutoyant le 590 pour entrer dans les matchs en seizième de finale, il faut être un peu taré pour s’y coller. Et j’arrive à sortir un 597, et encore un 300. La semaine suivante, encore un point de plus, encore un 300. Et quel plaisir de tirer… Quel plaisir de retrouver quelque chose de simple à mettre en place, des ancrages solides et des flèches qui volent droit vers ce que mon oeil vise. La routine de performance était en place, et j’étais bien en tête des sélections pour le mondial… Maintenant, je peux en parler, puisqu’il est passé, et je ne risque pas d’offusquer les susceptibilités et sensibilités de ceux qui sont partis à Ankara. Je reste fair-play et respectueux pour leur parcours.

Avec 596 et 597 points, j’étais en tête. Mais le plus important était en fait ce que j’avais “en tête”. J’étais inquiet. Je posais des questions sur les dispositifs de sécurité mis en place pour ce championnat du monde en plein coeur d’un nid de guêpe. Nous étions en janvier, je ne savais pas encore vraiment si je m'engageais sur ce mondial. Je n’obtenais pas de réponses satisfaisantes et le doute prenait place. Le militaire pensait, le sportif n’arrivait pas à reprendre le dessus. J’ai signé un contrat de militaire de carrière, lequel fait mention de sacrifice ultime. Il n’est pas question de cette mention dans ma convention individuelle de haut niveau. Je scrutais les informations, j’allais à la pêche, mais rien. J’écoutais les autres archers, j’en parlais au coach, je ne savais pas quoi faire, je manquais d’informations pour être rassuré. Les attentats qui ont suivi et fait rage à Ankara la semaine suivante m'ont glacé le sang, tout comme ceux de Paris. Le désert de communication qui régnait alors me confortait dans mes doutes de vouloir ou non y aller. Même à posteriori, la question ne se posant plus car mon score était sans appel et indiscutable, j'étais au clair avec ma pensée pour ne pas regretter l'événement plus tard. 

Je suis parti à Las Vegas pour le festival mondial et j’en suis revenu avec une caisse d’arc ravagée par une inspection de la sécurité aéroportuaire. Mes trousses d’outils et matériels étaient ouvertes, le matériel bringuebalant contre mon arc. Un seul arc pour ma saison, mon jouet, mon bébé, mon pote, mon X’Pounding Podium X forty red edition qui déchire, pourquoi en avoir un deuxième ? Mon deuxième est prêt pour le FITA, mon troisième est prêt pour le tir campagne, mon quatrième est un test pour m’essayer à une posture plus relâchée, mon cinquième est un autre test pour travailler sur la géométrie des futurs arcs de la marque pour laquelle je roule, mon sixième est du passé. Alors quoi ? Fin de la discussion, j’avais un arc fétiche, et celui-ci m’a explosé dans les mains. Il était mon partenaire de belles médailles inter, et de superbes perf dont le 599 l’an dernier. J’étais triste, mon pote gisait sur son étau d’arc.

J’étais dans mon magasin préféré, l’archerie de la vallée, avec mon président et nounou Florian. Je nettoyais mon arc posé sur un étau Beiter par la fixation de stabilisation centrale, rien d’autre, une simple séance de bien-être… BAM, il a explosé, à vingt centimètre de la tête de Florian, en-dessous de la mienne, manquant de nous blesser. Comme un pétard dans un bol de farine, je ressens la même tristesse et ce même stress aux tripes en écrivant ces lignes que lorsque j’étais devant la scène. Toutes ces heures, toute cette confiance, mes cames fendues, mes branches fibres béantes, mes tranche-fils de câbles en moutons, nous sommes mercredi soir, je pars vendredi matin en sélection. Putain de merde…

Une came a cédé au niveau d’un ergot d’oeil de câble, laissant s’échapper le câblage et entraînant l’ouverture soudaine de l’arc alors qu’il était au band, posé sur l’établi. Les vis de AirShox ont pénétré les branches, les tranche-fils enroulés autour des axes de cinq à dix tours étaient sectionnés. Un défaut matériel ? Peut-être, j’en aurai eu et vu d’autres mais rien de semblable, un défaut peut arriver quelque soit la marque. Un choc d’une pièce durant le voyage ? Probable… Je ne sais pas ce qui a pu se passer.

Avec autant d’années passées à tirer des scores proches de la perfection, je ne sais que trop bien la suite : il est possible de retrouver un arc capable d’apporter la performance en 48 heures, mais c’est une chance très mince dans un temps si court. Ce ne fût pas la mienne.

3K8A1682En sélection, trois archers ont réalisé le quota fixé à 590 points, ils sont partis, ils sont tous méritants et ils l’ont tous prouvé sur ce mondial. Je tirais 587 points, avec de nouvelles branches tirées du sac, d’un autre flex, et d’autres cames. Mon vol de flèches n’était pas rassurant en partant, et il ne changeait pas en compétition. Une destination inquiétante et un arc qui n’était pas encore mien, autant profiter de cette opportunité pour me concentrer sur autre chose : moi. A quoi bon préparer autant un évènement alors qu’il suffit d’être là le jour J ? Bien bien, j’ai des choses à faire je crois, des trucs où je pourrai retrouver un peu de contrôle, comme le travail sur moi. Préparer un arc aux futures performances, me préparer pour ne pas me fâcher tout rouge, ma thérapie ? Le plaisir. J’ai pris un sacré coup dans la tronche avec ces histoires, ces niveaux de performance, cette destination, ces turn-over dans les équipes engagées, cet arc qui casse… J’étais en train de retrouver du plaisir par la performance allant crescendo et voilà que je reste à la maison. Pour aller faire quoi ? Faire une compétition de quartier ? Un championnat de France ? Ouais super, pensait le bougre-têtu plein de pics sortant de la peau façon oursin-fait-pas-chier, à chaud. 

IMG 4465 2Puis en fait, ce n’était pas si mal. J’ai pu profiter pleinement de ma compétition de quartier, au sein de mon propre club, les archers du Rhodia, petit mais costaud. Nous avons organisé deux départs officiels balisants un Big Ten challenge, un VPTT et un mini-stage-à-PJ. Sur les départs officiels, je profitais de mon détachement pour tester plein de trucs, allonge, stabilisation, prise de décocheur et tout le tralala tsointsoin. Ensuite, j’animais le VPTT, soit le Vient Prendre Ta Tôle, un dérivé du Nerves Of Steel que nous avions découvert lors du Kings Of Archery hollandais. C’est notre façon de tirer “la meilleure flèche”. Une seule flèche par archer est autorisée, vous ne pouvez en casser qu’une seule donc..; Pas de discours de génocide matériel ou autre subtilité du genre, nous ne sommes pas des barbares (mais on peut le devenir ;-)). Le tir commence avec un but de diamètre égal au 9 d’un trispot, et réduit au fur et à mesure. chaque flèche qui n’est plus en état de tir en sécurité et de précision est éliminée. Le dernier tir, pour les meilleurs, mesure 20mm de diamètre, soit le X, signifiant qu’il est obligatoire de tirer un 10 inside-out pour gagner. Le bon d’achat du vainqueur était tout de même de 80€, et pour la Saint-Valentin, puisque nous l’avons organisé en couple, il était du double… Not too bad, right ? Après cette histoire de fer, venait le Big Ten Challenge. J’écrirai spécifiquement pour ce type de compétition car elle vaut vraiment le coup d’être vécue. Rapidement, vous tirez une série sur 300 points. Le 10 classique vaut dix points pour les arcs à poulies, le jaune entier pour les arcs classiques. Le but ? Tirer le score parfait. Il a été atteint une fois pour chacune de nos deux éditions du BTT à Salaise (Pas de blague, je ne tirais pas). Vous misez 5€ et vous récupérez votre mise si vous réalisez 300 points. Sinon, l’argent est placé dans “le pot”. Tout sera ensuite redistribué au premier de chaque poule de six archers. Une seule catégorie, tout le monde. Les groupes sont ainsi de niveau égal. Le dernier du groupe rencontrera l’avant-dernier, puis le vainqueur contre le quatrième, etc… Le premier est sélectionné d’office pour la finale de son groupe. Les matchs sont une volée de trois flèches, et un barrage en cas d’égalité. La compétition dure environ 2h30’. Dans ce type de compétition, le 36e des qualifications peut doubler sa mise de 5€ s’il remporte sa finale du dernier groupe… Ludique, et sympathique, puisque tout est en musique, en commentaires, et avec un règlement différent. J’ai vu des archers avec la banane jusqu’aux oreilles, heureux de tirer, et d’autres qui ont pu sentir les avantages d’un tel format sur leur compétitions officielles. Un succès ! Nous trouverons des idées farfelues pour l’extérieur ;-)

Donc, ce weekend à domicile m’a permis de renouer avec le plaisir assez rapidement, et avec mes objectifs. Je souhaite gagner, qu’importe sur le territoire ou ailleurs, j’ai le temps. Des changements s’imposent, des tests doivent voir le jour autrement. D'ailleurs, je testais deux arcs différents, des configurations de stabilisations, une autre puissance de verre de scope, une autre allonge, et je débutais les essais de tir relâché. Ceci sur la première série, score, 289 points. Fin des essais en deuxième série, score, 299 points. En route.

Les sélections devraient être tirées en terres religieuses, tellement l’atmosphère y est lourde. Ressentez alors le contraste entre plaisir et pesant… Je m’adapterai en partant sur ces compétitions avec #FloNounou ou avec mon coach perso, puisque l’entraîneur national est sélectionneur et ne peut prendre parti. Créer son environnement, je ne retomberai pas dans les mêmes travers. La prochaine à l’INSEP sera encore sous l’ancien format mais je m’y prépare psychologiquement… Ce terrain est vraiment particulier, et très spécifique à l’olympique, sans compter un accès et une logistique générale pénible pour le non-parisien.

Après ma compét locale, j’ai eu le choix de faire ou ne pas faire le championnat de ligue. Deux weekends où je pouvais tirer en compétition et je n’ai rien fait de tel. Pourtant, je décidais de m’inscrire aux championnats de France… Où es-tu, chimère ?

3K8A2017Partagé entre la volonté et la déception, je ne me suis pas beaucoup entraîné, deux fois par semaine seulement. J’ai travaillé sur la nouvelle gamme Prestige d’Arc Système, pour que tout soit en ordre à temps en aidant l’équipe de Clermont-Ferrand, je réglais mes arcs pour la saison extérieure en invitant les poulistes de mon club à prendre part à cette séance de mécanique quantique. Enfin, le temps était à la pensée, si importante pour se projeter. Avec une sélection FITA le 20 mars, autant prendre un peu d’avance. Pour cette raison, je n’ai pas souhaité participer à mon championnat de ligue et le championnat de France allait donc intervenir après trois semaines sans compétition.

J’arrivais donc à Vittel avec du FITA dans les veines, mais surtout une volonté de changer des détails qui composent mon tir. Ma technique de tir a évolué au fil des saison, ma façon d’appréhender le tir aussi. J’ai essayé d’autres postures, concluantes ou non. J’essaie d’autres forces désormais, mon allonge est fixée. Je profite de mon nouveau décocheur Back Tension Arc Système, celui qui se passera au-dessus du BT4, j'ai nommé L'attendu. Prolongement de ma première collaboration avec la marque française, j’ai redessiné les axes, et nous avons amélioré les composants. Je ne voulais pas une révolution mais une évolution. Je tire main relâchée, alors que je prenais mon décocheur plein poing. L’ergonomie et la position du crochet favorisent cette prise en main. Ce n’est pas chose facile quand la main est façonnée d’années de tir et de mauvaises habitudes. Les entraînements étaient espacés pour permettre à ma peau de changer, et pour commencer chaque tir avec des sensations pures. Seulement, travailler le relâchement est un paradoxe : une exécution réussie apporte un résultat génialissime de fluidité et de précision, une seule faute d’attention et la machine toute entière subit un pétage à la tronche frustrant et très électrisant. La simplicité a un prix de patience et de persévérance.

3K8A2051A Vittel, je souhaitais placer le championnat de France à une valeur haute, et j’en ferai de même pour le prochain championnat de ligue auquel je participerai. Ces compétitions régionales et nationales sont à remettre à leur juste place au regard des performances que les archers de France sont capables de réaliser. Ce n’est pas facile de gagner ! Les formats de compétitions sur cibles anglaises subissent un élan de lassitude, l’image d’un déjà vu dangereux pour l’avenir de la discipline. Les années se suivent et se ressemblent, finalement. Le “c’est pas grave on reviendra l’année prochaine” est une coupure avec votre potentiel à réussir. Un peu comme la procrastination, remettre au lendemain ce que vous pouvez faire le jour même… Saisir l’opportunité quand elle se présente, vivre l’évènement présent, offre également l’occasion de progresser par la suite. C’est ce que j’ai voulu faire avec ce championnat de France. J’ai pris le risque de perdre quelques points en essayant ma nouvelle technique sur un évènement important, avec un enjeu important sur le plan psychologique : vaincre ma chimère.

Avec des qualifications modestes à 592 points, j’étais suffisamment en confiance pour poursuivre mes tests en matchs. Avec 146-149-147-148-148, je deviens champion de France de tir en salle. Je suis heureux d’obtenir cette récompense. Les matchs ne sont pas au niveau de ce que j’ai été capable de produire en plein feu international, mais ils ont été d’une excellente réactivité. Mes flèches manquées étaient liées au stress, ou à la technique. Il n’était pas question de matériel. Puisque je connais parfaitement mon arc, je suis capable de répondre à la question “d’où vient le problème ?”. Du stress, j’en avais beaucoup, ce n’était pas facile de savoir que je pouvais perdre des points, et perdre tout court. De la technique, j’en connais un rayon, mais pas encore dans cette configuration sans son lot de confiance. Cette médaille d’or en apporte un bon paquet !

3K8A2060Je tirais la finale contre Séb Brasseur. Nous nous connaissons très bien et nous sommes amis. Il voulait autant que moi être champion de France, et il a réalisé une très belle saison lui aussi. Il tirait très bien son championnat, c’était chouette à voir. Il y a eu du jeu dans l’air sur cette finale, lequel allait faire la plus belle flèche ? La plus fluide, la plus relâchée, la plus précise au final ? A ce jeu de zénitude, il gagne sans appel. Au jeu du 10, il me laisse la victoire après l’avoir empoché il y a quatre ans. C’était un bon moment, tremblotant, très exigeant, et une belle finale. J’ai manifesté ma joie en levant mon arc, car un championnat national est important, et c’est un sentiment synonyme d’investissement. Cependant, je respecte grandement celui qui était aussi sur la ligne de tir avec moi, car j’ai été à sa place, et lui aussi s’investit énormément dans notre sport.

Fin de saison, la neige tombe encore et les flèches vont déjà voler dehors. Je commence ma saison extérieure par un tir campagne dimanche prochain à Saint-Paul-Trois-Châteaux, Roussas précisément. Pourquoi ? Mais parce que je viens de là ! Mes premières flèches étaient tirées à Lans-en-Vercors, en tir nature, trois doigts sur la corde et en instinctif… Je souhaite m’évader des pas de tir FITA, pour changer, prendre l’air, et augmenter mon niveau technique. Cette discipline possède de l’or dans sa pratique. Je me concentrais sur le FITA, à la conquête du classement mondial, signifiant une implication totale sur un maximum de compétitions du genre. A l’avenir, je vais tenter de participer plus aux tirs en campagne, mélange de technique et de bien-être, pour alimenter ma performance pure de tireur cible anglaise.

Tout ceci pour profiter pleinement des sélections, être le plus performant possible sur les coupes du monde, et pour le championnat d’Europe FITA à Nottingham. Le mythe est ainsi une belle histoire, et cette chimère a le poil doux et soyeux, ne serait-t'elle pas un chiot en fait, cette bête imaginaire à tête de lion et queue de serpent ? Il me semble que oui, dorénavant. 

En avant pour d’autres rêves et créatures, maléfiques, ou magnifiques.

A bientôt, votre ami Pierrot, prêtant sa plume.

 

Photos @FFTA Julien Rossignol

 

 

 

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