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WC4 Shanghai 2011 et bilan de saison

 

Pour faire un premier topo sur la situation avant le départ en Chine : mon objectif était de remporter ma première médaille individuelle sur un pas de tir international. Cette médaille seule pouvait me qualifier pour la finale de la coupe du Monde à Istanbul.

 

SHA IMG 3825Pour faire un premier topo sur la situation avant le départ en Chine : mon objectif était de remporter ma première médaille individuelle sur un pas de tir international. Cette médaille seule pouvait me qualifier pour la finale de la coupe du Monde à Istanbul. Mais cette dernière destination n'était qu'un bonus, et heureusement, car je crois qu'à mettre la charrue avant les bœufs, on se plante. Jusqu'à présent, je partais en compétition internationale avec un objectif douteux, sans vraiment posséder les repères qui viennent confirmer un rang.

Pour lier la performance au contexte, la pression est déjà très présente au quotidien dans ma vie de cette année 2011. Il est inutile d'en rajouter en fixant des buts trop élevés. Gagner une manche de coupe du Monde est évidemment quelque chose de grandiose, mais se fixer l'objectif ne veut pas dire forcément l'atteindre immédiatement. C'est un passage par toutes les couleurs pour y arriver.

Alors, je tiens à donner ma nuance sur ce sujet. Quelques coups du sort feront qu'un archer arrivera à se hisser sur le podium une ou deux fois, mais ce n'est pas ce que je veux. J'essaie de mettre toutes les chances de mon côté pour arriver tout en haut et y rester jusqu'au moment où, d'un fait qui me sera lié, j'en sortirai. Et c'est une énorme différence à mes yeux, c'est une construction au jour le jour, un sacrifice qui n'est pas que personnel sur des années. C'est comme un artisan décidera de se lancer dans son propre projet, avec des risques, des gamelles, des joies et des peurs. La performance doit être placée au centre de la vie d'un sportif de haut niveau et j'en ai maintenant la conviction très formelle. Le jeu en vaut la chandelle et c'est dans cette direction que je souhaite m'investir encore plus.

Je débute cette année par quatre mois de formation en école militaire, nécessaire pour ma carrière, où je ne peux pas m'entraîner ou presque. C'était la première fois que je coupais avec mon arc plus de 15 jours d'affilée ! J'obtiens mon brevet supérieur avec 18/20 de moyenne et c'est une grande satisfaction car rien n'était joué d'avance là aussi. Je fais l'impasse sur un championnat en salle et sa saison. Je reviens en FITA sur une jambe, crevé, mais motivé. Je décroche ma sélection dans le collectif Turin. Je termine 17e des deux premières manches de coupe du Monde. Je perds d'un seul point à chaque voyage. Je remets les bouchées doubles sur les mondiaux pour revenir avec un top 10 des qualifs et une 6e place en partant des 48e de finale. Je retourne à Ogden après mon premier carré final en 2010 et je fais 5e.

Sur toutes ces compétitions je perdais avec le sentiment d'avoir rempli le contrat ou presque. C'est à dire que sur le dernier match, j'usais de mes dernières ressources pour tenter une victoire qui ne transformait pas. Un point de plus m'aurait offert le barrage, et deux la victoire... Mais ma vraie question était « aurais-je pu continuer derrière ??? » La réponse est non.

Durant tout ce temps, j'enchaîne entre ma nouvelle formation dans le sauvetage en mer et ma remise à niveau sportive. J'écluse les milliers de kilomètres d'autoroute entre Valence et la Bretagne, multi-récidivistes, en passant voir une partie de ma famille à coups de 24h avant de repartir en compétition et ce, depuis le mois de janvier. A quoi bon avoir un appartement si c'est pour ne pas y habiter ? Encore faudrait-il du temps pour l'aménager ? C'est un sentiment d'injustice qui m'envahit alors que l'on parle de professionnalisme dans le tir à l'arc international, d'archers détachés, d'emplois fictifs, de prototypes matériels... Une étude est en cours pour envisager un Monde PJD moins compliqué et plus conciliant avec le haut niveau. Bientôt j'y verrai plus clair je l'espère. « Quand la mouette à pied, il est temps de virer ! » (Si seulement je pouvais apercevoir une seule foutue mouette !!!! ÖÖÖ). Donc je continue cap sur l'étrave en donnant tout, patience et persévérance, comme toujours, mais je dois dire comment je le fais, et avec quels moyens.

Il est important d'avoir connaissance qu'un tel niveau ne s'obtient pas d'un coup de grâce. 2011 est une charnière de ma vie. A l'heure du bilan, je suis heureux de lui avoir consacré autant, conforme à mon ambition, et pour le bonheur de mes proches qui me soutiennent tous les jours pour que je continue à avancer sans relâche.

Voilà le décor, même s'il n'est certes pas propice à la réalisation d'un projet de sportif de haut niveau, il anime mon désir de bien faire qui ne cesse de grandir. Il m'aide à prendre de meilleures décisions. A terme, ce parcours sera j'en suis sûr bénéfique mais, je n'aurais pas pu me concentrer uniquement sur la compétition cette année.

Le résultat de Shanghai prend alors une autre tournure avec le regard sur le passé proche. Il est un indicateur de bonne voie, tout ceci finira par payer, et cela commence vraiment avec cette dernière manche de coupe du Monde.

Pour rentrer dans la compétition pure, je commençais lundi dernier avec quelques tensions musculaires dues au voyage. Quelques 9 le premier jour d'entraînement, mais rien de plus normal. Je profite d'un passage chez notre kiné pour faire un massage de récup' important à ce stade.

Entraînement officiel le 2e jour : je suis sur la même cible que Dietmar Trillus (chp du Monde 2007) et Réo Wilde (chp du Monde 2009). Dietmar me dit qu'il compte prendre beaucoup de plaisir sur les qualifs, pour discuter et rigoler ensemble. Puis il me demande si je compte rester concentré ou si je voudrai bien prendre part à leur jeu le lendemain. Je dis ok, bien sûr ! L'entraînement se passe et il me faut un bon moment avant de faire un 9. Il n'y en aura eu que 4. Le reste avec des beaux groupés qui attiraient les regards. Ca met en confiance et ça fait plaisir en guise de reconnaissance du travail fourni ! Pour la dernière volée, Dietmar me demande de jouer juste six flèches de match pour le plaisir, avec l'équipe Suisse derrière en juges commentateurs... 5X-10 pour les deux, match nul. On plie, contents, à demain ! Un après-midi vraiment sympa...

Le lendemain matin, place aux qualifications : ça faisait longtemps que je n'avais pas eu autant de mal à dormir la veille d'une compét'. Mes entraînements d'août me donnaient la conviction d'être à un niveau encore jamais atteint. L'officiel vient par dessus le confirmer. Ce mercredi matin est ainsi le moment où je peux faire parler le boulot. La résultante n'est autre qu'une tremblote permanente sur chaque flèche... Cette sensation désagréable ne m'aura pas quitté de toute cette matinée mais a été compensée par le plaisir de faire un paquet en cible.

Certaines volées, les flèches se rangeaient en cible comme elles l'étaient dans le carquois... Sur toute les qualifications, j'ai voulu rester dans le jeu des gars de tête, et je me suis bien amusé entre les sensations de mon arc et les rigolades avec Trillus et Wilde. Ils cherchent toujours à faire du pas de tir international un petit bout de chez eux, c'est une manière de se sentir mieux, et c'est aussi ma façon de penser. Je termine la première série à 353 et je suis partagé entre bien et moyen. Il y avait un 57 trembleur à la deuxième volée... Donc je peux mieux faire, et je vais le faire ! 60-59-60-59-58-59.

Dès la première volée de la 2e série, Damsbo, classé 1er avec 356, lâchait des points et la bataille commençait. Toutes les volées étaient à un point ou égales. Pour la dernière je tire en premier avec une belle tâche noire pleine bille. 708 et record perso égalé. Damsbo suit et attaque 10. Benoît coach me dit qu'il peut battre le record d'Europe encore, et je lui réponds qu'il peut aussi faire 56 et me laisser la première place. « Non c'est gros quand même... » Hihi, j'ai gagné, il tire un beau 56 en bas. Merci Martin de me laisser cette place, c'était une bonne nouvelle matinale pour mes proches à l'heure du p'tit déj !

Retour hôtel, je savoure, je visualise et je reprends mes esprits pour me dire que maintenant ce qui arrive est normal, j'ai travaillé pour. Les matchs individuels arrivent et je veux me battre d'abord contre moi.

Mon record de match est à 147, il faut tirer plus haut pour aller plus loin ! Je prêche un convaincu... Là dessus je reçois l'Email de Sébastien au sujet de son 148 (cf article record d'Europe) et confirme mon désir de repousser une limite. Il ne pouvait pas tomber mieux !!!

Premier tour et je rencontre un Hong Kongais. J'avais le tir fluide et confiant, un régal en comparaison des qualifs. C'est le record 'Europe, 150 / 8X, avec en tête « je peux faire un dix » et non « il ne faut pas faire de neuf »...

Match suivant, les choses se compliquent niveau météo. La pluie fine se transforme en bonnes gouttes en 1/8e contre le vainqueur de Shanghai 2010 Shaun Teadsale de Nouvelle Zélande. Le mode tir sous pluie commence avec les gouttes sur le scope, le parapluie sorti du sac, la correction du trait, les mains qui glissent, la cible dans l'ombre... Il faut bouger un peu le viseur pour savoir où est le point en cible... La qualité de tir reste la même et je tire 146 à 143. En ¼ de finale je rencontre encore un Wilde, le frère cette fois, Logan qui sortait juste d'un match victorieux à 141... Je sais bien que chaque match à son histoire et je ne reste pas sur son score. On commence 29/30 pour lui. L'organisateur stoppe la compétition en raison de très fortes précipitations, un vrai déluge !!! Là on tirait sous l'eau, encore pire qu'à Salaise sur Sanne lorsque les copains me regardaient sous la flotte !!!

Le quart d'heure passe et rien ne change. Les conditions sont les mêmes et on y retourne. C'est pas grave, ''j'ai pas mal''. Je donne tout et il accroche ces foutus cordons sur deux volées encore. Je le vois, et hop je me recentre sur ma cible pour lui coller XXX. La dernière volée je tire pour 30, je pense 30, le geste est nickel comme pour un 30, je n'y vois rien et quand je me retourne j'ai le regard du coach Benoît me disant « non ». J'arrive en cible pour voir deux 9 droite, pareil pour Logan, il gagne de … 1 point encore 147 à 146, je suis furax mais digne devant lui.

Autant je pouvais être satisfait de mes derniers 1/4 de finale qu'ici, j'ai pris un coup sur la tronche. Ma qualité de tir m'aurait permis d'être conforme à mon ambition de rejoindre le podium. Je ne voulais pas non plus arriver en ½ finale avant de gagner les ¼ ! Cette fois j'avais la certitude d'être à ma place sans me laisser dévorer par mon but, chaque chose en son temps...

C'est la fin de saison internationale 2011. Je rentre de cette saison avec des résultats réguliers : sur les qualifications 705/705/708 ; sur le classement final 6/5/5 ; plusieurs records de France ; un record d'Europe ; un classement mondial FITA qui passe de 55e à top 10 ; une médaille d'argent en mixte ; une motivation délirante pour écraser la pastille la saison prochaine qu'elle soit en salle ou dehors.

2012 va bientôt commencer sans formation militaire, avec une vie plus stable et une envie de gagner à la hauteur de mon investissement.

Les championnats du Monde en salle seront à Las Végas début février et j'ai bien l'intention d'être ambitieux, aussi parce que je pourrais fêter mes 30 ans là-bas ! Il seront suivi du festival mondial de l'archerie, tournoi prestigieux.

Ensuite, nous enchaînerons sur l'extérieur très tôt, avec la coupe du Monde et le championnat d'Europe FITA à Amsterdam.

Avant de prendre quelques jours de repos (enfin!), je serai aux championnats de France à Argenteuil le weekend prochain. Ca me fera beaucoup de bien de revoir les copains ! Mais, cela ne veut pas dire que je laisserai mon titre comme ça...;-)

Au plaisir de vous voir sur les pas de tir ! Cocorico !!!

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