BT4 : Naissance du projet.

En juin 2011, le projet naissait entre Arc Système et moi. Je dessinais les premiers croquis dans l'été et les premiers usinages commençaient en septembre après avoir réalisé les plans sur informatique. Il fallait alors procéder par étape. Le mécanisme ne pouvait être lancé avant de valider le corps. Les premiers dessins industriels étaient réalisés et la réflexion se poursuivait sur ce qui est bon ou pas bon. En octobre, je pouvais tester le premier prototype et éprouver la résistance des matériaux, l'ajustage du mécanisme, avec l'équipe Arc Système à Clermont-Ferrand.

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C'était un départ depuis rien, tout était à apprendre sur les axes, les angles, les forces, les matières : la conception d'un tel décocheur est difficile car la main sentira le moindre défaut à cuase de la technique Back Tension. J'ai dessiné un plan, Arc Système l'a numérisé, et c'était le début d'une longue réflexion. Le défit était de taille, car je voulais accompagner le produit jusqu'à pouvoir tirer avec en compétition internationale. Je suis attentif et rigoureux, si quelque chose ne me va pas, je cherche et je trouve pour rectifier. Je ne pouvais pas laisser aller certains détails qui allaient me gêner en compétititon. Je voulais la perfection.

Je tire avec un décocheur back tension depuis 2006, Arc Système conçoit des produits de qualité depuis 1990, et pourtant nous restions novices en cette méthode de construction exclusive d'un décocheur à rotation. Tout est à négocier avec la plus grande attention : ce décocheur implique un mouvement du corps autour d'un point fixe, le crochet. C'est une différence qui a son importance ! Les décocheurs à traction, à pouce, à index, seront fixes, la main ne sentira pas le mouvement du mécanisme, le frottement. Pour un BT, cela signifie qu'une friction entre le crochet et la demie-lune sera ressentie dans la main si le point de contact n'est pas parfait.

A ce moment là, c'est l'essence même du BT qui rentre en jeu : méthode et vitesse de découpage des pièces, matériaux utilisés, dimensions, ratios et et espacement des pièces, déformation, dureté, visserie, rayonnage... Tout autant de termes à initier pour un néophyte comme moi dans ce domaine ! La rotation du corps sur la demie-lune doit pouvoir être régulée par la main suivant la décision de lâcher, de maintien, ou de retour. C'est la "souplesse" du décocheur.

Une fois le langage commun trouvé dans cette interface archer / concepteur, nous avons échangé puis convenu d'un modèle de présentation pour le stand du tournoi de Nîmes 2012. L'utilisation des machines Arc Système n'est pas exclusive pour le BT4, et donc un ordre de passage était à définir pour respecter la livraison des autres produits de la marque. D'autre part, une fois arrivé en 2012, je rentrais dans le rush de la saison de tir en salle, avec le tournoi de Nîmes, la sélection mondiale, le championnat de Monde en salle, le championnat de France. Nous ne sommes donc pas à comparer avec d'autres firmes, où les machines sont démesurées, où les archers "consultants" sont professionnels. Le rythme est donc relatif, mais la qualité se trouve au rendez-vous pour proposer un choix de produits frenchy le plus astucieux et fiable possible. C'est à dire ne pas proposer toute une gamme, mais seulement une sélection ciblée, de qualité, disponible en France et avec toutes les explications "du comment du pourquoi" en... français !!!

Le cahier des charges "Made in PJD" c'était ça :

  • Ergonomie étudiée pour la décontraction et le confort d'index et majeur sur un même plan, 
  • Amélioration du contrôle sur l'annulaire,
  • Réglage micrométrique de la sensibilité, avec un système fiable modifiable sur le pas de tir par l'archer lui-même,
  • Demie-lune avec ou sans clic sans démontage de la tête,
  • Tête inclinée sur un plan diagonal,
  • Réglage de la molette de pouce, appui d'armement, moltage solide,
  • Anodisation brillante pour réguler les conditions sèches, humide, vent, chaleur, froid,
  • Epaisseur suffisante, ne pas devoir fermer les doigts pour tenir le BT,
  • Crochet central, forme douce, ne pas effiler le Dloop,
  • Pas d'élastique de crochet, mieux vaut prendre l'habitude de ne pas en avoir plutôt qu'il casse en compét,
  • Couleur de tête anodisée personnalisable,
  • Trois tailles de corps, S, M, L,
  • Et c'est ici la version "light"...
 
J'ai eu plusieurs prototypes en main, et même au cœur du projet quand l'impatience pointe son nez pour sortir le nouveau jouet, il faut pouvoir dire non quand on ne sent pas quelque chose. C'est ce que j'ai réussi à faire, pas facile lorsqu'on est "sponso"... L'équipe d'AS avait alors accueillit mes critiques avec rigueur et professionnalisme... Le militaire que je suis était satisfait ! Cette participation à la conception des produits est passionnante, j'ai appris une montagne de chose, et cet apprentissage ne s'est pas terminé avec la commercialisation du produit ;-)

Jusqu'au lancement de la série définitive, j'avais des doutes, des questionnements, des joies, des rêves, et lorsque les premiers décocheurs ont été vendu, j'étais confiant, sans m'attendre à un tel succès. 

Le BT4 est maintenant bien connu, il aura eu sa place de numéro 3 mondial, remporté sa médaille individuelle en coupe du Monde, et il a obtenu toute ma confiance. On le trouve désormais en douze références, soit quatre couleurs et trois tailles.

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BT4 : le feeling

Avant de courrir dans votre archerie préférée pour acquérir ce décocheur, voici mon analyse critique.

La force est présente dès l'armement, à l'ouverture de l'arc, index et majeur se placent et ne bougent plus pour commencer la résistance à la puissance d'arc. L'index et le majeur sont sur le même plan de part et d'autres de la tête, vous aurez un armement linéaire, et comme un rail qui guidera votre ligne de tir. L'armement est solide, l'annulaire reste en l'air le temps de lâcher la molette d'armement et de répartir les forces sur trois doigts.

Il offre beaucoup de contrôle, et une meilleure gestion du temps de visée.

Sur la photo, vous noterez la présence de guidoline que j'appose de façon systématique désormais. Elle régule beaucoup la sensation de grip chaud / froid, et diminue considérablement les variations de pression exercées dans le décocheur. Elle doit être la plus fine possible, bien plaquée. Les archers qui gardent les mains sèches n'en n'auront pas besoin.

De mon point de vue, ce matériel est destiné tant à l'apprenti qu'au maître. Son ergonomie et sa répartition des forces permettent une première prise en main plus accessible à tous, et proche d’un décocheur à pouce plus classique. Cela facilite aussi le passe de l’un à l’autre si la confiance n’est pas encore si profonde pour tirer en compétition avec un BT. Sa technicité offre aux plus confirmés un excellent contrôle sur la décision, et la décontraction de la main qu'il offre optimise le temps de visée pour une plus grande attention sur la cible. Avec une main détendue, la mise en ligne est efficace, et la simple traction dorsale emmène l’annulaire de façon relâchée jusqu’au départ de flèche, ronronnant. C’est ce qu’on lui demande…

Le réglage micrométrique est le luxe du BT, aucun jeu (donc durable), pas de démontage  pour opter clic ou sans clic (pas de perte de pièce), son réglage est simplissime. Libre à l'utilisateur de choisir ou non le quatrième doigt, qui se règle ou s'enlève. La position du levier d'armement est aussi ajustable, et vous aurez le choix entre deux diamètres différents. Toute l'étude reposait sur l'ergonomie, la fiabilité, et sur la souplesse de la rotation. L'archer doit se sentir dans son décocheur comme dans une pantoufle, de manière à concentrer l'effort sur la cible.

 

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