Quand j’y repense, c’est quand même dingue… 600 points, le score parfait, sur un gros tournoi, celui de l’AS Bondy et en plus pour son dixième anniversaire. Je ne m’y attendais pas.
Après Mike Schloesser (3x), Stephan Hansen (2x), Christopher Perkins et Nicolas Girard (1x), je deviens le cinquième archer au monde à rendre une feuille de marque à 600 points. En revanche, si mon rêve d’être le premier à le réaliser n’a pas été exhaussé, il l’est tout de même un peu en devenant le premier des archers de plus de quarante ans #1982power, et comment ?
Première sortie de l’année, première sortie au format World Archery après le JVD OPEN qui est l’unique compétition en salle à laquelle j’ai participé cette saison. Je ne me suis pas inscrit au processus de sélection pour les championnat d’Europe et je n’irai pas non plus aux championnats de France en salle. Mon engouement pour le tir en salle tel qu’il existe actuellement en format 2x18m s’estompe. J’irai à Nîmes et à Las Vegas pour la représentation et ensuite le tir, dans cet ordre. Et viendra la fin de saison de tir en salle pour revenir aux bois de parcours campagne, à commencer par Redding. J’ai besoin de fun, ce n’est plus une envie mais une nécessité.
Quand j’y repense, c’est quand même dingue… 600 points, le score parfait, sur un gros tournoi, celui de l’AS Bondy et en plus pour son dixième anniversaire. Je ne m’y attendais pas.
Après Mike Schloesser (3x), Stephan Hansen (2x), Christopher Perkins et Nicolas Girard (1x), je deviens le cinquième archer au monde à rendre une feuille de marque à 600 points. En revanche, si mon rêve d’être le premier à le réaliser n’a pas été exhaussé, il l’est tout de même un peu en devenant le premier des archers de plus de quarante ans #1982power, et comment ?
Première sortie de l’année, première sortie au format World Archery après le JVD OPEN qui est l’unique compétition en salle à laquelle j’ai participé cette saison. Je ne me suis pas inscrit au processus de sélection pour les championnat d’Europe et je n’irai pas non plus aux championnats de France en salle. Mon engouement pour le tir en salle tel qu’il existe actuellement en format 2x18m s’estompe. J’irai à Nîmes et à Las Vegas pour la représentation et ensuite le tir, dans cet ordre. Et viendra la fin de saison de tir en salle pour revenir aux bois de parcours campagne, à commencer par Redding. J’ai besoin de fun, ce n’est plus une envie mais une nécessité.
A Bondy, une fois le stand AS installé et tout beau, j’ai pris mon Stratos pour quelques flèches d’échauffement en m’disant que j’étais quand même vachement bien dedans pour les quelques flèches tirées en quelques mois. Je m’disais aussi que cela serait encore mieux dans la salle de compétition avec de la musique et un super éclairage sur la cible. Et je ne me suis pas trompé, la salle était encore plus belle, bien chauffée, la musique bien choisie et une sono de meilleure qualité encore. Et puis cette ambiance qui règne dans cette compétition, les copains, la légèreté, les règles internationales, tout est connu, tout va bien, je n’ai qu’à réguler mes forces comme je l’ai fait à San Sicario aux Europe campagne la saison dernière (j’étais malade comme un chien). Vus mon torse de grillon et mes épaules de serpent, soit mon physique du moment, je devais être confiant sur le matériel, sur la technique, et en mode cool rasta dans ma tête.
Se sont ainsi enchaînées sans rush une bonne quinzaine de volées parfaites à réguler mes énergies avant de commencer à calculer le truc qui était en train de se produire. J’avais déjà fait 300 sur une série, et 599 en 2015 avec la grippe et un 9 se pointant à la treizième volée. Donc, sur le papier, j’avais déjà battu mon record de X d’affilée en compétition avec 450 points. Et le plaisir revenait, celui de jouer avec la performance, avec les copains performeurs qui tiraient en même temps ou qui allait jouer au départ suivant. Autant poursuivre n’est-ce pas ? Sauf que là, j’y avais pensé… Donc tout pouvait partir en vrille à compter de cet instant où la caboche se met en route.
Heureusement, je suis un cérébral, en ce moment encore plus qu’à mon habitude. C’est dire comment le mental a son importance dans notre sport. Sauf qu’avant cela, j’ai passé un peu de temps à affiner mes réglages d’arc pour les adapter à ma condition actuelle : une heure. Écœurant, oui, mais cette heure en contient des milliers d’autres passées à réfléchir, agir, pour réussir ou me planter. Cette fois, les paramètres choisis étaient judicieux pour continuer cette mélodie de X.
Par deux fois, la loupe de l’arbitre m’aura accordé le maintien en pression, la deuxième fois lors de l’avant-dernière volée. Ce 10 validé, seules trois flèches demeurent. Je tremble un peu, je prends ma respiration. Je fais très attention à mes appuis dans le grip d’arc et dans le décocheur, les mains ne glissent pas et je conserve le timing connu des cinquante-sept flèches précédentes.
On m’a lancé le défi de raconter cela en 600 mots, ce qui est trop court pour l’aventure de Bondy 2024. Alors j’adapte un peu la chose en rédigeant une brève pour décrire uniquement cette dernière volée ;-)
***
Les flèches 58 et 59 sont tendues, je ne vois plus rien d’autre que le couloir qui mène à la cible, je n’entends plus rien. Je les tire au X et je les contrôle d’un coup de jumelles, je ne veux aucun doute pour le tir de cette dernière flèche. Je visualise à nouveau les deux premiers tirs, le contrôle des impacts confirme ce qui m'attend.
C’est incroyable tout ce qu’il se passe à cet instant, en 120 secondes, le temps d’une volée. C’est là que chaque détail compte, c’est là que l’on prend toute la mesure de la simplicité qu’exige la performance pour repousser sa propre limite d’un tout petit point, un seul point. Mais ce point culmine au-dessus d’un château de cartes : tu passes des heures à suer de la minutie et à serrer les fesses que l’ensemble tienne le coup, jusqu’à cette dernière carte qui peut tout faire tomber, là comme ça, ruinant tout ce que tu as construit auparavant pendant des heures, des jours, le tout cumulé qui fait des années ou toute une carrière.
Il ne suffit de rien pour que le sournois te rappelle qu’il te faudra TOUT recommencer depuis le *** de début, si tu faillis maintenant, là, à cette *** de soixantième flèche. Et tu voudrais penser une seule seconde à « ne pas penser à faire un 9 » ou à « ne pas rater » ? Non, bien sûr que non.
Évidemment il y a de la pression, bien sûr que je tremble, mais c’est tellement bon de le transformer en adrénaline pour visualiser un gros panneau style B.D. Comics avec marqué « 6.0.0. » en plein blason, alors que t’es en pleine visée… J’y pense à cette flèche que je dois soigneusement placer au centre de la cible, avec une douceur presque romantique. Tout est en place, en ligne, le point se balade encore un peu en pendulaire juste en bas du jaune, le dernier geste s’enclenche sur mon bloc arrière et ma visée se stabilise relativement bien sous le X. C’est là le point de non-retour.
A cet instant momentum, le temps s’arrête, c’est le moment où tout peut lâcher pour un 9 bas, où le timing sur le décocheur qui ne sera pas le bon causant une visée trop longue et un 9 gauche (…), ou alors, tu décides que c’est le moment où tout se passe bien pour que ce foutu crochet de décocheur passe cette foutue demi-lune pour libérer cette foutue flèche qui va aller se planter là où tu le décides parce que ça fait des années que tu cours après ça.
Sauf que j’ai arrêté de courir. Et effectivement, j’ai encore cette image de la cible et de ma ligne de tir au moment où, précisément, mon décocheur a libéré la corde. C’était juste ce qu’il fallait, ce n’était pas un tir parfait, mais calme, il suffisait à faire tenir cette dernière carte tout en haut de mon beau château sans bousculer tout ce qui a été placé avant.
Le résultat, ce sont ceux qui avaient les yeux collés aux verres de leurs jumelles qui me l’ont annoncé, exclamé, d’une seule voix, en pétardant le tir de bon nombre d’archers encore en situation de tir. Sorry pour cela mesdames et messieurs les archers, cela fait partie de la magie dans ce tournoi, comme elle peut se produire aussi à Nîmes, à Las Vegas, au Kings et toute autre compétition où ce genre de truc arrive, ce truc qui émoustille les passionnés. Ah la vache ! C’était -é-n-o-r-m-e-, PUTAIN JE L’AI FAIT !!!
***
Et voilà, 600 mots plus 1, parce que j’aime bien sortir un peu des clous. Ca fait court hein ? Si vous voulez vivre un bout de ce moment en vidéo, c'est par ici à partir de 3h22'30'' sur YouTube.
Y’en un paquet qui ont cru en moi, et je les remercie du fond du coeur, et y’en a un autre bon paquet qui n’ont pas cru en moi, et je les remercie aussi (mais pas du fond du cœur). Les deux combinés m’ont donné les atouts pour faire un truc pareil, aussi inattendu qu’il puisse l’être, j’ai savouré ce tir du début à la fin en le partageant avec ceux qui étaient présents, ou pas, vus les nombreux témoignages reçus.
Je suis vraiment reconnaissant auprès de mes acolytes de cible, de pas de tir, qui ont respecté les codes pour garder la tête froide et une ambiance légère, tout comme je le suis auprès des organisateurs. Toute l’équipe de Bondy, Vincent et Marc, les parieurs de l’oreillettes, qu’est-ce que c’était cool sur le moment, et amusant par la suite ;-) J’ai laissé place libre pour les départs suivants après avoir immortalisé l’événement par une séance photo incontournable et j’ai rejoint le stand de la #TeamAS.
Le lendemain, je gardais un état d’esprit léger, sans ambition. Je n’avais pas regardé le tableau, pas de calcul, pas d’objectif sinon celui de retrouver un peu de la performance de la veille. Je ne me voilais pas la face avec mes épaules non-entraînées, j’allais forcément douiller pour enchaîner les matchs. Pas de pause à Bondy, on passe les tours les uns après les autres, sans coupure jusqu’en finales. Avant d’atteindre le carré final, il faut remporter cinq matchs, ce qui donne un total de trois séries comptées supplémentaires à ingurgiter.
Ainsi, au terme de bons matchs parfois à réguler un peu mes forces, je tirais 148-150-149-147 et 148 au barrage X à 9 contre mon ami espagnol Alberto Blazquez, vainqueur de l’édition 2023, 4e cette année.
Je rencontrais ainsi le second des qualifications, avec le score de 599 points… Nicolas Girard. Le jeune Nico, un lanceur de missiles téléguidés et programmés pour pastiller des donuts en série. Pour affronter un tel adversaire, si Nico est un super gars, un super copain, il reste un super sniper qui te satellise même durant sa sieste, il faut garder un peu de jus sous le pied pour produire un tir à l’arc précis. Nous avons tiré un match à la hauteur de ce que j’espérais, un match de tennis de table à coup de X de part d’autre de la cible jusqu’au score de 149 points ex-aequo. Un shoot-off sera tiré pour la forme, et c’est la logique sportive qui l’emporte avec un inside-out pour Nico et un X pour moi. Nico n’aura perdu que trois points sur ses six matchs et un seul sur les qualifications, la victoire lui revient avec les honneurs et mes félicitations amicales et sincères (j’étais HS, out, défoncé, à plat, cuit…).
Mais quelle compét !!! Elle fait tellement de bien, elle apporte bien des énergies à bien du monde. Pour ma part, c’est sous forme de motivation pour les projets que je recherche et développe dans le monde du tir à l’arc, au sein d’équipes passionnées. A l’évidence, je suis moins présent sur les compétitions et c’est ma volonté. Mes centres d’intérêts changent, je sélectionne les événements auxquels je souhaite prendre part, a fortiori ceux où je garde une certaine liberté d’action.
Fin de cette édition de Bondy 2024 qui aura été un nouveau succès pour les furieux en rose, et on se donne rendez-vous l’année prochaine pour rempiler avec des nouvelles idées, très certainement. Merci à tous les bénévoles et à tous les acteurs de ce bel événement.
A Nîmes, je serai présent dans les stands Hoyt, Easton et Arc Système le vendredi toute la journée, le samedi étant dédié au tir dès 11h30 pour moi. Je n’ai pas d’ambition sportive sur un tel tournoi où le niveau grimpant à de tels sommets sur un tel format et si dense qu’il s’apparente désormais plus à une roulette russe qu’à une discipline de précision. Il demeure tel un must-be-there pour le monde pro et sportif. Alors rendez-vous dans le Gard dans dix jours !
Pour les afficionados du matos, voici ma configuration actuelle :
HOYT STRATOS 40 SVX #2C
Allonge 28’’ boostée de 0,4’’ et puissance de 58 livres
Synchro standard, point d’encochage à +2mm // bas de RF
EASTON X2315 coupée à 27.5’’
Pointes 180gn, plumes AAE HYBRID, encoches BEITER Hunter
Viseur AS SX200 SHORT 6’’ et sa tête MICRO3D
Scope AS EVO35 verre sur mesure 0,75, point ø1mm
Visette AS Compétition PRO ø1.8mm
Repose-flèche AS MONOREST effaçable épingle large.
Décocheur AS L’ATTENDU ALU
(ça dépend des jours, j’utilise aussi l’A2)
Stabilisation AS X-GRAVITY18
Orienteur O’BLOCK simple, batéral.
Central à -10° environ, BEITER VBOX STEEL M8 + 4oz sous caps ArcXess
Latéral à -5° environ, BEITER VBOX STEEL M8 + 8os sous caps ArcXess
Carquois DL DESIGN
Jumelles LEICA ULTRAVID HD Plus 12x50
Des Crocos HARIBO dans le SAKADO.
Pour le mot de la fin, un petit clin d’œil que je ne pourrai sans doute jamais refaire mais qui pèse son poids d’or véritable, le screenshot du classement national de tir en salle 2024, où le mec qui tape trois fois 599 pour la même moyenne se retrouve second du classement national, derrière un S2.
Très cordialement, vraiment sincèrement, et ... j’en profite encore un peu, au nom de toute la communauté des quadragénaires, je vous en prie chers amis, savourez cette image autant que je m’en délecte très respectueusement. Messieurs les S1, je suis d’ores-et-déjà ravi de servir votre motivation future pour nourir vos ambitions et porter encore plus haut les couleurs de notre pays.
Archerycalement,
BISOUS
>>> - - - Pierrot - - - > X
Les résultats :
https://www.ianseo.net/Details.php?toId=16152
Le site du tournoi :
https://www.asbondy-archery.com/index.php/presentation
La page Facebook du tournoi :
https://www.facebook.com/AsBondyArchery
La chaîne YouTube du tournoi :
https://www.youtube.com/@DVToyK
Les photos du tournoi par ©Rémi JOLY :
https://www.facebook.com/photographarc
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