MEX17 A17 9637Les écuries d'Augias.1

Depuis que je n’ai plus écrit de carnet de route pour mes aficionados, de l’eau a coulé sous les ponts, beaucoup d'eau, à tel point que nous nous disions qu'il s'agissait d'un remake des écuries d’Augias nouvelle génération. Les écuries étaient si sales qu'Héraclès a dû détourner les fleuves pour les nettoyer en un jour, selon la mythologie Grecque. Augias était en fait un pourri qui n’avait pas de parole dans son pacte avec Héraclès, ce qui lui a valu un échec cuisant par la suite. Ca, c'est bien évidemment la version super short de l'histoire ;-)


Voyez ainsi une ou deux générations à laver, mais sans être un dieu, et pas en un jour. J’ai lavé mes écuries à grande eau, en ne laissant que les murs portant le toit, et ma vie à reconstruire. Voici ce que je fais depuis, je ne sais plus combien d’années, tellement les évènements se sont acharnés pour arriver à un nouveau départ. Et oui, encore. Je suis admiratif devant notre force, parfois, et d’autres fois, j’en suis effrayé tellement nos épreuves nous obligent encore à ce jour.

Toutefois, je voudrais donner des nouvelles encourageantes de ma reconstruction, des signes montrent de bonnes choses, comme ma sélection en équipe de France pour ma onzième année, des records de France, une compétition du circuit professionnel aux Etats-Unis, mes cheveux qui repoussent... (#joke) Sur mon calendrier, j’ai même prévu deux semaines de vacances, chose inédite qui ne s’est pas produit depuis mon incorporation dans la Marine Nationale en 2001.

Je n’ai pas écrit sur mon site depuis mon retour en équipe de France pour la coupe du monde 2017 qui s’achevait avec une quatrième grande finale du circuit. J’écrivais, mais pour d’autres causes nettement moins glam’, malheureusement. Je commençais mon année de reprise 74e mondial, et je terminais 6ème. En 2018, ce n’est plus une reprise, c’est une sacrée bagarre pour organiser des temps à tenir l’arc, plutôt que l’épée, je vous l’assure.

J’irai à l’essentiel pour arriver à aujourd'hui, car vous allez voir, c'est assez long. J'aime toujours autant passer du temps à écrire, le temps s'arrête et c'est un bien immense de pouvoir à nouveau me plonger dans mes songes. J'ai tant de choses à raconter, ce n'est pas sur les réseaux sociaux que je peux poster, mais ici, un peu comme s'il s'agissait de mon bouquin numérique. Je vais d'ailleurs poster en plusieurs épisodes, voici le premier. Bon voyage...

La saison dernière s’achevait avec le mondial FITA à Mexico. Des changements techniques se produisaient l’an dernier, notamment avec un entraîneur national qui devait gérer sa prochaine mission : directeur technique national (patron du haut niveau dans une fédération, nommé par le Ministère des Sports). Il fallait se débrouiller seul, mais ça, quand on s’entraîne à domicile et non en centre, pas de problème, l’habitude de l’autonomie prend le dessus. Avoir quelqu'un derrière soi peut servir, et doit servir, "servir", qui est un terme positif... Lorsque je reprenais l'arc suite à ma jachère, j'étais loin de pouvoir à nouveau tirer le même matériel à l'aide de mes épaules de serpent et torse de grillon ! J'ajustais l'ensemble allonge / poids / puissance tout au long de la saison. Je me filmais pour voir les progrès réalisés, mais souvent je ne pouvais pas avoir de retours sur ce que je voyais. C'était ma came, je devais gérer et exploiter toutes les informations que j'emmagasinais.

A Mexico, ce n’était pas la même chose dont j’avais besoin. Bien parti mais affaibli en cours de route par une sacrée grippe et un contexte lourd, de nombreux changements arrivaient, et un autre coach. Le coaching par l’inquisition ne passe jamais très bien avec moi, ce fût un échec. Pourtant, de bonnes choses : 358 sur la première série des qualifications, 710 au final et troisième des qualifications, des matchs à 149/150/146 suivi de 140 et des bananes, avec une crève carabinée, et bien des trucs en tête qu’il ne fallait pas, et n’ayant rien en lien avec le tir à l’arc. En aucun cas je ne m’inclinais contre Sébastien en demie finale pour une raison psychologique d’un duel franco-français où je puis me placer en retrait comme on a pu le lire sur l’information fédérale ou ailleurs. De nombreux points d'alerte survenaient déjà sur le match précédent, ce qu’un coach chevronné aurait pu remarquer. Il ne s’agit pas de jeter la pierre, mais d’être le garant d’un ensemble de faits ayant causé une baisse de la performance. Malade, affaibli, point d’encochage dégommé en quart de finale (146), deuxième arc aléatoire, je ne pouvais qu’aller de l’avant et ne pas changer. Malade, je ne contrôle pas, et surtout quand on ne peut pas se soigner à la hauteur de sa crève (anti-dopage) sur un autre continent. Affaibli, je ne contrôle pas les informations extérieures à la compétition, et j’avais bien du mal à compartimenter à ce moment-là. Matériel, le noeud supérieur de mon point d’encochage s’est défait au plus mauvais moment en quart de finale, et se remarquait par des clics bas au viseur au constat des impacts de plus en plus bas en cible. Derrière, pas moyen de réparer, pas le temps, le groupement éclatait, et je subissais. J’ai pris le risque de ne pas partir avec un deuxième arc tip-top, car durant la préparation du mondial, d’autres tâches m’obligeaient, gravement plus importantes, et grignotaient mon énergie pour en arriver à me faire dire : « j’espère que ça tiendra ».

Mon visage sur la petite finale contre Braden en dit long, cette expression, ce sentiment, lors de la dernière volée. Je l’ai clairement pris en pleine gueule. L’entraînement précédant ce match était mauvais, je galèrais à toucher le jaune, tandis que mon adversaire défonçais le X avec une aisance déconcertante. J’allais à l’abattoir et je le savais. J’ai réussi à toucher le 10 sur ce match, en tentant de ne pas craquer. Quiconque arriverait avec ses théories sur cette compétition marcherait sur des oeufs pour ne pas me trouver en face. J’ai vécu une humiliation déchirante, j’ai mis du temps, je me sentais si seul.

La saison s’est achevée sur le tard, je ne suis pas passé en mode tir en salle tout de suite. D'abord parce que je n'en avais pas envie, ensuite parce qu'il y a eu un changement de région. Désormais, je suis à Clermont-Ferrand, et j’assume la fonction de responsable développement & partenariats de la société Arc Système. Cela impliquait un déménagement en décembre en un mois de préavis (Mutation inattednue de #NanaKiDéchire), et la création d’un nouvel environnement, nouveau bureau, nouveau pas de tir intérieur, et extérieur, nouvel atelier, nouveau mode de vie, nouveau mode de transport pour les compétitions, tout, tout neuf et tout à créer en plus de tout le reste. Cela ne signifiait pas pour autant que je laissais ma famille, j’ai dû poursuivre à distance ce que nous avions commencé, ce qui de surcroît a été relancé en période de fête. Ce monde n’est pas celui des Bisounours, je l’assure, il est rempli de monstres particulièrement hideux, à vomir, à bannir. Il faut nous défendre, j’aime à croire que je suis un type bien, dans une famille saine qui sait prendre la bonne direction de vie. Bientôt, ce sera terminé et nous serons enfin libérés de notre fardeau et mon regard sur la vie changera encore d'autant plus.

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Quid d’Arc Système, et bien, vous verrez bientôt sur quoi je travaille. Je m’éclate, et c’est vraiment une excellente chose de savoir que je vais pouvoir reprendre cette activité à plein temps avec du bon tir à l’arc à 100%. Mon rêve va devenir réalité, magnifique, il me tarde ! Je travaille d’arrache-pied, je ne pose pas, et je pense sans cesse au comment je vais apporter ma pierre à l’édifice du tir à l’arc mondial. Cette société m’aide, et je l’aide à changer pour le bonheur des passionnés d’arc et de flèches.

DSCF3373Cet hiver, vous l’avez compris, je n’ai pas pu m’entraîner, régler, faire ce que j’aime et me préparer à la hauteur du niveau mondial. Pourtant, j’étais à Yankton, sur le championnat du monde en salle aux USA et j’en sortais avec une sixième place. Il était bien ce mondial au fin fond des Etats-Unis dans le Dakota du Sud, juste après un Las Vegas à 899 sur 900, encore. Cela signifiait un long déplacement, d’abord en perso, ensuite en équipe. Alors, lorsqu’on est archer-pro, pas de problème si ce n’est la distance, mais là, j’avais encore fort à faire et ma tête n’était pas toujours très connectée au continent américain. Je me suis dit que c’était passager et que j’allais pouvoir prendre de bonnes infos pour revenir à mon meilleur niveau, la tronche bien câblée, très prochainement. Le haut niveau c’est ça, soit tu es complètement dedans, à choper le moindre des petits détails, à vivre dedans, ou alors tu es un alibi, un protagoniste. Alors j’ai figuré, en sachant complètement que si je passais quelques tours, la fin allait se compliquer. C’était donc déjà une première protection pour repartir de ces semaines de compétitions avec de l’envie et des objectifs allant crescendo, si le contexte me le permettait bien sûr.

YANK18 A17 9823 X3Côté mécanique, je partais pour ces deux déplacements avec deux arcs réglés de façon différente, car Vegas et Yankton ne sont pas sous le même format. Vegas se tire dans une ambiance sombre où la zone à atteindre est plus grande, elle demande un maximum de confort et de patience. Yankton, sous le règlement World Archery, est sous le signe de l’agressivité et de la précision. L’arc de Vegas était réglé sur place, allonge, Dloop, puissance, équilibrage. Celui de Yankton était prêt. Le matériel ne fait pas tout, mais il peut en tous les cas fortement dégrader votre performance.

La saison hivernale s’achevait avec une pelleté de 595 plafonnés et j’enchaînais avec le FITA, sélection et objectifs bien mieux dessinés que la saison précédente, mais toujours avec ce lourd fardeau à porter. Peu importe, je voulais absolument aller vers mon rêve et le vivre pleinement. C’est bientôt là, j’en suis certain, et je trouverai cette cohérence entre ce que veux mon esprit, ce que sens mon corps, et comment mon matériel devra être pour que la symbiose soit synergie.

A Saint-Avertin, la sélection annonçait une belle bataille compte-tenu des conditions de tir. On nous avait prévenu de l’état du terrain, gorgé d’eau et de boue, tandis que le vent et le froid s’invitaient. Le marathon s’achevait avec une troisième place au classement, après deux départs en 2x50 mètres, une série de trente volées de trois flèches et un tournoi. Rincé, congelé, épuisé, mais sélectionné pour Shanghai et c’était bien le principal. Chaque saison, tout est remis à plat et il faut être présent dès le départ pour faire partie de cette équipe de France qui glane des médailles en coupe du monde.

DSCF6014DSCF5999Ensuite, il y avait un peu de calme pour préparer la première manche chinoise sur de meilleures bases. Bien que la météo fût encore très capricieuse, j’ai pu m’entraîner. J’aime bien Shanghai, le déplacement est simple, direct, et même si le décalage horaire est chaud à négocier, ça passe bien. L’avant veille du départ, je recevais un coup de fil de notre capitaine d’équipe, en soirée, mais c’est quoi donc ? Notre vol de samedi est annulé, nous partirons dimanche après-midi et nous n’arriverons pas à temps pour l’entraînement officiel… Bien ! De quoi mettre en jambes le début de saison. Les grèves auront eu du succès chez Air France ! Le vol suivant, nous l’avons pris sans encombre et le pilote fût fort bavard et très agréable aux commandes de son A380. L’arrivée à Shanghai était donc comme prévue, en soirée, pour dîner, ce qui réduisait notre attente pour aller au dodo quant à l’arrivée habituelle en matinée. Point positif donc, le repos faisant partie de l’entraînement, il n’était pas officiel et musculaire mais seulement physiologique.

Au lendemain, les qualifications sont jouées les yeux entre-ouverts avec quelques réglages de fond en cours de tir. C’était hardcore quand même. J’achève ce tir avec une douzième place et 703 points. Pas mal, mais la vache, j’étais à bout de forces ! Du coup le match des 24ème de finales après déjeuner allait être épique, car dès le début de l’échauffement, j’en collais de partout. 

Patatra dès le début, 10, 9, 8 = 27 et merdeuuuu !!! Trois pions de retard sur mon adversaire. J’enchaîne 28, faut pas faire ça, c’est mal mon capitaine. Puis 29, c’est mieux mais pas top. Et enfin 60 en mode Hulk monstrueusement vert de rage et je l’emportais sur mon adversaire perdant quelques points au fur et à mesure. 144, et pas très fier. Mon arc me semblait si long en allonge, et si lourd, si puissant… Moi le bonhomme, j’avais rétrécis.

Le lendemain était une journée off de compétition, ce qui me valait le grand luxe de trouver le repos et l’entraînement serein dont j’avais besoin après un bon massage de notre Kiné Manu. Je retrouvais mon arc, sans changer quoique ce soit, juste mon corps qui reprenait une forme normale dans l’arc. C’est une chose importante ça : savoir qui du mécanicien ou du pilote est la cause d’un changement perçu ou vu. Là, c’était clairement le pilote qui était rincé, donc on touche pas le matos et on repose la bestiole. L’entraînement était chirurgical, et me donnait une belle confiance pour aborder la suite de la compétition. 

SHA18 A17 3796 X2Les éliminations arrivaient le lendemain, et je commençais par un bout d’échauffement « à blanc » sur les cibles placées le long du terrain officiel. C’est un peu la guerre de la place pour arriver à tirer dans ce coin du stade mais on y arrive en jouant des coudes. Quelle bonne idée, car en tirant quelques flèches, je ne voyais aucun impacts dans le jaune. Une fois en cible, mes flèches étaient bien groupées entre les deux blasons en hauteur, dans le noir de la mousse… WTF ? Je reviens vers l’arc, je contrôle d’abord méthodiquement la hauteur de visette, puis le point d’encochage, la lame de repose-flèche et … bingoooo … le repose-flèche avait bougé vers le haut, le bloc complet ! Je le replace alors et le sécurise. Je n’avais pas touché au viseur, alors j’ai pu retrouver la bonne place du repose-flèche une fois mes impacts pleine balle. Pendant ce temps, les américains se foutaient de ma gueule ouvertement. Pas très fair-play tout ça messieurs #ATVFEBDB. Nous y reviendrons plus tard…

Les matchs commencent et j’attaque avec un beau 149 gagnant. Je poursuis sur cette lancée et je rencontre Martin Damsbo du Danemark. Il est chaud, moi aussi, et je l’étais plus avec un nouveau record de France à la clé, 150 et 11 X ! Les records sont fait pour être battus, ok, faut-ils encore les battre… Celui-là, il fait du bien au moral. Un p’tit moment que je n’avais pas effacé une tablette, et la voilà pour montrer une progression de la performance, de mon niveau tant technique que mental. Mental surtout, car je vais dès la première volée que je pouvais être parfait. J’ai tenu, je suis content.

Au tour d’après, en quart de finale, je rencontre l’italien Frederico Pagnoni, méga chaud lui aussi. Le match était super, précis, des sueurs froides, du rythme, du fair-play et du respect mutuel, ça fait du bien. Je m’incline sur la dernière volée, mais il fallait attendre d’être en cible pour connaître l’issue du match, j’avais trois X, il avait trois cordons. Pas de chichi, pas de juge, ils prenaient tous et c’était bien joué. Je termine cinquième et je prends 13 points pour le classement de la finale de la coupe du monde.

Important sont ces points, car le règlement change cette année et ce seront les vainqueurs de chaque manche qui seront automatiquement sélectionnés pour la grande finale, suivi des plus hauts du classement, et de l’archer invité par le pays organisateur. Donc, si chaque manche possède un vainqueur différent, il reste trois places aux points. L’étau se resserre… Faut gagner, et voilà.

SHA18 X17 5054 X2En équipe, Sébastien Peineau et Jean-Philippe Boulc’h étaient mes coéquipiers. Chouette équipe, et nous avions quelques réglages à faire pour ne pas prendre trop de temps. Seb tire vite, je suis lent à ce moment-là et JP aussi, on avait pas de rab’. Du coup, on jouait souvent le chrono avant même que la dernière flèche ne soit tirée. Seb en 1, moi en 2, JP en 3. En deuxième position, je devais laisser suffisamment de temps à JP pour sa dernière flèche. Notre attention n’était alors pas à 100% sur la performance, mais plus souvent sur le chrono. 

Nous étions bien partis, très bien, trop bien. Deux matchs gagnés et nous rencontrons les américains en quart de finale. Ceux-là même qui se foutaient de ma gueule à l’entraînement ce matin… L’ambiance est bonne, pas de problème, jusqu’au moment où Braden passe dans notre carré, lève la patte et nous lâche une grosse caisse d’outre tombe. Non mais je rêve, mon regard passe au noir et il soulève la plaisanterie. Je n’avais pas DU TOUT envie de plaisanter. Pour moi, c’est « la crotte qui a fait déborder le chiotte ». Je reste de marbre en coupant court à toute conversation. Je mettais dix kilo-tonnes dans chaque flèche tirée pour me défouler, pilonnant le 10. Et là, bam, ça dérape d’une flèche au 5 de notre Jean-Phi et nous perdons de deux points. Seb, JP, Dom, Seb Brasseur, Fabien, tous archers d’équipe, vous tous archers de DNAP, de DRAP, nous savons tous ce sentiment, nous avons tous eu notre flèche parasite qui fait perdre. L’essentiel et d’en apprendre plutôt que d’avoir des remords. Alors nous nous sommes posés les bonnes questions, pour ne plus voir ce sourire narquois sur les visages de l’équipe adverse. Je ne plomberai jamais un équipier, et je ferai tout pour l’aider à trouver sa place et son confort au sein de l’équipe.

Le samedi, jour des finales arc à poulies, nous avons remporté notre match contre les indiens pour décrocher notre première médaille de la saison, en bronze, et première médaille obtenue pour Sébastien Brasseur en tant que coach ! Un bien beau match, pas facile, avec quelques souvenirs qui me revenaient de l'an dernier, la paire de jumelles, les 9 à gauche, le tir souple et relâché qui ne paie pas etc... Cette fois, je n'étais pas le seul à rester planté à gauche, c'et ce que j'ai pu remarquer sur la tendance générale de l'ensemble des matchs. Ceci me confortait un poil avec mes sensations. Nous passions quand même beucoup d'énergie à regarder le chrono, et nous en avons beaucoup parlé, pour trouver comment progresser.

J’étais long en timing sur cette manche, Jean-Philippe aussi. Pourquoi ? Nous nous sommes posés les bonnes questions et nous y avons apporté les bonnes réponses. Mon placement au visage est lent et complexe, je tarde à me trouver, j’ai modifié les paramètres de mon arc en allonge, visette et Dloop pour ne pas hésiter. La manche suivante à Antalya me confortait dans ce bon choix. Pour JP, il avait des problèmes de flèche qui tombe de la lame avec un repose-flèche fixe. Il a choisi de passer sur un repose-flèche effaçable Monorest Arc système pour gagner en confiance et en rapidité sans que sa flèche ne tombe. Cependant, ce n’était toujours pas satisfaisant car la montée de l’épingle restait trop brusque et nous l’avons vu en Chine dans les conditions réelles de tir. Alors, avec l’aide d’Arc Système, nous lui avons modifié son épingle à ce grand menhir de bretagne. Avec ses 33,7 pouces d’allonge, la vitesse d’armement n’est sans aucun doute pas la même que la normale, il est donc important d’adapter l’accessoire au bonhomme. Avec 713, 711 et 709 réalisés en compétition à son retour de Chine, l’affaire était dans le sac et la confiance revenait pour notre coéquipier de valeur. Sans nul doute que je vais désormais et de plus en plus porter mon attention sur tous ces petits détails qui améliore le cadre dans lequel les performances peuvent être réalisées, et si ce n’est pas de performance dont il est question, cela peut simplement être le confort et l’assurance d’un matériel durable et fonctionnel ;-)

SHA18 X17 4611 X2La compétition était presque terminée, car il restait le tir mixte. La règle est simple pour la sélection des équipiers mixtes : ceux qui qualifient l’équipe par les qualifications. Cependant, la règle peut changer en fonction des performances réalisées, des pressentis, des matchs, des compatibilités de rythme de tir etc… C’est ainsi une discussion pour la réussite de l’équipe de France qui s’installe pendant la compétition, et faire partie de ce mixte est tout d’abord une responsabilité au sein de l’équipe toute entière, et au milieu des équipes d’armes homme et dames.

Ce mixte, je le tirais avec Sophie Dodémont. Sophie a décidé de faire un retour à l’international après une pause de quatre ans. Nous avions remporté la coupe du monde à Medellin en Colombie en 2014 en étant premiers des qualifications en individuel, et réalisés de nombreuses bonnes performances et quelques autres médailles. Cette équipe, c’est la confiance inée, l’un faute et l’autre rattrape immédiatement, aucune place au doute, c’est naturel. Sans causer de perdre des points, si tous deux collont des 10 à la pelle, le jeu consiste à brancher l'autre sur le fait que son 10 est moins beau que le notre... Donc, pas de stress, tout est fait pour aller le pls loin possible et ce sans s'en rendre compte ! Pas de briefing, pas d’entraînement, rien, juste une présence à l’heure et voilà, 156 d’entrée de jeu pour gagner le premier tour et rencontrer la Corée du Sud. 157 points sur 160 contre un pays qui depuis 2011 a trouvé comment on se servait d’un arc à poulies, il était temps… 158 pour eux, mais quel match !!! Ça tournait super bien même avec ma lenteur passagère, et cette confiance mutuelle, quel régal ! Ce que j’écris ici ne doit pas favoriser une composition d’équipe, mais inspirer un fonctionnement évident, facile et solide. Avec un tel mode, cela passera forcément sur une autre compétition… Et je ne me suis pas trompé...

Je ne vais pas faire l’apologie de la Corée et de leur niveau, non, je pense au contraire qu’ils ont mis du temps à venir depuis leur première apparition sur le mondial à Turin en 2011, pour un pays où le tir à l’arc est un sport national. Cela signifie que les sélections sont dures, leur travail est dur, mais leur système est efficace et rassurant pour les athlètes bien encadrés, bien payés, ce qui n’est pas le cas en France pour tous les sports, on le sait bien.

Chacun son truc, et je construis le mien, comme chacun des archers de l’équipe de France et encore plus particulièrement en arc à poulies. Je les regarde donc avec un oeil attentif, mais sans être impressionné par leur niveau. Je suis certain de rejoindre bientôt ce club très fermé tout en haut, comme en avant mais en mieux, et avec mes armes, ce qui est selon moi, bien plus chouette.

IMG 1237Ma force, c’est mon métier, mes racines, mon parcours de militaire-marin-rêveur-concepteur-archer aux mille vies. Si je veux ou souhaite quelque chose, je dois l’imaginer, le créer, je ne vais pas toquer à la porte de tel ou tel sponsor pour dire j’ai besoin de ça, je dois le créer. C’est ce que je fais avec Arc Système et c’est un travail d’équipe, une aventure formidable. Ainsi sont nés l’Attendu, Gravity et O’Block, un pas de tir perso en gestation, et d’autres jouets viendront bientôt, insatiable Pierrot… J’ai dû m’occuper de mes affaires de famille, et peu à peu, je retrouve mes repères et le goût aux choses. Je suis impatient de raconter plus en détail cette aventure magnifique, une fois que ma tête sera à 100% dirigée vers le tir à l’arc. C’est tout de même fantastique de ne pas être qu’un utilisateur-archer, mais de devenir créateur-archer, entouré d’une équipe de savoir-faire bien de chez nous, qui attend d’un ex-militaire de la rigueur de haut niveau et des idées novatrices. Une dynamique s’installe, et cette énergie me sert tous les jours pour la progression dans la hiérarchie mondiale.

L’entre-acte chinois fût de très courte durée, car nous partions de la Chine pour effectuer un stop de moins de 24 heures à Paris, pour Sébastien Peineau et moi. Nous avions décidé de partir pour la Californie, pour participer à la compétition inédite de Redding. Ce tournoi se produit une fois par an le premier weekend de mai, soixante-dix cibles animalières, sur trois jours, et quelques deux mille archers passionnés...

Cette suite, composée de Redding, la DNAP à Riom et de la seconde manche de la coupe du monde à Antalya, sera pour le prochain numéro ;-) Déjà rédigée, mais point trop n'en faut. Je souhaite mettre en valeur ces lignes par la patience, telle une construction, car c'est ce qu'il se passe au sein de mon écurie. Je ne suis pas Hercule, mais je dois achever mes douze travaux pour revenir vers moi, puis vers vous. Ces histoires de l'Histoire me passionnent et m'aident à mieux comprendre ce que je traverse. Je partage avec cette même passion.

Bon tir, bonne suite, merci de votre fidélité et amitié, et à très bientôt pour la suite de l'aventure !

Archerycalement,

>>>---Pierrot---> X

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