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Ce chemin mène à Rome.

Les trois derniers mois ont été un peu tendus, et cela ne va pas vraiment se calmer avant quelques mois encore. Je n’ai toujours pas coupé, toujours pas de repos, pas de vacances, rien. Ce qui change, c’est que je commence a y penser, autant qu’a en avoir besoin. Raison pour laquelle je ne suis pas très loquace. J’ai ressenti le besoin de causer à mes potes du web, les aficionados du Pierrot qui prête sa plume, et qui reprend ses trois dernières compétitions internationales de la saison 2017. C'est un chemin qui me mènera à Rome, tous n'y mènent pas, beaucoup le savent cette saison tandis que j'ai la chance de pouvoir y faire voler mes flèches, magnifique !

Les trois derniers mois ont été un peu tendus, et cela ne va pas vraiment se calmer avant quelques mois encore. Je n’ai toujours pas coupé, toujours pas de repos, pas de vacances, rien. Ce qui change, c’est que je commence a y penser, autant qu’a en avoir besoin. Raison pour laquelle je ne suis pas très loquace. J’ai ressenti le besoin de causer à mes potes du web, les aficionados du Pierrot qui prête sa plume, et qui reprend ses trois dernières compétitions internationales de la saison 2017.

ANTALYA

L'objectif de cette deuxième manche de coupe du monde 2017 devait confirmer ma stratégie appliquée à Shanghai. C'est réussi à 100%. Tout est parfait, même si je n'affiche pas une place de classement supérieur à celle de neuvième individuel. Je pense qu’il est important de coller à ce que l'on pense, ce que l'on sait, ce que l'on dit. Ma plus grande satisfaction aura été de m'éclater par équipe, déchaîné, il ne s'agissait pas uniquement de performance, mais bien d'une attitude. J'en veux, bon Dieu, j'en veux !!! Fabien Delobelle, Dominique Genet et moi rentrons de Turquie avec cette belle médaille de bronze autour du cou, et nous en sommes vraiment fiers !

Les semaines vont s'enchaîner à une vitesse folle et je dois compter mes heures sur notre territoire pour tout y faire tenir. Je ne m’entraine pas dans mon club, trop exposé au vent, mais sur un terrain où je choisi de m’exposer ou non. Pour cela, je dois conduire une heure trente chaque jour aller-retour, en plus de tout le reste. Je le fais car j’ai un objectif, et j’y arriverai.

IMG 5622Après cette médaille d'argent individuel en Chine pour dire "coucou c'est re-moi", je voulais confirmer un niveau de performance, obtenu par mon attitude positive, ouverte et déterminée sur le pas de tir. La démarche n'est pas simple, mais elle n'est pas compliquée non plus. Les évènements d'une vie permettent aussi de relativiser. Je me base sur un niveau car je ne peux compter sur l'alchimie des matchs, où le quantique des performances réalisées sur le terrain rendent une victoire parfois aléatoire tellement le niveau de notre catégorie est dense. A Antalya, la température était lourde, 30°C, et humide. Des rivières de transpiration... C'est pas très glamour mais ça permet de cerner le contexte. Le vent arrière tournait pas mal, pas autant que celui de Chine, il pouvait parfois amener quelques rafales rafraîchissantes, mais rendant le tir technique. Le plus difficile à négocier était la perte d'énergie liée à la température ressentie très lourde, et au léger décalage horaire, d'une petite heure seulement. Une heure plus tard, simule que vous tarder à vous coucher le soir, et avez le sentiment d'avoir été sorti du lit le matin. Composée avec cette chaleur, il fallait négocier correctement le sommeil, et la nourriture.

J'ai opté pour une configuration d'arc différente de celle de Shanghai. Je colle à ma démarche : j'ai le temps. Je veux m'inscrire dans une démarche progressive et durable. L'arc de Shanghai était bien pour les températures froides. Avoir réussi un coup sur une première manche ne pouvait pas continuer en restant sur une allonge ric-rac. J'ai donc modifié mes cames pour aller dans le sens qu'indiquait mon corps une fois en situation. Il m'a demandé quelques millimètres de plus, et je les lui ai donné avec une came SVX n°2 au lieu de la n°1 de Chine. Ainsi est né mon #StormTrooperBow #PimpMyBow blanc et noir, superbe.

IMG 5848Câblage reçu le mercredi de Guillaume Rubben, Flanders Bow Strings (FBS), monté le jeudi. J'ai réglé tout ça nickel, en laissant bien l'arc au soleil et en tirant deux bonnes centaines de flèches pour que les brins prennent leur place AVANT d'être en Turquie. Pari réussi, tout a tenu d'une façon impeccable, du bon boulot de la part de Guillaume, et de mon mécanicien, moi-même. #Autosatisfaction.

Mon allonge se dirige plus vers un faux 27,5" qu'un vrai 27". Plutôt que d'aller chercher 27,5" avec la came 1, j'ai préféré aller vers une came 2. Pourquoi ? Je veux passer facilement au peson sans que l'on vienne m'enquiquiner (57,5 lbs véritables pesés 59 en Turquie), et je veux ouvrir mon arc facilement quelques soit les conditions, et rendre mon vol de flèches moins susceptible. Petite parenthèse pour dire que le peson mécanique de Berlin a été rendu conforme par un certificat d’étalonnage officiel. Il affichait une valeur inférieure de cinq livres par rapport à un peson électronique… Quelqu’un a parlé ?

Avec ces sept millimètres d'allonge de plus, les forces que je place dans l'arc sont meilleures pour le moment, ce n'est peut-être qu'un changement provisoire le temps de former mon corps. Vous aller dire "mais comment peut-on penser à ce genre de choses ?", ou "Il tire une finale mondiale avec un arc et ne le reprend pas derrière ?", ou bien encore "facile, il a le matériel alors il peut le faire"...
À force d'effectuer mes recherches basées sur les sensations, j'ai ressenti pleins de petits détails au fil des années. Je les mets en application et c'est ainsi que je fonctionne. Je cherche dans le but de trouver un tir qui sera plus facile à mettre en oeuvre, plus rapide, plus simple, sera répété aisément en toute circonstance. Ce que j'ai senti à Antalya, ce que j'y ai vu, est nettement plus fort qu'en Chine. J'avais du mal à y croire à l'entraînement déjà, j'y crois maintenant c'est certain. Cela commence déjà à payer par équipe sur les trois manches, où la manière me plaît, et est performante et rapide. Sur les premières flèches tirées en entraînement sur place, non-officiel et officiel, il n'y avait pas photo, c'était du bon. Pas besoin d'ajuster quoique soit sur l'arc malgré cette température et cette humidité de furieux. Je partais donc avec cette configuration pour les qualifications.

355 sur la première série, classé premier... Ah ouais, je suis pas si mal en fait me disais-je. Je voyais juste le plaisir que j'avais a tirer, et mon léger agacement de tirer tout de même cinq 9... Je suis un perfectionniste et c'est tout. La deuxième série était moins évidente avec 348, partagée entre une mauvaise jauge de ma barre d'énergie (normal, nouvelle config' dit muscles qui bossent pas pareil : donc expérience à prendre), la température et la sudation plus importante encore et quelques troubles de la vue. Donc, je me bagarrais pour tenir mes points, mais surtout mon tir et une attitude positive. Cela aura évité d'en coller de partout. Seulement mes impacts se dirigeait vers la gauche, avec des tous petits 9. J'ai perdu ces points en restant tout de même dans mon objectif d'être dans le top 8 des qualifications avec 703 points. Les 710 et plus vont arriver bientôt. Je n'ai pas beaucoup de sorties encore et y’a du vent de partout par chez moi ;-) Je voulais me prouver une fois en match que mon niveau pouvait bel et bien atteindre les 710 points. Et sur le total des matchs mixtes, équipe et individuel, la moyenne fait 710. Parfait.

Je parle de problème de vue... Avec toutes ces années de marine à regarder le gyrocompas et le radar de nuit, ainsi que les écrans d'ordinateur, mon oeil droit m'embête un peu. J'ai donc changé d'image de visée en ce tout début de saison FITA. Si le scope reste un choix provisoire (#Spoil ?), mes verres Swarovski ont bien vécu leur décennie de haut niveau et sont ainsi remisés, le point de visée laisse place à la fibre optique, et une visette correctrice vient m'aider à retrouver une conception d'image cohérente avec le mouvement de l'arc en visée. C'est un domaine complexe, ce n'est là qu'une très brève description. On en parlera le moment venu dans la partie technique du site. Ce changement entraînement pas mal de modifications liées au jugement : où lâcher ? Comment voir ? Voyons-nous bien et est-ce réellement utile ? Oui, c'est utile, mais seulement sous certains critères. J'ai bien en tête mes neufs gauche, nombreux, et j'ai plusieurs points à corriger avant les USA.

En mixte, avec Amélie Sancenot, nous avons bien tiré et nous ne déméritons pas face aux danois, très forts. Nous tirons 157 et 156 pour terminer sur ce quart de finale. Par équipe, rien n'était simple en plein soleil le jeudi après-midi. Nous avons eu les bonnes réactions aux bons moments pour remporter nos matchs jusqu'en demie finale contre les USA. Cela aurait pu être contre n'importe qui d'ailleurs. On va mettre cette petite défaite sur le compte de notre jeunesse, tant en mixte qu'en équipe masculine ;-)

Vendredi matin étaient les matchs individuels. Je pouvais redouter ces matchs dès les seizièmes de finale, mon adversaire allemand ayant déjà un tour de chauffe à 148 la veille pour son vingt-quatrième de finale. Sans parler d'adversaire, quand on passe plein de tour, on y prend goût, et on y prend tellement goût que parfois, trop en vouloir nous pousse à la faute. J'ai gardé une attention particulière sur ce point pour ne pas tomber dans un travers négatif. Je ne suis pas là pour régresser, mais pour progresser. Alors rien qu'une confirmation d'une bonne qualité de tir avec une attitude positive est déjà un point fort.

IMG 5819Je remporte le premier match 148 à 143 contre mon adversaire allemand. Ensuite je rencontrais Braden Gellenthien, match retour de la piquette administrée en Chine. Il en voulait le coco !!! Moi aussi ça tombe bien ! On s'est fait un match du tonnerre et ça fait du bien, ça c'est du sport nom d'un petit bonhomme !!! On est parti comme des dingos à 60 partout, il enchaîne 30 et moi 29, petit 9 gauche (c'était la déviation normale "locale"). Pas de stress, j'étais bien, pile-poil dans mes cordes. Nous enchaînons 120 à 119. Mes X se voyaient bien... Ces flèches si précises ne pouvaient pas être ailleurs que pleine bille, énorme, j'ai adoré. J'attaque par un 9 gauche à nouveau, qui a l'avantage de lui conférer le "bonus" de fin de match alors qu'il avait déjà un 9 gauche lui aussi. Les drapeaux avaient changé de sens, son 9 était bien crado, le mien à rien, conforme à ma légère contre-visée. Dommage, mais au moins, ce n'était pas un manque de lucidité, ni du stress, ni une erreur, j'ai tiré pour gagner et Braden m'a eu à la régulière. Je marque cinq points de plus pour le classement individuel de la coupe du monde. C'est sport.

Samedi, jour des finales, et nous étions contre l'Inde pour la médaille de bronze. Il y a des équipes avec lesquelles nous pouvons avoir de la sympathie, ou bien du fair-play. C'est pas vraiment le cas avec les indiens, ce n'est ni bon ni mauvais. C'est certainement un mélange des cultures qui n'échange pas bien et qui peut générer une forme de tension sur le terrain. C'est pour cette raison que nous nous sommes salués avant et après le terrain des finales, et non dessus. Peut-être que nous serons plus amicaux la prochaine fois, on verra, le pas venait de nous cette fois-ci.

Côté sport, on attaque bien, on relâche sur la deuxième volée, avant de bagarrer jusqu'à la fin. En dernière volée, un point d'avance et la première moitié était mal engagée. Les copains m'ont offert le luxe de pouvoir terminer sur un 9 pour gagner. A cet instant, je ne joue pas la bonne fin avec un 10 absolument, je joue safe à donf, il fallait 9, ça poussait grave à droite, donc j'ai posé à gauche pour faire 9 gauche, ou 10 si la flèche était poussée plus fortement. Mieux vaut cela qu'une flèche déviée au 8 pour risquer de perdre un barrage… C’est gagné avec un 9, médaille !

Nous testions un autre ordre pour tenter de générer un dynamique différente au sein de l'équipe, j'attaquais et je fermais. Je suis le plus "expressif" de cette équipe et donc il s'agissait d'être dans l'attitude pour que mes camarades s'occupent du 10. Ca marchait bien, c'était plaisant. On verra comment les autres stratégies se mettront en place au fil des compétitions et des compositions, mais celle-ci était sympa. En tout cas, j'ai pris un pied d'enfer, un régal !!!

Voilà donc une semaine Turque qui se passe bien, et j'en reviens avec des supers souvenirs d'une belle équipe de France. Punaise que c'est bon les semaines comme ça !!! Les médailles pleuvent et nous sommes dans les bonnes choses pour aller en chercher d'autres.

Mon classement mondial progresse, passant de 74 à 21, et de 21 à 17. Je n'ai que deux compétitions qui comptent, et une troisième de 2015 pour seulement quatre points. Dix-septième avec deux compétition, c'est good, c'est Green, Super Green !!!

Les photos

La vidéo du match

SALT LAKE CITY

IMG 5909IMG 2025Au retour de Turquie, canicule à la maison. Cinq jours après, c’était le départ pour les USA. J’avais préparé mes arcs pour qu’ils tiennent le réglage durant trois semaines sans trop de problèmes. Avec ces chaleurs, le matériel souffre rapidement, même le meilleur, et le corps aussi. C’était prévu, et tout s’est bien passé de ce côté. Les arcs bougeront toujours, c’est absolument normal de devoir entretenir un réglage.

Allez hop, on change de continent. Nous nous retrouvions au Easton Archery Learning Center, à côté des quartiers généraux de HOYT et EASTON. C’est un de quatre centres d’apprentissage et d’expertise du tir à l’arc aux USA. C’est immense, c’est beau, mais pas sans défaut…

Nous sommes en plein désert à côté du lac salé où ils battent des records de vitesse en tondeuse à gazon… Entre-autres, bien entendu ;-) Il fait 40°C à l’ombre, et 20°C dans les bâtiments. L’air est très sec, on mouche des cailloux. Les deux toilettes du centre sont inaccessibles et réservées au VIP, nous avions des cabines luxueuses en plastique, parfumées, entreposées en plein soleil sur le parking en bitume bien noir. Le terrain d’entraînement est aride, celui de compétition est synthétique… La World Archery s’est amusé à prendre la température au sol de ce dernier en plastique : 76°C !!! Autant dire que le corps ramasse bien correctement, qu’il faisait chaud et que nous le sentions très bien.

Un tel centre c’est super, c’est génial, c’est utile, c’est grandiose, mais c’est à côté d’un aéroport… Pourquoi décide t’on de construire un aéroport quelque part ? C’est aussi en fonction des vents dominants que l’on se place pour les pistes d’avions, afin de réduire les consommations de carburant et distances de « taxi ». Autant placer un tel terrain dans un champ d’éoliennes.
Bon, il y a avait du vent, mais pas de tempête cette fois, selon les américains, qui fuient ce lieu pour en préférer d’autres pour réaliser leurs compétitions. Il venait de face, avec des inclinaisons variables de côté. Un enfer à viser et à apprécier… Les qualifications se déroulent tout de même pas trop mal, avec une seizième place et un score de 691 points.

Je dois faire une parenthèse pour souligner que j’habite actuellement dans la vallée du Rhône, et que je suis saoulé du vent permanent que nous subissons tout au long de l’année. Il rend fou ce vent, que ce soit le mistral ou pire, le vent du midi, j’en suis réellement dégoûté, avec ou sans arc, c’est intenable. Une seule occasion de tirer sans vent cette saison aura été à Saint-Avertin (inédit !) dans de bonnes conditions pour la DNAP avec 707 points. Il en manquait encore, mais Rome ne se construit pas en un jour et il faut en bouffer pour performer. Donc si le vent demande un entraînement spécifique, la performance pure aussi. Il faut les deux pour se renforcer. Alors, en compétition un peu partout dans le monde, quand je rencontre du vent, je suis en conflit entre les coller dedans et me dire que ça me saoule. Sentiment passager, j’en suis sûr, mais sentiment quand même.

IMG 5882Côté intendance, on ne peut pas dire que c’était le top, le miam du midi était souvent très épicé et pas vraiment adapté à ces fortes chaleurs, et le dîner devait se prendre dans un des restos partenaires de la compétition, soit les hôtels, et dans nos fonctionnements, ce n’est pas le meilleur compromis pour être en adéquation avec nos besoins sportifs. M’enfin, c’est aussi ça les States ! La grande salle de ce centre est énorme, et surperbe. Ca, on ne peut pas leur enlever ! Hoyt avait mis des jeux à disposition des archers. Ping-Pong, jeux de lancer, PlayStation venaient nous distraire, et des boissons fraîches nous hydrater. La salle était climatisée, heureusement, c'était vraiment appréciable de faire une pause dans ces longues et chaudes journées.

En match individuel, je gagne mon premier tour et je passe en seizième de finale contre le coréen Choi que j’avais battu à Shanghai. On réalise un bon match, mais il me manque un truc pour faire LE 10 de plus que lui, plus particulièrement sur la dernière volée où je score 29. Cela m’emmène au barrage, que je perds, 10… à 10, de quelques millimètres. Je marque un petit point, mais qui aura son importance plus tard. Le petit truc qui manque, est en réalité un vrai grand truc : la disponibilité de mon esprit. Il n’est pas encore dédié à fond sur ces enjeux, et je le regrette. C’est la vie, ça viendra.

SLC17 X17 3147Par équipe, là, c’était vraiment le pied intersidéral, nous nous sommes régalés jusqu’à gagner une nouvelle médaille de bronze le samedi avec Seb et Fab. Cerise sur le gâteau, je tire 80 points sur cette finale #YaPasDeNeuf, de quoi me donner envie de retourner sur de telles scènes où l’expression du tir doit primer sur les émotions.

La semaine a été rythmée par les vents auxquels nous étions soumis, et par cette chaleur abominable à supporter depuis Antalya, et même à la maison. J’imaginais, je rêvais même de mon TGV retour, climatisé à donf pour congeler la viande qui me compose. Mais au retour, j’attendais trois heures suffocantes à la gare TGV de Roissy pour finalement rentrer dans une voiture de train non climatisée. Il faisait chaud, trop chaud, je cuisais. Le jet lag démoniaque oeuvrait pour faire de ce retour un voyage éreintant. Alors en arrivant dans la voiture de ma mère venue prendre ce qu’il restait de sa bien-aimée progéniture à la gare de Valence, j’ai mis la clim à -8000°C et m’en délectais en jubilant et en passant une polaire et un bonnet à môman #Garnement ;-)

Depuis Shanghai, le rythme a été soutenu et l’énergie grignotée peu à peu par la chaleur de chaque pays, bien différente à chaque voyage. Je me suis fatigué et j’ai eu du mal à récupérer. Du retour à Salt Lake City, j’ai dû rattraper un retard pris sur des affaires privées, et revenir vers mes arcs alors que la canicule nous frappait avant la semaine à Berlin. Je n’ai pas récupéré, et j’étais épuisé, physiquement, moralement. J’ai dit que j’avais encore à faire, et c’est ce qu’il se passe, tout est donc « normal » pour une vie assez anormale. Alors j’ai tenté de me reposer, sans succès. J’ai poursuivi et renchéri mes entraînements en cherchant, en trouvant parfois lorsque la météo était plus clémente. Avec les fortes chaleurs, le corps prend, indéniablement. Le repos nocturne n’était qu’illusion et au lendemain je me défonçais, encore, parce que je veux réussir. Et je me fatiguais presque consciemment d’autant plus. La « pause » au retour des USA a fait plus de mal que de bien. Une pause forcée, pour des trucs pas très marrant, affaiblissant, bien que nécessaires et incontournables, a modifié ma façon de me tenir debout. Logiquement, je ne tirais plus mes arcs de la même manière que celle pour laquelle ils avaient été réglés. La sortie de flèche était dégueu, les impacts en arc-en-ciel, la stabilité loin, très loin… Bref, la cata. Donc j’oeuvrais, et me voilà à Berlin.

Berlin, c’était vingt degrés en moins de prévu, de la pluie et du vent. A la maison, j’avais le vent, mais le double de température et des orages un poil trop violents pour aller mettre du carbone au bout de mon bras. Donc, j’ai réglé deux arcs différents, un pour la viande congelée, et un autre pour la viande bien tendre. Je parle des muscles pour ceux qui ne suivent pas ! J’avais deux allonges différentes à choisir une fois sur place. Cependant, vu que je trébuchais sur un de ces deux arcs environ une heure avant de partir prendre mon train et qu’il se rétamait la tronche par terre en causant des dégâts et donc le doute, j’avais ainsi une préférence pour celui qui demeurait intact. Evidemment, ce n’était pas celui pour qui je plaçais toute ma confiance qui l’était… #Boulet #VDM

Les photos

La video du match

BERLIN

IMG 5796IMG 6114Quatrième et dernière manche de la coupe du monde 2017, dernière chance de marquer des points pour la grande finale, une chance de plus pour gagner une belle compétition… J’étais naze, dès le début, qu’on se le dise, ce n’est pas la minute excuse, j’aime pas ça. Si je ne le reconnais pas, je rentre alors dans un fonctionnement jusque boutiste et on sait tous où celui-ci nous mène. Mieux vaut se dire, ok, repose-toi mec, c’est peut-être allé un peu vite toute cette histoire, enfin, ces histoires…

Les qualifications se passent bien avec 704 points, qui auraient mérité mieux avec une meilleure énergie. Nous avions un vent pénible, très changeant, très chiant, en tout cas pour ma configuration d’arc et de flèches. Le doute pour mon arc 1 se confirmait et je prenais alors l’arc 2. Son groupement est excellent lorsque les conditions sont bonnes, du genre à taper 24X en 24 flèches, mais ne tolère rien du tout… Si je cligne de l’oeil gauche avant le droit, c’est 9. Ok j’exagère. Quand le vent change de force ou de direction, mon déport de contre-visée est bien trop important par rapport à la déviation de l’impact, cela cause de gros neufs sans commettre d’erreur de tir, mais seulement une mauvaise appréciation du vent. Je n’étais pas anémomètre dans mes vies antérieures et donc, il m’arrive parfois de me louper. C’est con, moi qui pensait être un surhomme… Pfff, j’me dégoûte, looser. LOL

En gros, j’ai commencé le tir avec 26 pouces d’allonge et j’ai gagné Nîmes comme ça. J’ai grandi et je suis devenu World 1 avec 26,5 et 27 pouces d’allonge. Cette année, j’étais en finale de Shanghai, étriqué dans 27 pouces. J’avais encore et toujours ces anomalies de peson QFC et je passais sur 27,5 pour Antalya et le reste de la saison. J’ai tenté 28 pouces et la compétition locale réalisée dans le vent avec cette configuration me laissait des informations vraiment très intéressantes pour la suite. Je devais tirer Berlin comme ceci jusqu’à ce que je me prenne les pieds dans l’arc que je réglais depuis deux semaines. #Boulet


Le truc, c’est que je me sens super bien comme ceci et que mon corps me remercie, pas de mauvaises tensions, pas de déformation, c’est cool. Alors je continue. J’ai tenté 28,5 mais là, il me faut un tuteur pour tenir mon dos donc j’ai arrêté les conneries. Au moins, je connais la limite. Je n’ai pas changé de flèches encore, donc elles prennent plus avec une allonge grandie. Les tests de flèches sont longs, coûteux, fastidieux. J’en ai fait mais comment trouver un truc bien quand on est soumis à des contraintes inhabituelles comme la chaleur ou la fatigue ? Ce sont des facteurs éphémères qui ne doivent pas devenir permanents. Si je valide une configuration en étant cramé, je ne peux pas la prendre en compte pour une suite où j’imagine être compétitif ! Ce sera ma recherche de ce retour berlinois, avant les championnats de France, pour Rome, pour Mexico. Un pied devant l’autre, on fait du chemin.

Donc 704, c’est bien, la gagne est à 711, il en manque ainsi 8 pour être devant, et 16 pour être parfait. Vous vous souvenez « C’est fatiguant de faire des 9 »… Ainsi faire des 10 devient relaxant, et les prises de têtes se passent à huit clos, à l’entraînement, pour savoir pourquoi ces choses ignobles et barbares arrivent. Vous vous rendez compte !!! Un 9 !!! Arrrffff je ne veux pas voir ça, insoutenable…

IMG 6118Dans l’immédiateté la plus soudaine après nos qualifications, soit quatre heures trente plus tard, nous lambinions quelque part dans l’immensité de ce terrain, superbe certes, mais peu divertissant. Nous tirions les matchs par équipe mixte, Amélie Sancenot et moi. Amélie tirait le matin son record personnel qu’elle plaçait à 698 points… Messieurs ? Meeeesssieurs ??? Ben pourquoi ils partent tous ? Ca commence à causer pour Amélie. Victoire contre l’Allemagne 155 à 151 (sur 160), puis contre la Hollande 153 à 149, avant de nous incliner de peu contre les américains. Là, je suis un peu déçu puisque je termine par deux 9 alors qu’Amélie portait le caleçon avec deux 10. Nous perdons d’un point 156 à 155 … Ce n’était que le début d’un passage compliqué à gérer pour moi.

Le lendemain matin, la veille payait son dû : départ de l’hôtel à 7h, retour 20h, soit une bonne douzaine d’heures passées sur le terrain à s’échauffer, tirer des qualifications, manger, attendre encore et encore, s’échauffer, tirer trois matchs en mixte, ranger le matos, rentrer, manger, se doucher, se coucher enfin. Au réveil, ça pique, beaucoup même car je n’ai même pas sourcillé lorsque mon coéquipier Fabien daignait vouloir me réveiller. Pas normal comme situation… Jour de match et le Pierrot traîne au lit ? Ben alors marin, tu crois que la marée va t’attendre ??? Bouge toi !!! Et bien non, l’ordre est passé mais pas de réponse…

Arrivé sur le terrain d’échauffement, je tente de tirer l’arc normalement, pas de réponse. L’arc est dur, lourd, je bouge, ça me pète à la tronche, le vent me gonfle, ouh la laaaa c’est quoi cette journée qui commence là ? Bus à 9h, tir à 12h30… C’est long. Fabien Delobelle, mon coéquipier, gagne son match en 48ème, ce qui signifie que nous nous rencontrons juste ensuite, en 24ème de finale. S’il gagne, pas de point pour la finale romaine, si je gagne, et bien, j’aurais au moins un bon point. Seulement à ce moment précis, je me demande bien comment je vais faire pour tenir la cadence d’un match avec le jus que je n’ai pas dans les bras. Pas de jus = tir en force = grosse merde potentielle en vue. Et j’avais raison !!!

Match 24Notre match commence, et je n’aime pas tirer contre Fabien, j’aimerais qu’il gagne autant que moi. Je tire en force, le vent est là, pas super fort, mais quand on est pas super serein, cela créé vite une tempête de viseur. Je n’ai pas de stress dans ce cas, avant oui, maintenant non. Le tir en force, par manque de force, me pousse à l’erreur dès la première volée avec 27. 10, 7 et 10. Oh mais que voilà ? Une grosse merde potentielle !!! Cékikavérézonhin ??? J’aurais pu me passer au bûcher, ou bien continuer. Il ne faisait pas assez froid alors j’ai continué. J’arrive à reprendre un avantage de deux points avec 30, 30, 29. Il reste une volée et je tire 8, 10. Je m’insulte. Il me faut un 10 pour gagner, et tel que c’est parti, ce sera un 9. Je tire bien, un peu bas peut-être, mais bien quand même et OH ! Un 9 bas ! Barrage ! Fabien tire un 10, et je tire un 9. J’ai perdu avec 143 points, alors que le match juste à côté se tirait à 148… #Furax

Il faut cependant bien comprendre une chose : Quand je dis furax, ce n’est pas contre mon coéquipier, surtout pas. Je suis furax contre les gens, vivant ou non, qui m’empêchent de vivre ma vie pleinement depuis plusieurs années maintenant et qui n’ont rien à voir avec le tir à l’arc, et je travaille avec acharnement pour qu’ils me foutent la paix. Perdre n’est pas un déshonneur, surtout contre un français qui ne démérite pas, oh que non, c’est bien la captation de mes énergies que j’aimerais pouvoir éradiquer. Cela arrivera, pour sûr cela arrivera. Je ne voulais pas arriver préoccupé, défoncé, sur cette compétition. Cela reste du tir à l’arc, oui, cela reste un sport, oui, j’en ai fait ma vie et je veux réaliser mon rêve. Nom d’un chien, j’y arriverai, et un jour, je raconterai mon histoire, ma véritable histoire.

IMG 6123Il me fallait avaler les couleuvres pour être un bon coéquipier. Les matchs d’équipe se tiraient dès l’après-midi après le déjeuner. Les deux médailles de bronze donnent envie d’aller en chercher d’autres. Et nous revoilà, avec Dom et Seb, en huitième de finale. Nous gagnons notre premier match contre les anglais. Tout se passait bien, une première volée à 55, suivie d’un 60 pour rattraper le coup, puis d’un 56 pour se motiver à terminer par un nouveau 60, que nous avons fait. Réguliers les gars non ? Les condition sn’étaient pas du billard, ni simples, ni compliquées, difficiles à cerner. Chaque volée étaient un peu tel un pari, je mise sur mon point de visée milieu de 9 gauche, ça devrait passer. Alors quelquefois oui, ou pas.

Match suivant, les allemands. Nous irons jusqu’au barrage pour nous départager à 229 points. Il fallait jouer du viseur. Au barrage, Dom tire un 9 pas loin, Dom pas content. Il en aura fait plein des 9 pas loin, celui-là, on avait envie de lui faire la peau, au 9, pas à Dom. Séb tire un autre 9 en haut, et merde, un peu trop de gaz. Je tire une bonne flèche, enfin une flèche où tous les capteurs sont au vert au moment du départ, le vol se passe bien, je distingue l’impact au centre de la cible et c’est un … 9 pas loiiiiiiin ! ET 1, ET 2… ET 3 ZERO…

C’était la journée où rien ne voulait se passer comme nous le voulions, pour chacun et pour tous ensemble également. Rentrons, demain est un autre jour. Demain est un jour où PJ ne tirera pas de match, mais où PJ cherchera un moyen d’être un bon coéquipier pour Amélie pour notre match mixte de médaille le lendemain. Demain, la nuit sera passée et j’irai voir comment je peux être qualifié pour Rome, ou pas.

Alors me voilà remis entre les mains du sort, comme par hasard, je cherche le contrôle et il m’échappe. Aurais-je alors quelque chose à comprendre, ou bien à voir plus simplement ? Je dois regarder les matchs et attendre que le sort scelle les choses pour ma qualifications à Berlin. Je me suis toujours qualifié par mes points seulement, et non pas par la non-réussite des autres concurrents et cette fois, c’est pourtant ce que j’attends. Je calcule alors, il faut que lui aille gagner la compétition pour me passer devant, lui doit aller jusqu’en quart, lui n’est pas là, lui a déjà perdu… La loi du sport vaut pour tout le monde, alors pourquoi eux ne la subiraient-ils pas ?

J’ai tout suivi, match par match, des 16ème de finale jusqu’en demie finale, interminable, signe de l’importance que j’accorde à ma saison de coupe du monde. Il faut dire que je reste sur ma faim. Je n’ai eu qu’une manche où j’obtenais un bon résultat avec un parcours. Les autres manches étaient bonnes sur la performance, mais pas suffisantes sur le parcours. Et finalement, une personne de la World Archery vient me voir et me pose une question, enregistreur vocal tendu vers moi : « Pierre-Julien, nous venons d’apprendre ta qualification officielle pour la finale à Rome, comment te sens-tu ? » Ma première phrase hors texte a été : « putain de merde c’est bon » ! Ensuite, je réalisais au fil des heures ce que j’avais réussi à faire, et même à comprendre.

Il s’agit de ma quatrième finale de coupe du monde, la grande finale, la prestigieuse, pour faire partie des 7 meilleurs archers de la saison. La dernière était à Lausanne en 2014, où je remportais la médaille d’argent, à bout de forces. Ce souvenir est encore très présent car il représentait réellement mon détachement du haut niveau, malgré une saison 2015 entamée, non terminée pour les raisons que vous connaissez. Je reviens sur une saison 2017 et j’en suis, de nouveau, pour cette grande finale. « Tous les chemins mènent à Rome » , peut-être bien donc, que l’on ait le contrôle ou non. Je n’avais aucun contrôle, alors que je ne pouvais jamais vraiment compter sur le facteur chance auparavant, cette fois me donne du baume au coeur pour me chuchoter que la vie offre aussi de beaux moments. Par les évènements que j’ai vécu, à travers moi et au travers des vies que j’ai croisé, ce moment est un beau moment.

IMG 6125Vendredi après-midi, comme d’habitude, rien est au programme de la compétition, c’est repos pour les athlètes, et boulot pour les WA men et women pour installer le terrain de finale. Donc, pas de sortie, repos et préparation de mon retour en France pour travailler avec un plan de route. Si je ne suis pas organisé, je me perds dans l’immobilisme et quand on est immobile, on ne bouge pas. Si on ne bouge pas, comment progresser ? Donc j’anticipe et une fois à la maison, je sais quoi faire.

Samedi, le match sera l’ouverture de l’après-midi. Il pleut, le temps est maussade. C’est bon d’avoir frais ! Il y a un peu de vent sur le terrain de finale et le temps change très vite, comme en montagne. On s’échauffe et on file matcher contre les danois. Ils sont forts, mais gagner n’est pas forcément l’objectif, il faut déjà tirer et bien tirer pour compter les points à la fin et voir qui gagne. Contrat rempli. C’était parfait, sur les attitudes, l’envie, le plaisir, du beau tir à l’arc. Nous étions à égalité lors de la seconde volée quand Amélie commet une erreur. Elle m’envoyait cette photo légendée pour me faire rire un peu plus tard, et m’autorisait à vous la montrer… Elle a collé des belles pastilles aux bons moments et nous terminons sur deux beaux X bien comme on les aime, sans aucun doute, c’était chouette. Nous nous inclinons pour le chocolat, 154 à 156 sur 160 points, et c’est un très beau résultat.

Les photos

L a vidéo du match

BERLIN X17 2473 X3Ce terrain de finale était une mise en bouche pour moi, je tirais avec les images de Rome. J’attaque 9 gauche, je règle et ne sort plus du 10. Psychologiquement, je n’aborde plus du tout les évènements de la même manière, et j’aime beaucoup ça. Il me reste à devenir cet homme là dès le départ de la compétition, pour être plus souvent sur un terrain de finale. Work in progress.

Ainsi se terminent les quatre manches la coupe du monde 2017 après Shanghai, Antalya, Salt Lake City et Berlin. Il reste la finale à Rome et le championnat du monde à Mexico. La saison est longue, très longue, il faut gérer le temps. Aussi je voulais aborder un sujet, au risque de froisser quelques esprits.

« C’est la loi du sport », « Tu feras mieux la prochaine fois »…

Les « cons » qui m’entouraient, et qui m’entourent encore un peu par la force des choses peuvent présenter ce genre de remarques désintéressées. Attention, je ne dis pas que tous ceux qui ont dit ça sont des cons, non, je dis ça pour les cons seulement, les vrais, et s’ils le sont vraiment, s’ils savent au moins une chose, c’est qu’ils le sont réellement, con. Pour me décharger de la culpabilité qui peut m’envahir lorsque je commets une erreur envers quelqu’un qui ne mérite pas une once d’altruisme, je n’ai de cesse de me répéter que nous sommes forcément le “con” de quelqu’un. Ainsi soit-il, et vive les amis.

Je ne vais pas faire une dissert’ sur le con, son but, sa nature, mais simplement dire ce qui me traverse l’esprit lorsque j’entends un truc pareil, qu’il soit dans le milieu du tir à l’arc ou pas. C’est la loi du sport, le genre qui connaît bien ça, le genre qui sait. Tu feras mieux la prochaine fois, autant dire que tu nous emmerdes avec tes histoires et / ou excuses de sportif, on veut la médaille et voilà, le reste ne compte pas. Alors laissez-moi juste vous immerger dans ce qu’est une compétition internationale. Ce n’est pas une leçon, j’ai envie d’en parler.

Avant de porter le maillot de l’équipe nationale, il faut se sélectionner et donc figurer parmi les meilleurs d’un pays. Cela suppose un investissement en rapport avec les ambitions de la nation en question. Comme la France est un pays qui compte dans les prétendants aux médailles internationales, le niveau requis est celui de l’international, et non seulement le top 3 du pays. Il faut donc se préparer tôt, régulièrement, régler son corps, son esprit, son arc. Cela prend des mois, des années.

L’investissement est aussi financier… Celui qui me case un « de toute façon tu es payé pour faire ça » ou un « tu es sponsorisé et tu ne paies rien », devrait avoir une conversation avec moi s’il ne comprend pas que je ne suis pas né avec un maillot de sponsor, ou une cuillère en argent dans la bouche, ou ailleurs. J’ai investi mon argent dans le matériel et dans la compétition pour progresser. Cela représentait beaucoup d’argent pour tirer le meilleur matériel. Ensuite, les premières médailles mondiales ont été récoltées et j’ai pu obtenir une remise sur du matériel. Puis, après plusieurs années et plusieurs médailles internationales, l’aura d’un archer communiquant par son blog des informations gratuites sur les réglages et autres astuces dont ces mêmes médisants se nourrissent pour alimenter leur prose et l’étaler face à leur plèbe, j’ai obtenu la gratuité de mon matériel. Enfin, après deux années de premier rang mondial tenu et par l’aide à la conception de matériels de tir à l’arc, j’ai pu décrocher mon statut de bébé professionnel archer dans un système qui ne le reconnaît pas encore. Alors cette remarque, n’a pas sa place, et il faut aussi s’investir financièrement, en plus de l’huile de coude.

BERLIN X17 2485 X3Nous passons des heures à nous entraîner pour être sélectionné. Et si nous avons l’opportunité de l’être, alors nous partirons en compétition internationale quelques semaines plus tard. Donc après des semaines de préparation, voire plusieurs saisons d’essais plus ou moins fructueux, nous irons jouer notre carte contre d’autres archers venus du monde entier, dans quelques semaines. Ces semaines forment ensemble des mois de préparation, de pensées diurnes et nocturnes, et rythme notre vie quotidienne. Certaines fois il faut dire non aux invitations de nos amis pour préférer une bonne nuit de sommeil, cramés par les entraînements et le boulot. Le boulot oui, car même maintenant, je dois travailler pour gagner ma vie en dehors du monde sportif et exister dans ce système. J’ai gagné la chance de pouvoir être libre professionnellement à chaque sélection, nous sommes très peu dans ce cas, et j’ai connu le chef qui dit non à la compétition.

Puis arrive la compétition, alors on prépare ses bagages, ses arcs, et on quitte la maison en voiture, puis en train pour arriver au rendez-vous à l’aéroport et retrouver l’ensemble de l’équipe de France. Souvent, il faut déplacer quelqu’un pour nous emmener à la gare, et nous ramener à la maison en fin de compétition. Les trajets ne sont parfois pas très loquaces, ni à l’aller, ni au retour.

On attend le train, puis l’avion. On vole de l’autre côté de la planète et on se retrouve dans un milieu hors du temps, dans l’irréel, ce n’est pas une vie « normale », c’est une semaine de sportif. Cela prend des heures, souvent décalées, et le corps mettra du temps à s’accoutumer. Cela fatigue, beaucoup, et on s’habitue à cette fatigue, elle devient commune, tout comme l’accoutumance à la nourriture et à ces petites bébêtes présentes dans les aliments et dans l’eau de chaque continent, inoffensives, mais obligeant le corps à se défendre. S’il se défend, il consomme de l’énergie, la même qui nous sert à tirer l’arc.

Ensuite il y a les entraînements, officieux, officiels, et l’entrée en matière. Il faut passer le contrôle des juges pour la tenue et le matériel, espérons que tout soit en ordre sinon, quels seraient mes recours pour réparer, pour me mettre en conformité ? Je ne suis pas à la maison avec tout ce qu’il faut pour corriger. La bascule entre l’espoir et le doute est si rapide. Plusieurs jours après le départ de sa maison, son doux foyer, son repère, ses racines, la compétition commence, l’attente aura été longue…

Mais si je remontais au tout début de ma préparation, avant la sélection, alors que je commençais à entrevoir l’objectif de me trouver ici, dans ce pays, pour cette compétition ? Pfiou, le flash-back fait mal aux cheveux non ? On ne parle pas de mes cheveux svp. Merci ;-)

Les premières flèches qui marquent sont tirées, et il peut y avoir des boulettes, mince. Il y en a, merde. Il y en a beaucoup, je tiens bon aller !!! Pour l’équipe ! Les qualifications se passent sur une journée, puis on rentre à l’hôtel quand on ne doit pas attendre la navette sur le terrain, quelquefois, c’est très long. On ne peut pas vraiment s’exprimer, se lâcher, par respect pour le reste de l’équipe, donc on se contient et on fait comme si ça allait, donc on consomme encore de l’énergie. La nuit passe entre colocataires et on pense aux matchs du lendemain. On se fait des films sur ce qu’il pourrait se passer, et on y arrive finalement, à ce premier match, en espérant qu’il y en ait un deuxième, puis un troisième… J’ai écrit une page complète pour en arriver à parler de ce match, et le voici.

Après cinq volées de trois flèches, une seizième flèche en supplément pour les indécis, le couperet tombe en cas de défaite. Retour à la maison, rentre chez ta mère et recommence. Rapide non ? Deux lignes.

Je trouve qu’on ne parle pas assez de la partie immergée de l’iceberg, et j’avais envie d’en causer, juste là, maintenant, avec un « c’est la loi du sport » ou un « tu feras mieux la prochaine fois ».

Alors tu retournes chez toi et tu recommences ? Oui tout de suite, je suis trop bouillant là… L’adrénaline de la défaite existe aussi, mais malheureusement, il faut attendre, encore, jusqu’à la fin de la compétition. Aussi il y'a l’équipe, et il faut se donner les moyens de ne se planter qu’en individuel pour ne pas planter l’équipe toute entière. Le jour d’après encore, il y a l’équipe, et le jour suivant encore. Les deux jours qui suivent sont consacrés aux finales et on doit souhaiter qu’il y en ait pour notre pays, les médailles donnent de l’énergie pour en gagner d’autres et peuvent avoir tendance à se répartir entre les catégories !

On gagne le droit d’entendre ce genre de remarques le jeudi, jour des individuels, le retour ne commencera que le lundi suivant, quatre jours plus tard. La téléportation n’étant pas encore au point sans dislocation abusive du corps humain, c’est exactement le chemin inverse que nous devons faire pour rentrer à la maison qui sera mêlé d’un sentiment partagé entre le bonheur de retrouver son chez soi, rincé, et la déception de ne pas avoir réussi.

IMG 7130Et pourtant, au lendemain du retour dans mon doux foyer, la seule chose qui me vient à l’esprit est 

« recommence, gagne ».

Et lorsque les victoires s’enchaînent, ces moments n’ont pas de prix, ni pour nous, ni pour ceux qui nous emmenés à la gare. Ca vaut le coup, oui, ça vaut vraiment le coup.

A bientôt les Zamicionados ;-)

Archerycalement, bisous.

>>> - - - Pierrot - - - > X D

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