GRIV nime 2016

J'aime Nîmes...

Des milliers d’archers et de spectateurs se croisent entre le grand parc des expos et le beau Parnasse. D’abord on flâne dans les stands, ensuite on tire parmi les meilleurs archers du monde, et enfin on assiste à un spectacle de son et de lumière, d’arc et de flèches.

NIMES15 1K2A7862S’il faut reconnaître une chose, c’est la beauté de ce tournoi international de tir en salle. Habillé et classe, le parc des expositions nîmois est le salon du tir à l’arc à la française. S’il est une manche de la coupe du monde en salle ouverte à tous les archers désireux de voyager entre Marrakesh, Bangkok et Las Vegas, il demeure exclusif par son ambiance et son style. Des milliers d’archers et de spectateurs se croisent entre le grand parc des expos et le beau Parnasse. D’abord on flâne dans les stands, ensuite on tire parmi les meilleurs archers du monde, et enfin on assiste à un spectacle de son et de lumière, d’arc et de flèches.

Avec le nouveau record du monde des qualifications arc classique dame à 594 points, le tournoi peut désormais être fier de regrouper les quatre records mondiaux des quatre grandes catégories olympique et arc à poulies, homme et dame (Park 594, Jones 595, Frangilli 597, Schloesser 600).

J’aime ce tournoi, il arrive juste après les fêtes, ni trop tôt, ni trop tard. La lumière est toute particulière, surtout vue du scope. On parle franglais, quelque fois français à des étrangers, ou anglais à des français, on ne sait plus trop mais qu’importe cela se termine par un sourire. Les stands sont bondés, les pas de tir aussi. Pour moi, c’est l’occasion de reprendre contact avec mes partenaires, et de revoir mes amis du tir à l’arc. C’est toujours un bon moment. Je passe beaucoup de temps à discuter, parfois même un peu trop ! Cette année, je ne suis même pas allé à l’entraînement le samedi, j’ai voulu profiter de cet épisode avec mes amis, et de nombreux fans géniaux ;-) 

IMG 3549Seulement à Nîmes, le 9 coûte cher, alors je m’étais préparé progressivement à ce tournoi. Après quatre mois sans arc, sans tir, sans rien en lien avec le sport, je reprenais il y a six ou sept semaines. D’expérience, je sais qu’en un mois et demie, la performance n’est jamais très loin de son zénith. Je ne voulais pas revenir sur un tournoi bien-aimé pour tirer sans plaisir. Mon plaisir passe aussi par la performance. J’ai repris les choses simples, qui fonctionnent et avec lesquelles mes repères sont forts. Condition sinequanone à ma reprise du tir à l’arc, je voulais du matériel de qualité, du très haut de gamme. Il arrive petit à petit, à mesure où le travail d’équipe porte ses fruits.

Le seul changement matériel opéré était mon nouveau décocheur Arc Système, “L’Attendu”. Il est en laiton, il reprend la forme et le système du BT4 avec une amélioration significative de ses axes et de ses matériaux. Deux années de travail sur des prototypes et le voilà fixé, et superbe. La chronologie est bien présente, et c’est un travail que j’ai mené avec  rigueur et loyauté. Ce bijou de Prestige est à ma patte, et je le présenterai dans un article dédié très bientôt avec un nouvel instrument de stabilité, tous issus de ma collaboration avec AS.

 

Qualifstotal qualifsJe me suis inscrit très tard, alors je n’avais plus le choix du départ. Je tirais dès le vendredi à 14 heures, je n’ai pas cherché à modifier cet horaire qui me convenait parfaitement. A deux heures de route du tournoi, j’arrivais frais à Nîmes en matinée. Quelques heures plus tard, je tirais une première série à 297 points, et une deuxième à 300. C’est mon record nîmois. J’ai passé l’ensemble de mes qualifications à me marrer avec Georges Rials, alias “GRIV”. Il est le coach master arcs à poulies du centre d’apprentissage Easton aux Etats-Unis. On peut très bien se détendre et être performant, l’un n’empêche pas l’autre. Il me fallait juste remettre une dose de concentration pour ne pas commettre une étourderie. Avec cette deuxième série parfaite, je suis satisfait de la première règle du tournoi : figurer dans les finales du tournoi principal. Ce bon tir de qualification est une attestation de performance pour la suite de la saison, bien se placer sur ce tournoi prisé et déjà une bonne nouvelle. Et ce n’est pas chose facile ! 

 Cette année, le premier tirait 599 (J.Broadwater), et le trente-deuxième 589. Trente-deux archers se disputent dix points. Le point n’est pas divisible, l’aléatoire est inévitable. La deuxième règle du tournoi principal pointe son nez… Les égalités sont départagées au tirage au sort, le tableau de match est effectué sur la base de ce classement “à la pièce”. L’avantage est l’impossibilité de stratégie pour tenter d’obtenir un bon tableau. Arrive la loterie de ce qu’est le tir en salle en match, et sa règle d’or : accepter le hasard. 

 Qualifications : après 60 flèches, 32 archers se partagent 10 points.

 Eliminations : 32 archers doivent se départager en seulement quinze flèches pour en éliminer la moitié.

 Un fait sur ce tournoi : la moitié des archers en huitième de finales ont perdu avec 149 points !!!

GRIV nime 2016Je reviens sur un évènement de l’an dernier. Mike Schloesser tirait le score parfait en qualifications, 600 points. Il recommençait avec 150 points encore parfait en seizième de finale. Il rencontrait un archer ayant tiré 590 points, parfaitement capable de scorer lui aussi un match à 150 point. Une flèche de barrage pouvait être tirée au 10 pour les deux archers. Mike pouvait perdre  au premier tour sans avoir tiré un seul 9 de toute la compétition, à l’appréciation plus ou moins imaginative de la loupe d’un arbitre, pour un tube planté au travers d’une feuille de papier épais, fixé par quatre clous sur une surface meuble et peut-être défoncée, en tout cas d’un état de dégradation différent de celle du voisin. Inégalité et hasard, l’aléatoire règne paradoxalement à la discipline reine de la recherche de précision ultime. Ce tournoi est plus relevé qu’un championnat du monde, pas de limite de participants par nation, alors les nations fortes peuvent venir en masse et élever le niveau. Tout se concentre de plus en plus proche du score parfait. Face à ce constat, je ne peux que me fixer un objectif de performance pure sur les qualifications, et tenter de produire ce même niveau en match, en attendant de savoir de quel côté retombera la pièce. Le vainqueur du tournoi de Nîmes est d’un niveau exceptionnel, chaque année, accompagné d’un soupçon d’aléatoire qu’il faut accepter. J'abordais d'ailleurs ce sujet avec les élèves de Georges Ryals le vendredi soir où je les rejoignais pour le dessert. Avis partagés et dialogue très constructif auprès de jeunes archers déjà très expérimentés, abordant une philosophie différente du tir à l'arc sur leurs terres américaines. J'en profitais pour servir d'interprète pour les commandes au restaurant... L'accent américain sur un menu français est fort sympathique, assez peu compréhensible, mais tellement drôle !

eliminationsEn seizième de finale, le tableau me faisait rencontrer Reo Wilde, un jeune qui débute dans ce milieu. J’étais bien préparé, n’ayant pas tiré de la journée et pensant encore à des images de calme où j’étais à la maison avec #MaNanaKiDéchire et #SamLeChatKiRoupille. A dire vrai, c’était dur de reprendre mon arc. Le tournoi me coûte beaucoup d’énergie et je ne me sentais pas la caisse pour tenir jusqu’au bout. Je l’ai vite constaté au regard de mes impacts et de la qualité de mon tir, un peu raide et à la traîne de deux points contre Reo. Je me préparais à perdre en tirant du mieux que je pouvais quand Reo commettait une lourde faute de tir. Il tira une flèche hors cible, son décocheur larguait prématurément lors de l’armement et me transférait un avantage de huit points pour la dernière volée du match. J’ai déjà commis une telle erreur de tir avec un back tension, trop d’engagement et d’agressivité, au détriment de la lucidité qui implique la notion de prudence. Les doigts qui permettent la bascule de décocheur ont une prise plus ferme et le crochet largue. Plus on avance dans les tableaux de matchs, plus ce facteur lucidité est important pour ne pas commettre d’erreur fatale. Il était le plus précis sur ce match, et perd sur cette faute. J’étais désarçonné après cette flèche, je ne pouvais pas être démonstratif, ni d’un côté ni de l’autre, mais je devais me projeter sur le match suivant sans commettre à mon tour une grosse erreur.

 En huitième de finale, je rencontrais Sergio Pagni, un autre débutant, triple champion d’Europe et champion du monde en titre ici à Nîmes pour ne citer que la salle en individuel. On a fait un bon match, 149 points partout, c’était la bagarre comme on l’aime. Il y a eu la flèche de barrage ensuite, avec deux beaux 10. J’étais à deux millimètres à droite de la croix, il n’en avait qu’un de son côté. Son blason était gondolé et le papier était bombé, le mien était déchiré et un trou nettement plus important que le diamètre de ma flèche. Ma seule déception est de n’avoir pu continuer pour entendre encore un peu plus les encouragements depuis les tribunes ! C’était bon de retrouver cette ambiance, j’adore ! Pour l’aspect sportif, je suis très content de cette nouvelle édition, et je ne peux pas regretter une sortie en huitième de finale sur un si beau match. Tout est bien qui finit bien.

 Mon objectif de saison se situe sur le tournoi de Las Vegas, où aussi je me suis inscrit tardivement. Mon ami et coéquipier Sébastien Brasseur, père du “Big Ten Challenge” dont une édition se tiendra dans mon club pour la Saint-Valentin, m’accompagne sur le plus grand évènement de tir à l’arc mondial. Lors du World Archery Festival, “tant qu’il y a des 10, tu restes en vie”. Le 10 est le dix classique, à atteindre trente fois par jour pendant trois jours et sans le manquer une seule fois, pour figurer parmi les archers du “ShootOff”. Ensuite le dix est réduit au X, mais pas d’élimination direct, tous les archers sont sur la même ligne de tir, en simultanée, et continue tant que leur score est au moins égal au meilleur du terrain… Ce format correspond parfaitement à ma ligne de travail technique pour devenir meilleur dans les compétitions World Archery, qu’elles soient en salle ou en FITA. Le reste suivra.

 J’ai passé le reste du tournoi entre amis, ou avec des passionnés et des fans dans les stands des marques qui me font confiance. Nous parlions de matériels et de technique, simplement, en passant un bon moment. J’adore ce tournoi, pour sa richesse qui n’est pas seulement un decorum, mais aussi et surtout une ambiance que chacun d’entre vous y mettez par votre engouement. Je vous donne rendez-vous l’année prochaine à Nîmes, et d’ici quelques jours pour mes articles sur l’arc Hoyt Hyper Edge Elite que je m’apprête à monter pour tests, sur le décocheur L’Attendu, et sur l’ensemble de stabilisation Prestige d’AS.

 A très bientôt, au plaisir de vous lire et de vous croiser.

 Archerycalement,

 Pierrot.

 

 

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