Spike

Las Vegas a du chien !

L’année prochaine, on y retourne. A Vegas, il y a un magasin de chasse et pêche grand comme un hôtel-casino où on s’entraîne à l’intérieur, un autre avec dix mille paires de santiags. Les T-bones steacks sont succulents, les burgers aussi, et vous vous rendez au steackhouse en Camaro, Dodge Charger, ou bus-boîte-de-nuit, c’est au choix… Les hôtels, comme tout le reste, sont démesurés. Le prix ? Démystifiez cela...

SpikePour la cinquantième édition, le Lucky Dog remporte le Vegas Shoot, et c'est un fait historique qui revient à l'italien Sergio Pagni dès la première volée ! Retour sur le tournoi le plus difficile du monde...

Je me suis inscrit tard, je ne me suis pas préparé spécifiquement, et j'y étais tout de même comme objectif principal de ma saison. Le format World Archery laisse supposer qu'un archer tirant le score parfait peut être éliminé dès le premier tour, tandis qu'à Vegas, les 10 maintiennent en "vie". On parle de mort subite, de 900’s club. On parle aussi de finale de la coupe du monde en salle : Marrakesh, Bangkok, Nîmes et Las Vegas. J’étais médaillé de bronze à Marrakesh, Nîmes et Las Vegas l’an dernier lors de la finale. Chaque manche rapporte des points. Cette saison où je reprenais tardivement, je ne participais pas à la coupe du monde, et je ne tirais ainsi pas le samedi soir.

Revenons à nos moutons, sur les règles particulières de ce tournoi prisé de trois mille archers qui tirent en santiags : pas de hauteur de blason réglementaire, on s'installe où il reste de la place sur la cible attribuée. L’archer est responsable de son blason, l'arbitre doit pouvoir lire le cordon, sinon le point inférieur sera prononcé. Les spots sont disposés en triangle, sur un fond gris. La puissance des arcs n'est pas limitée à 60 livres, les flèches de diamètre 27 sont autorisées. Une série à 300 points par jour, sur trois jours, sur le gros 10. Au bout du troisième jour, les archers à 900 points s'alignent et tirent en mort subite sur le X dans le "Shoot Off”. Un seul archer parmi les 899 sera rattrapé pour le Shoot Off. Tous les scores à 899 s'alignent aussi pour tirer un X "inside-out", pleine balle, le cordon est défavorable. Le vainqueur est le "Lucky Dog".

Ce format de compétition est excellent. Il demande une grande endurance de concentration, et une grande maîtrise de l'enjeu : la prime est habituellement de 25000 dollars. Pour ses cinquante ans, le tournoi offrait une prime doublée. Il faut être capable de rester parfait pendant trois jours, en oubliant ou en acceptant l’enjeu le plus important du monde actuellement.

Oui mais voilà, tout n'est pas si simple... Le 10 est plus grand, les flèches peuvent être plus grosses, la tolérance est plus mince ! La tête comprend qu’une zone est plus facile à atteindre, le corps suit et les petits défauts aussi. Le 9 arrive aussi facilement qu'une faute de concentration sur un format World Archery que nous connaissons très bien. Pour corser le jeu, il n'y a pas de lumière additionnelle devant les cibles, c'est l'éclairage ambiant de l'arène hippique, une vingtaine de mètre plus haut au moins, qui laisse deviner les blasons au fond gris. La moquette aussi est grise, et le peu de lumière ne parvient pas à se réfléchir sur le sol. Le sol est celui d'une arène de chevaux, irrégulier donc, et faut-il trouver sa bonne position de confort dans entre deux trous de sabots ! Enfin, on ne tire pas aligné, mais en carré comme en FITA sur blason de 80, en haut et en bas. A la cinquième volée, il ne faut pas oublier d'inverser... Tirer sur le blason du bas demande vraiment une inclinaison de la posture pour trouver sa stabilité, comme en tir campagne. En définitive, on ne peux pas comparer le tournoi de Las Vegas avec un autre au format World Archery dans lequel on compterait sur le gros 10. C’est un tournoi “signature”, l’habituel n’est pas, c’est une fois par an, et chaque année un “mais quel jeu à la con” nous traverse l’esprit !

Pour ma cinquième participation, je souhaitais décrocher mon premier 900, en continuant sur des X de Shoot Off, en puisant toute l'énergie dans mes nerfs. J'aborde désormais la compétition avec une philosophie différente, j'en parlerai à l'occasion ;-) Le break m'ayant fait du bien, je devais aussi accepter certaines carences dans ma préparation. C'est pour cette raison que je décidais de tirer avec mes flèches au diamètre 23. Je souhaitais volontairement tirer mentalement sur le X avec mes flèches conventionnelles, en m'aidant du matériel pour orienter l'esprit. Je suis content de ce choix qui m’aura apporté les repères mécaniques nécessaires à une bonne performance, et une bonne tolérance basée sur le connu.

Premier jour, tout se passait bien jusqu'à la neuvième volée. Je tirais avec mon pied gauche plus bas que le pied droit, le sol de l’arène n’est pas régulier. Dans ce sens, pas trop de problème sur le pied qui porte l’arc, mon corps le gère bien au niveau postural. Je demanderais bien à ce que les chevaux trottent avec des roller-rouleaucompresseurs à la façon d’un Holliday-on-ice terre-battue avant le tournoi, mais je pense qu’on va me prendre pour un déglingo…

areneMa grande difficulté reposait sur la visibilité du blason et de la ligne de mire. Ma vue à un peu souffert des années de sport asymétrique, mais aussi des heures de quart à scruter des écrans d'ordinateurs ou des gyrocompas de navires dans le noir. Dans des faibles conditions d'éclairage, je vois “cotonneux” et je force en permanence. Ce n’est pas un problème en soit, il s’agit de s’adapter pour s’en accommoder. Pour cette raison, j’étudie tout ce qui touche à la vue avec les personnes-qui-vont-bien et des solutions arrivent. Je ne conçois pas le tir à l’arc en y voyant mal ou flou. Il y a une limite à la qualité de la définition d’image pour comprendre où vous vous situez. Cette limite est personnelle, et interprétable. Le subjectif vous laisse entrevoir une cible plus ou moins grande selon la qualité de l’éclairage, vos émotions et vos petits réglages de matos sont des variations potentielles à cet effet. En tir FITA, tirez blason au soleil en fin de journée, et laissez la nuit tomber tout en tirant. Vous continuerez à être dans votre truc à l’aide d’une persistance de votre image de visée dans une zone plus difficile à distinguer. Cela dure un temps, qui dépend de votre vue, de votre matériel, des contraintes qui caractérisent votre tir, et de votre forme du jour. Mal voir le blason est une chose acceptable, mal voir tout autour cause une mauvaise gestion de l’espace est influe directement sur l’équilibre… Alors vous comprenez pourquoi j’émets une réserve lorsqu’on me pose la question de la stabilité ? Ok, j’écrirai aussi sur l’image de visée un de ces jours…

Bref, à Vegas, j’ai perdu mon équilibre sur la 24ème flèche et ma visée connaissait une embardée.  Le score fut sans appel, un 9, pleine balle. Je n'attribue pas ce raté au stress. Il est évident que je ne tirais pas serein, je devais prendre confiance et ce tournoi est difficile.  Chaque flèche compte. Cette flèche était très amère, et je tirais les cinq dernières de la série sans pression, mais sans conviction non plus. Dégoûté. Je termine avec 299 et 27X cette première journée.

VEGAS16 B16 6452Le soir, j'étais invité à présenter le nouvel athlète de l'année. J'étais élu l'année dernière par vos votes, et c'est avec un immense plaisir que j'ai accepté de représenter ma catégorie pour annoncer mon successeur. D'autant que parmi les nominés Sébastien Peineau était un sérieux successeur en liste. La World Archery souhaite soigner son image et celle de ses meilleurs acteurs de l'année dans chaque catégorie d'athlète, mais aussi de photographe, de newcomer (le meilleur nouveau performeur) et de bénévole. A Las Vegas, il s'agissait du deuxième gala de la World Archery pour décerner ses awards. J'apprenais en ouvrant l'enveloppe secrète le nom du pouliste homme de l'année : le Danois champion du monde Stephan Hansen, figurant avec Sébastien, Mike Schloesser, Demir Elmaagacli et Abhishek Verma. Ces archers méritent tous que vous portiez une attention à leur parcours de l'année, ils ont tous été remarquables, et chacun dans une compétition différente entre salle, coupe du monde, finale de coupe du monde ou championnat du monde. D'autre part, un français s'illustrait dans le domaine de la photographie : Thierry Quehen, archer, photographe, coach. Élu photographe de l'année, je vous invite à découvrir son site Glance at Pics ! Bravo Thierry ;-)

Vegas, c'est aussi beaucoup de représentation pour les archers "Pro" du staff. Entre World Archery et NFAA, et tous les sponsors, les meetings sont nombreux et demandent une organisation solide pour trouver du repos entre les tirs. Le strip (artère principale de la ville) n'était pas beaucoup au programme, mais j'ai tout de même apprécié un petit tour devant les fontaines du Bellagio dimanche soir !

Retour à la compétition, deuxième jour. J'ai tiré un 9, j’ai eu les pattes coupées dès le premier jour, voilà un fait. Il s'agit maintenant de ne plus faire l’idiot et d'aborder le tournoi comme si rien ne s'était passé. Je dois faire le plein sur les deux prochains jours. Je tire sur la même cible, pas de problème, et je suis plutôt précis en terminant avec le plein et 27X. Je ne vais pas m'étaler sur cette série, sinon vous dire que c'était une "routine" de perf qui se déroule normalement en attendant le lendemain. Une flèche, un 10, et voilà.

LVDernier jour, trente 10 à tirer et je tirerai la carte chance. Après deux séries, les cibles sont réorganisées suivant le classement intermédiaire pour permettre à tous les archers au plein de s'identifier clairement et faire monter la pression. Tous les archers à 599 sont aussi ensemble pour aller chercher le chien. Je changeais de pied dans le vide, c'était le pied arrière cette fois, et ce n'était pas du tout mon truc. Impossible me trouver une posture correcte en ayant le bassin cassé en arrière en tirant un blason très bas. C'était chaud patate, borderline plusieurs fois, il ne s'agissait pas de pression mais bien de tir. Je n'ai pas aimé cette série qui se termine avec 300, seulement 24X, et pas une ambiance top. C’est quand même 899, je décroche le droit de sortir le chien.

samLe chien, c’est une règle propre à Vegas… Seulement cinq archers tiraient 900 points, tandis qu’une quarantaine ne tiraient qu’un seul 9 ! Donc, une quarantaine de Lucky dog alignés pour tirer une première flèche au X normal. Tout le monde reste après cette flèche… Le compte passe ensuite au cordon défavorable dans le X. Il ne faut plus toucher les bords. Seuls trois restent ! Pagni, Pagnoni et Perkins. Les trois archers ont tiré quatre flèches avant que Pagni et Pagnoni ne fassent ensemble un nouveau X inside-out en éliminant Perkins. Les deux italiens restaient en lice sur trois flèches, alors que Pagni tutoyait le cordon X à chaque coup pour finir pleine balle et être le Lucky Dog. C’était chouette, et pas volé. 

Pour la p’tite histoire, parce qu’après tout c’est pour ça que vous me lisez (et que j’aime écrire), je papotais avec Sergio pendant les qualifs. On s’entend bien, on rigole, on parle d’autres choses que de tir et c’est sympa. Je lui montrais des photos de mon chat, que ma #NanaKiDéchire m’envoyait pour mettre en lumière quels encouragements je recevais de #SamLeChat… Et Sergio m’annonçait qu’ils étaient trois dans la famille ! Avec Athena, son petit chien. Finalement, l’histoire dévoilera que ce p’tit bout sera officiellement son Lucky Dog. Nous, on a Sam le chat, officiellement identifié comme étant le #LazyCat ! Donc, COMMENT VOULEZ-VOUS QUE JE REUSSISSE CE P***** DE TRUC DE IENCH CHANCEUX HEIN ??? 

Il y eu ensuite le fameux Shoot-Off, où les archers à 900 et le Lucky Dog s’affrontent en mort subite. C’est-à-dire toucher le 10 jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Seuls les plus hauts scores de la volée de l’ensemble du pas de tir passent le tour suivant. Les tireurs attaquent direct au X comptant 10, il n’y a plus de gros 10 comme c’était le cas les années précédentes durant les deux premières volées. Une volée de chauffe sur le terrain est autorisée, et c’est parti. Pas d’élimination en tête-à-tête, si un seul archer fait 30 points et que l’ensemble de la ligne de tir fait au moins un 9, le vainqueur est prononcé et tous les autres devront tirer à nouveau pour définir qui sera le second, le troisième, etc. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé, sauf que le vainqueur était pour la première fois, le Lucky Dog, dès la première volée !!! Sergio Pagni a tout gagné en salle, sa technique est propre à lui, relâché, mais son mental est vraiment très fort. Quand “les jeunes” frappent à la porte, il les emmène encore à l’école. “Grande Sergio” !

Ce cinquantième anniversaire du festival mondial de l’archerie est historique par son vécu, et par l’inédit de cette édition. Une organisation à l’américaine, où parfois le confort à des allures spartiates. Les possibilités d’entraînements, payantes, étaient victimes de leur succès. Trois milliers d’archers sur trois jours, tirant chaque jour, causaient forcément de très longues files d’attentes pour s’entraîner. Il faut donc y arriver prêt, au cas où l’intendance ne s’améliore pas l’année prochaine, ce dont je doute. La lumière est inexistante et fatigante dans l’arène, les autres salles sont bien plus agréables avec un sol régulier et un éclairage normal (salles de conférence). Il y a donc des défauts, mais tellement de raisons d’y aller !

IMG 0805L’année prochaine, on y retourne. A Vegas, il y a un magasin de chasse et pêche grand comme un hôtel-casino où on s’entraîne à l’intérieur, un autre avec dix mille paires de santiags. Les T-bones steacks sont succulents, les burgers aussi, et vous vous rendez au steackhouse en Camaro, Dodge Charger, ou bus-boîte-de-nuit, c’est au choix… Les hôtels, comme tout le reste, sont démesurés. Le prix ? Démystifiez cela, j’ai voyagé aller-retour pour 390€… En général, un vol de Paris sera entre 600 et 800€, mais on peut bien tomber. Pour se loger, il y a des bons plans aussi, comme la location d’un appartement avec des amis. Vous mangez un super p’tit déj, tenez facilement toute la journée tellement la nourriture est chargée, et dînez sans avoir perdu une miette de votre temps. Avant de voir des gamins de six à dix-sept ans tirer comme les pros arc à poulies, idem en finale devant trois mille spectateurs, avant de flâner dans les stands qui proposent du matos nettement moins cher qu’en France, vous pourriez rêver en hélico au-dessus du Grand Canyon, ou le Red Rock, ou Death Valley… Bref, remplissez votre tirelire tranquillement, cassez vos habitudes et partez ! Vous ne percevrez plus du tout le tir à l’arc de la même manière…

Maintenant que je vous ai vendu le tournoi en cherchant à vous émanciper de la salle conventionnelle, je repars sur la sélection pour le championnat du monde d’Ankara ce weekend. Elle se tient samedi matin à Riom (Auvergne), et se poursuivra l’après-midi si X affinités. A cette occasion, stop chez AS, Arc Système, pour faire le point sur la nouvelle gamme Prestige, son décocheur, sa stab, son système d’orienteurs, et tout le reste avec Séb Brasseur et Dom Genet.

A+ Les Z’amis

#Sam

 

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