PJ Deloche

Rétro-perspective ;-)

 

Mes chers amis,

 

Confidentiel depuis quelques mois, je me suis écarté de mon site, des médias et des réseaux sociaux. Ai-je eu l’intention de tout stopper ? Oui, et c’est ce que j’ai fait. Le temps de me retrouver, je suis en accord avec moi-même et c’est avec un immense plaisir que je vous retrouve, arc à la main. J’avais intitulé ce texte “Rétro-perspective” au mois d’août alors que je l’écrivais. J’ai eu envie de revenir sur l’année qui vient de s’écouler et au final, je ne le ferai pas, autant voir devant et ce réveillon est une belle occasion de tourner une page. Les lignes qui suivent sont un remix des mots que je choisissais l’été dernier. 

 

 

 

 

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"De l'entraînement officiel à la dernière flèche des éliminations, le championnat du monde à Copenhague se montrait chahuteur et chaotique. Serait-ce un tempérament nordique ? Nous sommes au mois de juillet, de la canicule franchouillarde à la fraîcheur danoise, l'air marin me rappelle quelques livres d’histoires bien salées. Les nuages défilants à toute vitesse au-dessus d'une terre dont le sommet le plus haut culmine à 170 mètres, un camaïeu grisonnant rythmait les journées au pays de La Petite Sirène. Au terme d'une compétition frustrante, objectif principal de la saison, ma réflexion naissait naturellement, calmement. Il était temps de se dégager d'un engrenage grippé pour installer mon nouveau rythme. Voici comment je suis arrivé à annoncer ma fin de saison 2015.

J'en ai eu ras le bol, on ne va pas se mentir. Ras-la-casquette de bouger, encore et toujours, sans jamais me fixer quelque part. Elevé à l'élastique, je partais d'un point fixe et solide. De plus en plus loin, ce point fixe est devenu mobile et c’est une histoire de famille comme il peut en exister d’autres bien tristes. Une double carrière menée en bateau par des Charles-Henri de l’école de la mèche jusqu’au congé sans solde obtenu de justesse entre deux tombes, le sauveteur pouvait sauver les siens, sans recevoir d’aide lui-même. J’entendais parler d’assistanat… Connaît pas. #DMTTS (DéMerde Toi Tout Seul)… Ca oui, je connais, et vous aussi.

Fatigue immense, sentiment d’accomplissement, fort vacarme, et soudain le calme, plus rien. Alors je suis tombé dans un travers négatif d'immobilisme. Les jours sombres et un désert particulièrement long à traverser, cette étape ne pouvait qu’arriver. Je n’ai eu qu’à arrêter de forcer pour la voir venir et s’installer. L’espoir revenait tranquillement parfois, mais uniquement sans les arcs. Et oui, je ne parle pas encore de tir à l'arc.

Participer à l'international était un rêve, un but. Une fois le rêve réalisé et le maillot de l'équipe de France revêtu, j'étais obnubilé par le classement mondial et par les médailles et titres. J'ai enchaîné, avec parfois des allures de conquête, et parfois un énorme plaisir. J'ai réussi cette première partie, jusqu'à cette année 2015 où tout s’est passé avec difficulté pour mon sport et pour ma vie. J'ai tout essayé, à y passer des heures, jour et nuit, à tenter de comprendre ce qui ne passait pas. Pourquoi tant de travers dans ces moments où je pensais avoir trouvé la clé de la réussite ? Du physique au mental, du matériel aux réglages, je me présentais à certaines compétitions pour en repartir aussitôt quand il ne s’agissait pas d’international. A Phoenix, Shanghai ou à Antalya, je ne pouvais reculer, alors je tirais mes arcs à 110% pour rester compétitif. Réglages de fortune, bricolage, compensations, ténacité et tripes serrées, j'arrivais à maintenir le navire à flot malgré une route erratique. Cela ne venait pas de mes arcs, ni de ma technique, ni même de mon physique, je sais le reconnaître parfaitement, alors quoi ?

Quel est le nouvel élément magnétique dans mon gyrocompas au point de perdre mon cap ?

Qui peut avoir une telle influence pour me déséquilibrer de la sorte ?

Ce “qui”, ce “quoi”, c’est … moi-même.

Pour des raisons multiples et avérées, je me suis écarté de ce qui représentait mon cadre, l'armée. Je me suis écarté de ce qui coule dans mes veines de rêveur, la mer. Je me suis confronté à quelque chose que je n'avais encore jamais décidé, mais quelque chose qui reste ancré en moi depuis le début, bien avant que les archers ne me connaissent. Je parle de mes racines, pas celles de mon métier, ni celles de ma famille, les miennes. Ce chemin met le doigt où il fait mal. J'ai loué des appartement boîte à chaussures, meublés, dortoir, pendant quinze ans. Entre-autre, je passe les bannettes de pointus gris et chambrées galonnées ici et là. Je m'amuserai sans doute un jour à reprendre les kilomètres, nautiques et miles parcourus. Je ne regrette rien de mon parcours, il est riche d'expérience et c'est une merveille que d'avoir eu cette vie. Je la raconte, en contant diverses histoires de marin, de sauveteur ou d'archer, avec les yeux qui pétillent. C'est une rétrospective qui fait de moi ce que je suis devenu aujourd'hui. 

Manifestement, à l’expérimentation de cette nouvelle vie, un élément ne me convenait pas. Après bien des tentatives infructueuses, et des mois à évoluer sans but et sans lumière, je reprenais contact avec ma plume et mes petites antennes pour trouver ce perturbateur…

Quel est le lien entre une vie d'obligations, et une vie libre ? 

Le temps !

J'employais des termes comme abnégation, sacrifice, pugnacité, persévérance, tous liés à une situation d'adversité. Le but était le désamorçage d'un paradoxe de marin sauveteur numéro un mondial qui doit traverser un épisode personnel grave. Je travaillais dans l’urgence permanente, au service des autres. Je glanais tous ces titres sportifs pour exister “officiellement” un jour peut-être au sein de “l’armée de champions” (entre guillemets, car de mon point de vue, un civil n’est pas un militaire, tout olympique qu’il soit).

Puis, ces mots sont devenus, calme, solitude, et perte de repères. Passer de l'un à l'autre s'effectue au fil du temps, en prenant le temps, malgré le temps qui avance… tic tac tic tac... 

J'ai subit la pression sans mécanisme pour la contrer, à pédaler dans la semoule. Tu m’étonnes que j’m’sois gaufré !!!

La clé est une perspective. Le temps passe et me fait peur alors que tout s'enchaîne entre coupes du monde et championnats quand une saisons bat son plein. Je suis passé du rang de médaillé multi-récidiviste à celui de participant galérien. J'ai donc annoncé ne pas souhaiter être sélectionné pour la suite de la saison 2015 dès la fin du championnat du Monde à Copenhague. Le temps était trop court entre ce championnat du monde à Copenhague et la prochaine coupe du monde à Wroclaw. Pourtant, c'est une destination que j'affectionne, où j'ai remporté l'or deux fois de suite. J’étais toujours numéro 1 mondial grâce à ces deux saisons de furieux et 310 points pour le maintenir. Mon niveau de performance revenait avant de reprendre les assauts danois en pleine tronche. J'avais une chance de rebondir... 

La vraie question n'était pas de savoir mon potentiel à remporter une nouvelle médaille, elle était de connaître pourquoi je fais cela, ce que je veux par-dessus tout, et sur quel élément je dois réellement rebondir...... Est-ce la performance ? Ou bien n'est-ce pas quelque chose de plus fort encore, quelque chose qui occupe 99,9% de mon esprit depuis quelques mois ? Le doute a été l’élément de décision.

J'ai tenu mon engagement à tout tenter pour ce championnat du monde, le réussir, surtout en équipe, car je pressentais un parcours individuel houleux. Ensuite, j'ai réalisé que je n'avais jamais planifié d'objectif après cette échéance. Il y avait un trou entre juillet et octobre 2015... Prémonitions ? Doutes ? Laxisme ? Ou autre chose ? Dans notre sport, nous n'avons pas cette culture de choisir nos compétitions, la fédération nous sélectionne et nous paie le voyage. Nous sommes chanceux de bénéficier de ce système, il faut l'honorer au maximum par un investissement qui mène à la réussite. Les saisons défilent avec leurs compétitions et sans relâche nous continuons. D'autres sports enchaînent sur un rythme encore plus élevé, les sportifs sont amenés à prendre ce genre de décision pour causes multiples et de façon plus fréquente. Alors, pourquoi pas moi ?

L'opportunité à saisir, l’occasion en OR pour le parcours que j'ai accompli jusqu'ici. Le voici, mon or de la saison 2015 : habiter chez moi avec #MaNanaKiDéchire et #SamLeChat, retrouver ma famille et toutes mes affaires sous le même toit pour la première fois depuis 1994. 

Comment aller chercher un titre mondial sans identité ? Je n'ai pas de réponse à cela, car ce n'est pas moi. J'ai un caractère affectif, émotif, et je suis attaché aux valeurs et à la famille. Si je pars chercher une victoire, je dois savoir où je reviens. Depuis octobre 2014 quand je quittais le Sud, rien n'était stable, rien n'était clair, et j'évoluais encore dans un cadre qui n'était pas le mien, ni même le notre.

Quel est mon rêve ? Devenir champion du monde, mais pas que…

Comment y arriver ? Me connaître, me reconnaître. M'organiser, cadrer ma vie. A présent, je vais tirer pour gagner, parce que j'aime ça, et non plus parce que je souhaite convaincre autrui de mes capacités à gagner. Mon bonheur n’est pas qu’une jauge d’égocentrisme prête à exploser pour être le meilleur, il est de pouvoir transmettre ce que je sais à ceux qui veulent apprendre, avec une exactitude exactement parfaite. Voir des visages d’archers qui porte la joie de découvrir leur arc fait aussi partie du pourquoi je fais cela.

Alors ce championnat du monde... Il aurait pu être meilleur, certes. De nombreuses choses sont arrivées en cours de route pour bousculer une semaine de compétition majeure. A l'échelle d'une vie, ce n’est pas grand chose, sept jours… J’y suis arrivé inquiet, rempli de doutes. Je pariais sur deux types de situations où je pouvais peut-être louvoyer entre mes adversaires : un temps très calme, ou la tempête. C'était les deux… Short T-shirt et crème solaire, ou K-Way intégral façon j’enlève une poignée de grêlons de ma nuque pendant le match. Oui, il aurait pu être meilleur, et il n’est pas le dernier !

Je laisse mes arcs pour quelques semaines, pour mes cartons, meubles et étagères. Je vais réfléchir à mon atelier et à ce qu'il me faut pour prendre mon pied avec un arc. Je suis parti pour revenir, peut-être."

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Et me r’voilà ! Nous sommes le 31 décembre 2015, le chat roupille vingt heures par jour, mon bureau est prêt, mon atelier aussi, dans une maison sympatoche. J’ai une adresse à laquelle penser lorsque je pars, une identité qui n’est plus encartonnée et dispersée. Je suis plutôt de bonne humeur, ce qui est rassurant, et presque aimable ;-)

Je vous raconterai bien la suite, mais en fait non, alors je continuerai à écrire comme avant, au fur et à mesure. Depuis, il y a eu des histoires de réglages, de séminaire à Malaga, de stages collectifs et personnalisés, d’archer professionnel et de création de matos qui déchire mais vraiment, rien ne vous intéressera j’en suis sûr. 

Les premières compétitions sont bonnes, mon arc et ses petits accessoires fonctionnent parfaitement, le premier 300 était de sortie pour notre concours à Salaise le 26 décembre. entre les départs officiels, nous nous sommes bien amusés entre #VPTT et #BTT (traduire Viens Prendre Ta Tôle et Big Ten Tartiflette), en musique. Nous remettrons le couvert pour notre concours des Z’amoureux les 13/14 février prochain, les idées débiles peuvent naître dès cette nuit de réveillon. Le but de mon club est de transmettre sa joie de pratiquer le tir à l’arc, je ne parle pas de passion, mais de joie… Devoir de philo, vous avez quatre heures !

Maintenant que vous avez quelques nouvelles du Pierrot Capitaine Caverne, j’en profite pour vous souhaiter une excellente année 2016, avec tout le package de bonnes choses tralala tsouin tsouin normal, mais en plus et surtout de belles réussites sportives avec nos jouets communs, tant qu’ils sont de la même marque que les miens, et sinon, je ferai avec !

 

Bonne et heureuse année, may the force be with you !

Archerycalement,

Pierrot.

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