Hoyt 2021 series : Altus... le teigneux !
Ce fût une surprise, pour vous comme pour moi. Je recevais une notification UPS venant de Salt Lake City USA le mardi précédant l’annonce officielle de sa sortie. J’allais être livré dans la journée mais de quoi ? Je n’en savais pas grand chose, sauf que quand quelque chose arrive de l’Utah, c’est un arc.
Je vais causer franc, je sais que le discours “c’est arc est le meilleur que j’ai jamais tiré” ne fonctionnera pas, même pour moi. On va aborder le truc différemment, ça va vous parler. Je ne gagne rien à vous mentir. Je gagne à vous informer pour que vous soyez heureux de tirer votre arc pendant bien des années.
Il faut savoir que pour la saison 2021, j’ai annoncé à mon sponsor américain que je renonçais à mes arcs en dotation pour participer à l’effort économique global des entreprises. Mes arcs INVICTA 2020 sont neufs, ils n’ont pas beaucoup tiré, et surtout ils n’ont pas voyagé, ce qui est l’origine de vétusté précoce la plus importante. Alors à quoi bon ? Vendre mes arcs N-1 d’occasion, gagner des petits sous perso dans mon coin sans faire fonctionner l’économie d’une entreprise qui me permet de vivre de ma passion tous les jours sur plusieurs années, lui prendre encore plus en demandant de nouveaux équipements ? Non, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre en pariant sur la solidité de l’économie en des temps bien troublés. Ce raisonnement se place aussi de votre côté consommateur, vous n’aurez pas mes arcs d’occasion (pas de suite en tout cas), mais si j’arrive à vous convaincre de succomber à mes tentations sordides et que vous achetiez un arc neuf de vos deniers douloureusement acquis, je puis adoucir votre peine en assurant un service de conseil en texte, photo et maintenant vidéo, gratuitement, et en plus, quelque part, c’est grâce à vous. Et la boucle est bouclée.
Du coup cet arc est inattendu, Hoyt me demande une vidéo le mardi, ce que j’ai fait à ma manière faute d’élément complémentaire dès le mercredi pour le lundi suivant. Vous devez savoir que les musiques ajoutées ne sont pas celles sur lesquelles je me dandine, question de droits d’auteurs bien trop complexe à mettre en oeuvre pour YouTube & Cie. J’étais en fait sur du Fatal Bazooka, Eminem, Mia Mia, Angus&Julia Stone, IAM et Starsailor… Il faut quand même bien se creuser la tronche pour retrouver une ambiance qui colle et libre de droit !
Tout se passe comme vous l’avez vu en images qui bougent : les heures sont correctes, j’ai reçu l’arc, j’ai branché les caméras, et j’ai déballé en mode “je vais jouer un peu et me détendre”. J’ai déjeuné, et j’ai attaqué mes réglages habituels de nouvel arc en musique, fidèle à ce que je montre en vidéo.
Une fois tous les accessoires montés, le câblage contrôlé et rectifié, les premières flèches étaient tirées. Une quinzaine de flèches de réglage, dont une flèche sans plumes. Pas de test papier car je me fiche de cette étape désormais. On verra pourquoi dans un article et vidéo dédié. Ma flèche sans plume tape d’abord bleu à gauche à 18 mètres. Je twiste le yoke du côté gauche car mon center-shot est bon à 22mm et ma came haute est trop verticale. Je sais qu’elle doit sensiblement regarder l’écarteur. Je corrige et ma flèche sans plume tape direct dans le 10 classique. Je confirme par un second tir. La case est cochée en quinze flèches, incluant le petit rodage-ajustage de point d’encochage-Dloop et le réglage viseur. Ce n’est pas une démonstration de force, mais un élément que vous devez prendre en compte : oui les Hoyt étaient des arcs techniques, voire susceptibles. Ce n’est plus le cas. Changent-ils de caractère pour autant ? C’est ce que nous allons voir.
L’étape réglage est passée, mais je n’ai pas d’entraînement en dépit du contexte que nous traversons (on pourra en parler dans un live ou un autre carnet). Je dois cependant montrer un truc pas trop dégueu en vidéo, et on voit bien quand un truc n’est pas normal en vidéo… J’étais donc en état de stress, avec un torse de grillon et des épaules de serpent, un nouvel arc et une caméra me faisant face. C’était tendu ! Toutefois les premiers impacts, donc la première volée où vous voyez les blasons, m’ont fortement rassuré et plu. La sixième flèche de la volée me fait grogner, et je recommence deux volées. Une où je me concentre un peu plus sur la prise en main de l’arc et sur mes retrouvailles avec mon moi-même tout seul intérieur quand même filmé, et la dernière où je retourne la caméra vers la cible et six flèches dans le X. Ces deux volées n’ont pas compté de 9 en fait. Mais alors c’est super ! “Cet arc est le meilleur que je n’ai jamais tiré de ma all Life” !!! (LOL)
C’est vraiment comme cela que la vidéo a été tournée, mon but était de faire un truc qui soit différent de ce qu’on a l’habitude de voir et d’entendre. Du coup j’ai rien dit, à part “ioure ineglishe iz véri goude”, le reste on le comprend : je me suis amusé.
La vraie question est celle-ci : comment puis-je vous faire un retour sur l’arc alors que je n’ai pas tiré plus d’une après-midi avec ? Là, c’est clairement vous prendre pour des porte-monnaies. Alors vous m’avez fait reprendre du service pour m’entraîner avec mes arcs INVICTA 37, INVICTA 40 et ALTUS 38. Bien sûr, la première impression compte, vous l’avez eu en vidéo sans filtre. Maintenant je m’y attarde plus en détail après quelques entraînements supplémentaires.
Doit-on penser que la marque à la pomme rouge perd de son identité ?
Pas de Tec, pas de fenêtre fermée, pas de Triax… Ces trois points marquent l’identité Hoyt gamme Target depuis deux décennies. Le Tec est un pont usiné dans la masse en arrière du grip de poignée, il apporte rigidité et délocalise les vibrations du lâcher. La fenêtre fermée apporte de la stabilité structurelle à la poignée, une colonne de visée, et un équilibre des pressions supportées par la matière. Le Triax est une base de pocket de branches hautes et basses qui sépare chaque extrémité de poignée en trois parties, le gain se situe sur la stabilité des branches. Et pourtant, doit-on le qualifier de Arcus non grata au sein de la gamme des indélogeables shoot-thru risers de la red apple ?
Ma réponse est très claire : non, Altus est bel et bien un HOYT, un vrai de vrai, la vache !!! Je lâcherais bien volontiers tout un tas de noms d’oiseaux ici dans le texte tellement ça dégomme. Mais ce n’est pas un superlatif, c’est le cas, le caractère est très affirmé, voire mieux, ou plus, enfin on en parlera plus bas. Je vous invite donc à ne pas vous fier de suite à la forme de la poignée, où toutes les marques font à peu près la même chose qui doit au final, ressembler à un arc à poulies. Ca vous aidera dans le choix de votre futur arc.
Est-ce qu’il s’agit d’un arc bas de gamme à prix fort ?
Non. Altus est un arc haut de gamme, à un prix en relation avec la qualité des matériaux utilisés. Certes, il ne dispose pas de grips aux angles interchangeables, pas d’écarteur ajustable non plus, autant d’options en moins qui vous permettrons de vous concentrer sur l’essentiel. Ca tombe bien, ce modèle le permet en version simplifiée.
Les cames disponibles sont les DCX et les SVX : elles équipent aussi les ultra haut de gamme INVICTA. De même pour les branches, elles ne sont pas différentes des fers de lance de Salt Lake City, les nouvelles Hybrid 13” au profil parallèle réduisant de 40% les vibrations de l’INVICTA au lâcher (c’est pas une blague). Cela dit, heureusement qu’il est équipé de ces nouvelles branches… avec les XT2000, je pense que chaque flèche aurait pu entrer en combustion spontanée en cramant la corde et l’archer au passage. Les nouvelles branches préservent la vitesse au profit du confort de tir et de la facilité de réglage, ne soyez donc pas inquiets.
Les couleurs ne sont pas aussi nombreuses que les déclinaisons anodisées de son grand frère. Non, car c’est là une peinture comme on a jamais vu chez Hoyt. Nous avons rapporté les problèmes d’éclats liés à la fragilité de la peinture glossy telle qu’elle existait il y a trois ans. C’est fini, et c’est désormais un powder coating bien texturé, non poreux, laissant le sentiment d’être plastifié : je ne pense pas que les éclats arrivent de sitôt. De ce que je vois, et de ce que vous pouvez apprécier en photo ici, c’est certain, y’a du progrès. Au toucher, c’est vraiment sympa, et les doigts ne marquent pas. La qualité de finition est digne des arcs haut de gamme à un prix plus accessible, et pour ce qui est de son efficacité en réglages et performances : feu vert.
Alors, qu’est-ce qu’il a de différent cet Altus ? C’est un market’arc ?
Ou bien non, et on décide de s’y attarder un peu. Je vous ai déjà parlé du Pro Force et du Hyper Edge, ces arcs type branches parallèles dans d’autres billets déjà parus. Ces arcs correspondent à des profils de tireurs qui se reconnaissent dans cette géométrie. Le Pro Force est toujours en ma possession, est excellent, mais ne possède pas la même capacité de réglage qu’une came SVX. Il reste un arc bien plus doux qu’un arc de la gamme Target pure. Altus se place dans une concurrence haut de gamme, il ne lui manque plus qu’un public que je vais tenter d’identifier ici.
Au cours des années de pratique, rencontres, stages et essais divers avant de signer avec un partenaire, j’ai essayé de nombreux arcs et je peux identifier les différences entre les modèles. En fait, j’outrepasse un peu mon contrat et je décide d’en causer : le contexte l’exige ! Je pourrais vous recommander d’essayer l’arc d’un copain, ou d’en demander le test en magasin… Mais les magasins sont fermés, les clubs aussi, et d’un point de vue sanitaire je ne puis vous dire de poser la main dans le grip et votre visage sur la corde de l’arc de votre plus grand pote qui a peut-être le virus qui emmerde tout le monde. Alors on continue à l’aveugle ? Une histoire à plus de mille balles l’essai, clairement, ça fait rager. Alors je vais volontairement sortir de mon silence réglementaire et tant pis si je me fais taper sur les doigts.
L’arc qui m’a fait sortir mes premiers records, mes premières sélections en équipe nationale, mes premières victoires (Nîmes 2009), est un Mathews Apex 7. Un arc de caractère, qui chante, qui vibre, ça pète fort et on ressent les bonnes flèches comme les mauvaises de façon exponentielle. J’ai été déçu que la marque arrête cette gamme au profit d’un gaufrier moche et mou du genou, le Triumph. Et à cette époque, je changeais de sponsor pour choisir Hoyt. Mais l’Apex 7 est resté dans ma mémoire, et mon pote médaillé d’or à Nîmes est toujours en ma possession. Son grip profond, fenêtre ouverte, branches obliques au fouet important, une came nerveuse, un entre-axes à 38’’ et une sacrée gueule… Pas un seul arc n’est arrivé à son niveau de caractère depuis dix ans. Et voilà l’Altus, par surprise. Et ouais, c’est comme ça que je suis en mesure de mieux le comparer. L’Altus est l’arc qui se rapproche le plus d’un Apex 7 en terme de sensations et de géométrie.
Qu’on ne s’y trompe pas pour autant, les matériaux ont évolué, la vitesse est plus élevée, les vibrations sont maîtrisées, la finition est plus soignée, le son nettement plus beau et ce n’est plus la même marque qui propose ce caractère d’arc. Mais alors, moi le nostalgique, je vous assure que je prends un pied énorme à tirer cet arc, et je vous assure que je suis encore surpris par Altus deux semaines plus tard. Entre ce que je me souviens de l’Apex 7 (et j’ai remis la main dedans pour confirmer), ce que je sens avec Altus et le fait que cette nouvelle machine soit un Hoyt, je reste stupéfait.
A qui ALTUS correspond, qu’est-ce qu’on a au juste et à quel prix ?
On a un entre-axes de 38’’, soit l’angle de corde absolument idéal pour le multi-discipline salle, FITA, campagne, nature et 3D, et pour les tireurs dont l’allonge se situe entre 26.5 et 30’’. Il est disponible en allonge plus courte ou plus longue que cette page idéale, ce qui en fera un grand arc confortable pour les petits bras, et un arc encore plus racé pour les Golgoths si on sort de cette fourchette.
Les deux cames DCX et SVX proposent cette plage de réglage (SVX couvre une plus grande plage). Le couple branche Hybrid-cames en fait un arc très rapide. 328 fps en SVX, 322 en DCX, ça pousse fort sans tomber dans un arc très court en entre-axes, ou très reflex.
Le prix est en-dessous de 1400€ dans la plupart des magasins, mais attention, ce n’est pas un arc « cheap », c’est bien un arc haut de gamme plus accessible car il ne possède pas toutes les options de son grand frère INVICTA. Pourtant, ce n’est pas une brèle, très loin de là, et il ne sera pas limité par un grip standard et un écarteur barre. Pourquoi ?
Les branches Hybrid sont une vraie évolution chez Hoyt. Au bout d’une année et demie d’utilisation de l’INVICTA armé des mêmes branches, je peux vous affirmer que les problèmes habituels et connus de cam lean sont réglés. L’agressivité des branches obliques XT2000 causait un point de pression dans le grip très susceptible dès que l’on poussait l’arc en version bête de course. C’est corrigé avec les nouvelles tout autant rapides, mais moins violentes. Les archers les plus tatillons apprécieront les angles réglables de l’Invicta, mais ce n’est pas un problème sur Altus, surtout si vous suivez à la lettre mes conseils abordés dans les vidéos suivantes :
Ce grip d’ailleurs, je parlais plus haut de l’Apex 7. On est globalement sur la même géométrie : on ne se pose pas de question, la main tombe très bien dedans, ne glisse pas. Il est suffisamment étroit sans blesser la main après quelques heures de tir, et massif. J’aime assez ce côté « plein » monobloc. Surtout, il est bien plus large, dans le sens profondeur, par rapport aux grips Hoyt habituels Target. En main, on a plus de facilité à tenir l’arc entre deux flèches, aucune contrainte ressentie lors du tir. Non, au contraire, cette surface plus importante nous aide à laisser sortir l’arc bien en ligne pour prolonger le geste une fois la corde libérée.
L’angle d’attaque du grip est exactement le même que le zéro d’Invicta, soit quatre millimètres plus vertical que sur les modèles Prevail et antérieurs. Son épaisseur est conforme à l’ensemble de la gamme Target Hoyt : vingt millimètres.
L’écarteur réglable de l’Invicta s’adresse à un public averti : il y a deux grandes familles de prise de grip que j’ai identifié dans l’arc à poulies. Les pronateurs et les supinateurs. Je suppines, tu pronâtes. Keskidi encore ? C’est comme dans nos godasses, sauf que je mets ça dans un grip d’arc, oui je sais c’est un abus de langage, mais au moins on se comprend.
- Soit on a une rotation externe du poignet, très relâché, que j’associe à la supination. C’est mon cas, et c’est une des causes de sortie de flèche pointe à gauche (trop souple, je suis droitier). Dans ce cas, je peux tirer une flèche plus raide, sortir mon repose-flèche, vriller mon yoke à gauche, ou bien tirer avec un écarteur sorti à droite à fond, ou bien, le remplacer par une barre.
- Soit on a une rotation interne du poignet, forte en appui, que j’appelle pronation. Et là, on est pointe à droite, comme si on tirait un tube raide. Mais chez les ricains qui pronâââtent comme des oufs, on ne tire pas plus souple, c’est mal vu de tirer un spine de fille. On sait que diminuer la pression sur les câbles en pleine allonge rectifie la trajectoire de la flèche pour tirer en appui interne fort dans le grip ET un spine de barre à mine. Ne vous leurrez pas, c’est une option intéressante, mais pas forcément pour le plus large public.
On remarque également un logement dédié au repose-flèche Hoyt (qui n’est pas un Hoyt, puisqu’il existe également avec un logo Mathews…), pour une fixation dans le prolongement de la poignée. Mouais, je ne suis pas encore convaincu de l’atout, et si ce modèle présente une belle modularité, le prix n’est selon moi pas justifié. Peut-être qu’un jour, je verrai cette bestiole de plus près et que mon discours évoluera. Je vais rester fidèle à mes crémeries habituelles, AS Monorest et Beiter, en vous recommandant la même chose.
Sur cette poignée unique chez Hoyt, on a plein de trucs. L’architecture générale est dynamique, légèrement réflexe et bien équilibrée. La stabilisation que je retiens pour cet arc est une AS Gravity 70/25cm du central au latéral, avec un rapport de masses de 1 pour 2 AV/AR. Rien à dire, même avec cette configuration passe-partout, la réaction de l’arc est saine, c’est ce que vous avez vu dans la vidéo de présentation.
Le grip est plus bas que sur Invicta pour tenir un mur peut-être un peu plus franc que celui de son grand frère Invicta, en tout cas plus nerveux. Le band est sensiblement plus court sur Altus que sur Invicta 37, de plus d’un quart de pouce par rapport au 40. C’est un arc rapide, c’est confirmé.
On a donc un truc radicalement différent des comportements des arcs typés Pro Force ou Hyper Edge qui se pointent généralement en décalé du pur sang Target, c’est du vrai nouveau. Mais jusqu’où peut-on aller dans ce raisonnement ?
Il ressemble à d’autres arcs du marché… Est-ce que c’est un PriMatPsHoyLite ?
Pour répondre à cette question, je crois qu’il faut revenir à une base : un arc à poulies doit ressembler à un arc à poulies. Alors oui, comme vous, je note des similitudes entre cette poignée qui sort un peu de l’identité habituelle Hoyt et d’autres marques, au même titre que le PSE Perform X ressemblait beaucoup à un HOYT Prevail ou tant d’autres exemples à donner qui sont hors sujet. Il faut dépasser la photographie et regarder d’un peu plus près tous les aspects qui vont vous intéresser.
Si on regarde le marché, dans la même gamme de prix d’arcs au moment de leur sortie, soit une fourchette de 1300 à 1400€, et dans le même entre-axes (taille d’arc identique). A ce prix, on a un arc haut de gamme. Altus répond à ce premier critère. Mais, nous n’avons pas les mêmes prestations et philosophies.
Hoyt fait le choix d’optimiser les plages de réglage d’allonge (1’’ sur SVX, 1.5’’ sur DCX) pour adapter l’angle de corde et le band sur une fourchette réduite. Pour les autres marques en général sauf Prime, le périmètre extérieur de la came ne change pas et seul le module diffère. On s’écarte alors des spécifications constructeurs annoncées : entre-axes et band fixes et non en ratio avec l’allonge, et la vitesse réelle de sortie de flèche qui sera moindre chez les allonges courtes. Pas glop.
Qu’on ne s’y trompe pas, une réelle différence existe bien entre un Mathews TRX 38, un PSE Perform X / Supra Focus / Prime Black 9 : ce que j’appelle le caractère de l’arc. Il dépend de votre philosophie. J’ai testé tous ces arcs en off, parce qu’avant d’être un tireur pro Hoyt, je suis d’abord un archer passionné et pour être un bon conseiller, je dois connaître un maximum de choses. Les Mathews sont trop doux, les PSE souvent aseptisés, les Prime un peu mollasson pour MA philosophie. J’aime quand ça chante, ressentir les choses est primordial pour que je sois bien dans un arc. Ainsi Hoyt répond à ce que je recherche. Si je compare Altus avec ses cousins, je dis cela :
TRX38, excellent mur et belle dynamique de traction, poignée souple, attention à la stabilisation, et pas si facile à régler. Le grip est positionné en bas de poignée, de style droite. Un arc doux, trop doux pour moi, au bout de quelques entraînements, je m’ennuie.
SUPRA FOCUS, bel arc, un peu pataud, mur moyen et traction linéaire malgré une composition sympa des branches au profil oblique cassant un peu l’identité visuelle connue chez PSE. Lâcher aseptisé, il m’est difficile de faire du freestyle quand je prends confiance. Le grip est central, la poignée deflex. Quant aux réglages, ils sont nombreux, peut-être un peu trop.
BLACK9, on aime ou on aime pas. Je n’y arrive pas, les cames molles au band, un son au lâcher pas très glam’, des réglages complexes, une géométrie qui manque cruellement de dynamisme et aux points de pression très inhabituels. Le grip est placé haut sur la poignée, de style droite. On ressent des trucs, mais pas forcément ce que l’on souhaite. Toutefois, une belle qualité de finition, des options sympas, je pense plutôt aux arcs courts d’entre-axes, les Target purs ont encore du chemin à faire pour égaler les cousins.
ALTUS, j’ai ce que j’aime et c’est un problème car le grand frère est jaloux (à lire plus bas). La dynamique de traction n’est commune à aucun arc listé ci-dessus pour reprendre les plus présents sur les pas de tir. Le chant de l’arc ne ressemble à aucun autre, on voit que ça pousse fort sur TRX38 (plus encore sur le 40, curieusement) ou sur un SUPRA FOCUS, mais sur ALTUS, on le ressent vraiment. Sans se faire secouer, on peut commencer à se chauffer tranquillement à base de tranquillade, et se lâcher une fois chaud patate. L’arc aime ça, il adore qu’on lui mette des Watts, encore plus que l’INVICTA d’ailleurs. Son grip est bas, sa poignée est tendance reflex.
Choisir votre arc dépend de votre philosophie. Je ne conseille pas toujours l’achat d’un Hoyt en fonction des tempéraments que je rencontre. Je tire cette marque car elle me correspond en tout point. J’ai eu un peu peur quand j’ai vu qu’ils avaient l’intention de généraliser le stop-corde, en annonçant une réduction énorme des vibrations et du bruit. Mais ouf, cette identité n’a pas suivi ce que proposent désormais les autres marques. Si vous êtes plutôt canapiste, n’allez pas vers un ALTUS. L’INVICTA est déjà plus doux que le p’tit frère teigneux. Ce sont des arcs de sport, bien vivants, au design affirmé, et aux capacités de réglages simples et très personnalisables sans être un ingénieur. Sur ce dernier point, j’y viendrai dans une vidéo, c’est prévu. Vous savez que j’aime les raisonnements complets, cette entreprise prend du temps pour qu’elle soit durable en vous apportant un maximum d’éléments. Patience.
Dans l’échelle du rage-o-mètre des arcs, mon classement serait le suivant pour les arcs cités ci-dessus : PREVAIL 37, ALTUS, INVICTA, TRX38, SUPRA FOCUS, BLACK9, du hardcore au tranquille. Si vous êtes plutôt Rock n’Roll baby, vous l’avez compris, ALTUS MAXIMUS GLADIATUS BRUTUS est taillé pour vous, et si vous êtes carrément maZo, Le Prevail 37 SVX vous aidera à retrouver un peu d’humilité.
Alors, ALTUS ou INVICTA ?
C’est là où je suis bien, mais alors bien embêté. Je suis sportif de haut niveau donc je dois tirer le plus haut de gamme, donc l’Invicta. Ca c’est ce qui est marqué dans le texte, et après, y’a ce que j’ai envie de faire… Arf, putain de côté rebelle… Bon allez faut vous donner de quoi faire un choix : vous avez un budget qui ne permet pas d’aller jusqu’à l’Invicta ou bien vous l’avez mais vous aimez les trucs qui dégomment, vous avez une allonge entre 26 et 30’’, vous aimez les arcs qui ont du caractère, vous aimez les Hoyt, foncez, celui-ci en est un vrai de vrai. Aucun doute.
Altus est (enfin) à un entre-axes de 38’’ avec une poignée déjà plus grande que l’ancien Prevail 40, qui correspond à l’angle de corde idéal pour tout pratiquer à mon allonge de 28’’, soit la came SVX n°2 module B, entre le A et le C. La nouveauté me fait du bien en ces temps confinés bien casse-bonbon, les sensations retrouvées de mon Apex 7, améliorées par Hoyt sur Altus avec une belle rigidité de poignée et sa double cage haute et basse, un alu aviation, un poids un poil plus light que l’Invicta 37 (4.6 lbs contre 4.7 en 37’’ et 4.9 en 40’’), tout ça autorisant un peu de olé-olé dans l’exercice du tir histoire de casser l’aspect morose de l’entraînement. Pour le reste, pas de changement sur mes réglages et accessoires, c’est tout pareil qu’avec Invicta.
Ces deux dernières semaines, j’ai monté trois arcs pour le tir en salle. Invicta 37 SVX, mon arc campagne que j’ai réglé pour la salle, Invicta 40 SVX pur FITA/salle que j’ai replacé à une allonge de 28’’ au lieu de 28.5’’ (quand on ne s’entraîne pas, on perd du muscle, donc on réduit son allonge et on ne fait pas l’idiot) et enfin le Altus 38 SVX.
Les trois arcs sont réglés à l’identique sur le poids général, l’allonge globale, la puissance, et la hauteur de point d’encochage. Mon premier constat est celui de la taille de l’arc. Altus n’est pas plus proche de l’i37 que du 40. Il est vraiment bien à identifier comme l’entre-deux. Quand on regarde plus en détail, on sait que mon allonge de 28’’ correspond à une came SVX2 sur le 40, mais une SVX3 sur les 37 et 38. Cela resserre le delta haut entre les « petits aux grandes cames » et le « grand aux petites cames ». Regardez les entre-axes dans le détail si ça vous chante, comme le démontre en fin de vidéo « Câblages, partie 1, les connaissances ». Altus est donc l’angle de corde exactement médian entre les Invictas.
Sur le poids, un Altus est un poil plus léger que les Invicta. Il est réactif, mais pas chien fou. J’ai ajouté 30 grammes devant et 60 grammes sur mon latéral pour trouver un bon rapport poids-puissance (prochaine vidéo sur la stab). La poignée est bien équilibrée, bien guidée, ça ne se barre pas en cacahuètes donc c’est cool.
Sur l’armement, on sent plus de choses sur Altus, normal, pas de Tec, pas de pont de pression, c’est vachement intéressant voire pédagogique en fait. Ces choses sont : le bon placement de la main d’arc en latéral et en hauteur pour ajuster tout ça dès l’ouverture de l’arc, la mise en ligne une fois en butée, certains paramètres de la base du tir à l’arc reviennent explicitement à l’esprit.
Au lâcher, on sent que ça vit, que ça pousse fort et il le fait entendre (tranquille, c’est pas un fusil d’assaut non plus hein). C’est ce côté bon vivant, la bonne vibe, c’est vraiment sympa.
Côté Invicta, en alternance plus ou moins régulière avec Altus, je sens très clairement la rigidité supérieure de la poignée d’arc dès l’ouverture de l’arc. Les vibrations passent dans la fenêtre fermée et dans le Tec au lâcher. L’arc est plus confortable qu’Altus, il n’est pas moins rapide, il est efficace.
Le i37 est vraiment sympa pour les tirs de parcours, avec son angle de corde bien aigu, une belle vitesse et une belle précision. En salle, il est précis mais je ne l’ai encore jamais sorti en compétition à 18 mètres. Mon côté sniper identifie plus cet arc court à l’extérieur, peut-être que je me laisserai aller à des essais en situation réelle, le jour où nous nous retrouverons ensemble sur un concours. J’aime assez la facilité d’acquisition de la cible en visée, propre à l’arc et non aux réglages appliqués (il faut connaître cette différence).
Altus possède un atout majeur avec son entre-axes de 38, il me donnera probablement de belles sensations pour le tir en campagne et le FITA 50 mètres. Il est plus maniable qu’Invicta 37, tout aussi stable que ses deux frangins. Son let-off est aussi plus puissant (en SVX, je n’ai pas l’info pour la DCX), le mur encore plus franc et solide, c’est très appréciable et comparable avec le mur du TRX38. Est-ce que je le tirerai en compétition ? Oui. Cette saison ? Si quelqu’un peut me le dire, ça serait super sympa…
Sa Majesté le i40 est aussi de sortie pour montrer qui est le patron des saints-ciblards. Altus place la barre si haute qu’il m’a aidé à améliorer mes réglages sur le i40… Du coup, c’est assez excellent de voir la guéguerre naissante entre les arcs selon leur utilisation. Le i40 en DCX est assez lent, on le sait au bout d’une année d’utilisation, ce n’est pas une brèle pour autant, il est cool sans secouer. En SVX, il est vraiment rapide pour un 40, alors pour les gros tubes bien lourds de la salle, c’est mon choix actuel de là, maintenant, tout de suite. Mais je peux changer rapidement d’avis, les trois arcs sont montés. Je suis plutôt conservateurs dans mes équipements. Au fil des années, ce n’est plus un problème de laisser une configuration à poste pendant un temps, j’ai suffisamment de matériel.
Les Invictas vont « claquer » de façon nette et feutrée par rapport à l’Altus qui est plus vivant que les frangins. Cela en fait un arc très sympathique à tirer, et il se démarque bien des autres concurrents du marché et de ses grands frères du très haut de gamme.
Pour conclure, provisoirement,
Altus possède son caractère bien à lui mais reste fidèle à celui d’un véritable Hoyt, même si la poignée est surprenante. Vous avez compris ici que chaque marque possède son identité à laquelle vous pourrez et devez vous identifier. Je préfère que vous ayez un arc qui vous donne entière satisfaction plutôt qu’une frustration, nos discussions futures n’en seront que meilleures.
Ce texte est à la fois une revue de la sortie de l’Altus, un comparatif avec les Invictas, mais aussi un sentiment laissé sur certains autres concurrents. Tout cela dans le but d’initier une réponse à une grande question : comment choisir son arc ? Si vous lisez cette phrase, et toutes celles qui précèdent, alors vous en aurez appris pas mal.
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