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Championnats de France FITA : Chartres !

Si je ne ramène pas l’or individuel sur ce championnat de France, “nous”… le décrochons ! Médaille inédite que je salue par sa signification, alors que le “je” est aussi un “nous” pour que ce chemin ait un sens.

 

 

Chartres nous a offert un beau championnat de France FITA du 21 au 23 août dernier, un site charmant  et une équipe sympathique, dans une ambiance que je voulais retrouver sur un pas de tir national. J’ai mis quelques jours avant d’écrire ces quelques lignes car j’ai pris quelques jours de break… Vous avez bien lu, quelques jours de break ! J’ai lâché prise pour prendre l’air, laisser les idées fleurir, donner un répit aux méninges et au corps qui ont été fortement sollicités depuis, ?, je ne sais plus. Si je ne ramène pas l’or individuel sur ce championnat de France, “nous”… le décrochons ! Médaille inédite que je salue par sa signification, alors que le “je” est aussi un “nous” pour que ce chemin ait un sens.

D’abord et avant toute chose, j’ai eu ce que je voulais : revoir mes amis et partager des moments simples avec eux, ces moments qui apportent du soleil, de la sérénité et du bien-être. J’ai retrouvé un de mes mentors, Stéphane Dardenne. J’ai vu mon ami Dominique Genet tirer son arc jusqu’à sa médaille de bronze après une année de convalescence. J’ai vu les “Nordiens”, les bretons, les copains d’ici et d’ailleurs, tout ceux que je ne vois pas alors que les saisons internationales s’enchaînent, alors que mon rythme de travail et sa spécificité rendent la vie sociale complexe, ou absente. Je ne saurais aller plus loin sans “remettre l’église au milieu du village” comme disent les Suisses. Les amis, les copains, les copines, sourire, rigoler, partager, respirer, c’est un côté de la vie que j’avais masqué depuis quelques temps, pour un temps seulement. Alors, oui, je termine 17ème individuel de ce championnat de France alors que je suis numéro 1 mondial, toujours, et oui, je suis heureux de ce résultat pour la liberté qu’il m’a offert pour apprécier pleinement mes amis, regarder et répondre aux sourires croisés sans voile ni masque de concentration.  Ce genre de situation, je dois l’expliquer pour être bien compris dans mes choix de participer ou non à une compétition nationale. Le calendrier permettait ce tir, entre l’or de la dernière manche de coupe du Monde début août et la grande finale à Lausanne le 7 septembre. Je décidais d’en être, pour valider ou invalider certain éléments techniques, essentiellement sur les qualifications.

Thumbnail imageL’arc noir n’ayant pas eu son passage aux stands, j’avais remis l’arc blanc d’aplomb pour ce championnat, avec quelques idées de tests de flèches à confirmer. Dans un vent rafaleux assez pénible quelque fois, je tire 355 points sur la première série, dont 19 X. Très bon résultat, très précis, je suis content de mon truc. Toutefois, je sais qu’avec ce calibre plus souple la précision sera revue à la baisse si le vent fraîchit encore. Cela c’est vérifié sur la seconde série avec 346 et une dizaine de X à peine. C’est ce que je voulais savoir pour orienter le passage au stand de l’arc noir plus tard avant Lausanne. Je suis en tête de ces qualifications avec 701 points.

Les matchs commencent et je me marre… Pourquoi ? Pierre Sieffert est un ami, il est “taillé au laser”, d’où son surnom : “Pectoboum” !!! Je l’avais battu au premier tour des championnats de France en salle, et cette fois dès le vendredi à notre arrivée il me branchait pensant à sa future victoire sur moi. Je lui ai donc retourné la pareille pendant les qualifications alors que je n’entendais pas son nom au micro des résultats… Il répondait “tu verras, en match ”! Et il se retrouvait au barrage pour la 64ème place ce bougre !!! Il gagne son barrage et sera mon adversaire au premier tour. Belle tranche de rire celle-là, gamins ! Bon, je ne devais pas tellement relâcher ma visée car avec lui tout est possible, et je remporte ce match avec un score plutôt bon à 144 dans ce vent toujours bien présent. Sans rancune mon ami Pierrot, je te prêterai ma plume ;-)

Au tour suivant en seizième de finale, je rencontre Raphaël Burrus et je suis accroché. En inter, je me bats, mais là, si vous vous demandez ce qui peut se produire dans la tête d’un mec comme moi, je coupe. Je vois ça un peu comme une bougie d’allumage qui ne produira que deux étincelles sur trois : X, X, 8 et 10, X, 8 puis 29 et XXX et enfin X, 10… 8 pour barrage. Je tire un joli 10, lui aussi et gagne au pied à coulisse. C’est ainsi ! Le vent n’est pas la raison de mes huit, je les ai commandé par un conflit entre “je suis venu respirer ce weekend, en portant attention sur des points précis de technique” et “quelque soit le moyen et la manière, je gagne”. Vous avez ici un extrait du bouquin “l’abécédaire de PJ” ! Je perds toutefois avec 143, ce qui n’était pas un mauvais score pour les conditions qui allaient encore se dégrader derrière. J’étais plus heureux en spectateur qu’en tireur cette fois, même si je n’aime pas perdre. Faux serait de sous-entendre relâchement ou laxisme, mon objectif est Lausanne. J’ai déjà gagné les France FITA, deux fois, la finale de la coupe du Monde, pas encore et elle sera ma troisième de suite.

Ce championnat avait un côté inédit pour moi et … pour ma compagne ! Oui oui, elle qui dans l’ombre encaisse ma mauvaise humeur et mon caractère de cochon, elle qui s’entraîne toute seule comme une grande (enfin grande… avec des talons alors hihihi !) et qui gratte autant son arc que moi ! “Les cordonniers sont les plus mal chaussés”, c’est vrai aussi pour Anna, avec qui j’ai plaisir de parler d’autres choses que de synchronisation des cames. Elle se débrouille, gratte et démonte… Quart de finaliste individuelle dans ces conditions loin d’être du billard, nous étions tous deux vraiment content de cette place pour elle. Avant de partir de Salaise, je pense que nous avions évoqué une fois le tir mixte, dans le genre “on aura du mixte ? Je sais pas trop, faut p’t’être s’inscrire là-bas, roule et on verra bien…”. Qualifications tirées, nous sommes classés deuxièmes. Bien, alors on est bien en équipe mixte ! Ca promet ! 

Thumbnail imageNous n’étions pas du tout calibrés pour ce tir, nous comptions le faire sur le terrain annexe mais il avait été démonté. Nous n’avions jamais tiré mixte ensemble, même pas pour jouer à l’entraînement sur notre terrain…  Bon, il nous reste les trois volées d’échauffement pour valider un ordre de tir et se mettre dans l’ambiance ! J’apprenais les spécificités du mixte à Anna pendant le tir… Elle déchire #mananakidéchire ! Elle avait “juste” à faire le job de tirer à son niveau, sans vouloir en faire trop au risque de planter une mauvaise flèche, et ce n’était pas facile. Elle ne voulait pas me décevoir, je ne voulais pas la décevoir, on ne voulait pas perdre. Nous avions un coach : Sophie !

Thumbnail imageCes moments étaient géniaux, et les matchs ont été de très bon niveau avec 152, 149 et 152 sur 160. Anna me confiait qu’elle trouvait inédit de voir le tir de l’intérieur plutôt qu’en vidéo sur Internet. Je trouvais drôle d’encourager ma compagne par un “aller chérie” sur un championnat de France, dans la même équipe (car ce n’est pas ce que j’annonce à mes autres coéquipières !!!). Toutefois, je n’étais pas serein sur mon tir et je n’ai pas fait tous les points. Elle nous a permis de remporter le barrage du premier match, et de tenir la baraque sur la demie finale où nous gagnions d’un tout petit point. “Et maintenant ? Maintenant on est en finale chérie… Ah, mais on tire là-bas ?” Et elle désignait le terrain des finales… “Oui, je vais t’expliquer le tir alterné, le coach Sophie, un agent pour retirer les flèches (merci fiston ;-))”. La finale est tirée le lendemain, après la DNAP (division nationale arc à poulies), avant les finales individuelles. Si les finales sont organisées de cette façon, c’est pour préparer les archers aux pas de tir internationaux, au tir alterné, à ces scènes de spectacles où l’archer est acteur, non spectateur. En avant dans la gueule du loup, et je voyais ma chérie tremblotante, chaussures à bascule, un peu apeurée … “elle est où ma flèche ???” “c’est bon, 10, 9, jaune, c’est cool”. Je croisais les doigts pour qu’elle tienne le coup, c’était trop chouette de pouvoir gagner ce titre ensemble ! Elle a tenu, parfaite, tout ce qu’il fallait pour passer un bon moment et s’en rappeler. Superbe expérience, beaux souvenirs… et sans tomber dans un scénario interdit aux moins de 18 ans, j’ajouterai simplement que j’ai pris mon pied en finale avec ma nanakidéchire :-)

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Ce championnat était une belle bouffée d’oxygène, pour elle, pour moi, pour nous. Il était important pour moi d’y participer de telle manière, au risque de révéler une facette de ma personnalité, à fleur de peau. Objectivement, je tiens sur les nerfs et quelques signes sortent de temps en temps en fonction de mon état de fatigue. J’ai accumulé des tensions de plus en plus fortes depuis 2011, enchaînant les saisons sportives et les objectifs professionnels militaires sans aucune pause, sans voir les miens, même en intersaison. Je dois couper et me reposer, après Lausanne, après…

C’est le sprint final, vous courez, de plus en plus vite, de plus en plus loin, jusqu’à sentir vos muscles atteindre leur limite. C’est le moment où les bras viennent aider à propulser le corps plus en avant encore, le moment où vous devez écouter les encouragements de ceux venus pour vous. C’est le paradoxe entre un paysage qui défile à toute vitesse et votre façon de ressentir les éléments au ralenti, précisément, au détail près, concentré. Vous imaginez la ligne d’arrivée au loin, le chemin pour la rejoindre est de plus en plus concret, les douleurs s’estompent, vous prenez garde au faux pas pour rester debout. Bientôt, la mâchoire se resserrera et il ne restera que l’envie d’en finir tête haute, fort et fier, pour retrouver ceux que j’aime une fois la ligne passée. Je reviendrai sur la finale de Lausanne en septembre, puis sur l’année qui vient de s’écouler. J’évoluais dans un brouillard épais depuis plusieurs années, je suis arrivé au pied d’un mur. J’ai tenté de pousser ce mur, de toutes mes forces, entêté, obnubilé… Puis, une petite voix m’a dit : “passe par-dessus”.

Soyez nombreux à Lausanne, voir une finale de coupe du Monde vaut le coup de se déplacer…

A bientôt, vive le chocolat, vive la fondue, vive la viande séchéyyy, vive les cloches… 

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