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Belek : Mondial d'argent et de bronze !

 

Le lendemain, la météo était fidèle à ce que j’avais pu lire en prévisions : baston. Belek, vice-champion du Monde !

 

Thumbnail imageC’est un nouveau site que nous avons découvert après l’habituel et bien connu d’Antalya. Celui-ci est à Belek, une demie-heure à l’Est d’Antalya, en bord de mer. La destination laisse rêveuse, enfin surtout lorsqu’on ne parle pas de tir à l’arc car la météo du bord de mer reste chaotique et nous allions en découdre avec un éventail climatique assez large ! Nous prenions part à la compétition avec l’entraînement officiel le lendemain de notre arrivée. Un peu court à première réflexion faite, mais au final, le programme de compétition étant très diffusé sur la semaine, cette arrivée tardive nous laisser profiter de chez nous avant de rentrer dans l’attente, ou dans l’impatience... L'ambiance générale d'un championnat du Monde restait un peu terne après l'engouement d'une finale sur les fontaines du Trocadéro, le terrain de Belek était immense et en retrait de la vie courante de la région, le terrain des finales était situé sur la plage où il y avait peu de passage. Après Paris, il nous fallait nous adapter, et les pensées vers nos buts et nos familles nous auront porté au plus haut... Ou presque !

 

Qualifications.


 

Thumbnail imageTir du matin pour les poulies hommes, à la fraîche devenant moins fraîche une fois le soleil plus haut dans le ciel ! Les huit premières volées de la compétition étaient tirées sans un brin d’air, un véritable billard. En Méditerranée, les vents thermiques se lèvent une fois que la température de l’air devient plus chaude que celle de la terre. Une dépression se créée sur le littoral en conflit avec la température de la mer, plus froide, et le vent devient un élément régulateur de l’équilibre entre terre et mer. Voilà pour le topo météo marine de la journée, naviguez prudemment ! Les brises de mer arrivaient donc vers la moitié de la seconde série, et ma connaissance du milieu marin n’aura pas suffit à combler ma fatigue. Sur la première série, je démarre en tête avec 120 avant de lâcher un 58, puis 120 à nouveau et enfin 57... Ronchon le PJ, les neufs n’étant pour la plupart qu’à 5mm, et le reste des flèches à pilonner le X ! Sur la deuxième je rattaque à 119 et je luttais dans le vent maltraitant mon humeur vaseuse en lâchant 57-57-60-58, toujours avec ces 9 pas loin... Grrr! Malgré tout ces Grrr!, je score 33X et pas mal de 10 proches de la pastille centrale. L’indicateur de précision est donc bon. Au réveil, je ne me sentais pas très bien, les matins vaseux et d’humeur lancinante (esprit tarabiscoté), une impatience certaine à aller chercher un joli tir mais un corps qui refuse de suivre la tête : «Bon tu te bouges ???» !!! Pas grand chose à faire dans ce cas, juste économiser ses forces pour la suite avant d’aller se reposer, et accepter que certains jours soient un peu plus durs que d’autres. Je vois ça un peu comme dans un jeu vidéo, où vous devez éviter de vous prendre des balles pour ne pas faire descendre la barre d’énergie trop vite avant de rencontrer le boss final ! Le début du tir était donc bon et en rapport avec les conditions, un premier 58 m’indique la limite à ne pas franchir pour rester performant en fonction de mon investissement physique. Judicieux, car à mesure où la compétition avançait, la ressource physique diminuait jusqu’à finir sur batterie. Le fait de commencer en mode billard a rendu encore plus difficile le passage en mode vent. En temps normal, cette évolution météo ne m’aurait pas dérangé, mais cette fois, j’étais nébuleux. Avec les qualifications, la compétition est lancée officiellement et aussi psychologiquement, je suis dedans. Mot d’ordre : repos, on reprend demain. Je suis alors 11e au classement avec un 705 tout à fait correct. Le premier est à 713, Jesse Broadwater, ceux qui me connaissent bien savent que j’estime beaucoup cet archer pour ses qualités de tireur et humaines. Ensuite, on descend direct à 710. 28 tireurs à 700 points, on note la densité assez énorme, donc, un top 10 ou presque est bien.

Accrocs du matos : «KeskitirePierrot ???»


 

C’était aussi la première sortie officielle de mon arc (Hoyt Pro Comp Elite 37’’) que je tirais sur la finale parisienne. Mes sensations parisiennes étaient si fortes que je n’ai pas voulu retravaillé avec le Vantage Elite Plus. Je l’ai donc laissé avec les réglages polonais qui fonctionnent en deuxième arc, il n’est pas loin de moi sur le pas de tir. Il se prépare à rejoindre son nouveau maître ! Le petit Pro Comp Elite m’apporte ce dont j’ai besoin pour le tir extérieur, peut-être qu’il jouera son rôle aussi en salle, nous verrons. Il a de la pèche et de la gueule, je me place naturellement dans cet arc et il me donne le sentiment d’être plus fort en cas de météo dégradée (météo cervelle incluse !). Je sens que c’est un arc que je vais pouvoir pousser au taquet dans mes essais, et sans ménagement. Je suis déjà impatient d’ouvrir le capot hahaha ! Actuellement, j’ai sorti cet arc du carton, je l’ai réglé à ma façon sans pousser et avec le câblage d’origine. Ca tient bien, les flèches sortent bien et groupent, je suis stable et mes sensations me disent merci, alors pourquoi pas ? On pourrait me dire : attention PJ «Le mieux est l’ennemi du bien»... --> Ok, je cherche l’excellence, donc «recalé» !!! Et on avance ! Fin du «KeskitirePierrot ?»

Equipe mixte.


Thumbnail imageJe tirais le mixte avec Pascale Lebecque et nous avions à coeur de nous donner à fond pour le championnat, après cette magnifique victoire à Paris une semaine auparavant. Le vent s’annonçait pour l’après-midi quand nous allions tirer, et toute l’équipe pouliste allait prendre soin de sa technique lors d’un entraînement matinal fort agréable. L’occasion pour moi d’empiler des X à la pelle toujours avec des sensations au taquet, histoire de boucler les quelques volées qui ont manqué de précision la veille. En mixte, nous, neuvièmes, étions opposé à la Croatie huitième des qualifications. Le vent était parfois fort, avec des rafales bien présentes. C’est un format difficile, seulement seize flèches, tirées deux par deux en quarante secondes à deux tireurs. L’issue du match ne tient pas à grand chose du fait d’un faible nombre de flèches, d’un faible nombre de «fenêtres» pour lâcher, et cette fois n’était pas la nôtre. Je tire des flèches difficiles qui ne paient pas, alors à rien du cordon et quatre points en l’air. Pascale donnait tout ce qu’elle avait, pour certaine fois toucher la gamelle sur des flèches chaudes à négocier, alors que d’autres recevait un jugement bien plus sévère. On ne pourra pas nous enlever la volonté que nous avions à les coller dedans, et nous apprendrons encore de cette expérience. Je tire mon chapeau à l’équipe italienne qui doublera son titre avec la même composition mixte que les derniers championnats du Monde à Turin, Sergio Pagni et Marcella Tonioli !

 

Eliminations.


 

Thumbnail imageAvec ma onzième place des qualifications, je suis pas présélectionné dans les huit qui entreront en seizième de finale. Je regarde mon tableau de match et les choses se dessinent plutôt bien, dans une logique sportive où je n’avais pas d’outsider dès le premier tour mais un niveau en crescendo. Je rentre alors en 48ème de finale contre un polonais. Le match se déroule sans accroc, avec un seul tout petit 9 sur les dix volées tirées, échauffement inclus. Les nuages noircissent, les drapeaux s’agitent, la visibilité réduit de plus en plus, un grain s’annonce sur le terrain... Ca va se corser, surtout que je tire contre un espagnol qui vient de scorer à 149 lui aussi... L’écart se réduit entre un score des qualifications et un score de match, et cet adversaire qui avait tiré dans les 690 était tout à fait capable de sortir un gros match dès les premiers tours. Méfiance donc, surtout avec ces conditions météo qui se dégradent. Le match était serré pour qu’il lâche sur la dernière volée et me laisse gagnant 140 à 134. Je tirais encore au décocheur back tension à ce moment là et fin des matchs pour la journée. Le grain orageux a commencé sur ce dernier match, et les orages ont duré toute la nuit avec une très forte intensité.

Le lendemain, la météo était fidèle à ce que j’avais pu lire en prévisions, baston. Je tire alors une seule flèche au back tension pour mesurer le risque et je décide de switcher sur mon décocheur à pouce. Vous devez savoir une chose : je ne sais pas bien tirer au décocheur à pouce, il me demande une énergie démente pour garder de la patience, de l’attention, pour ne pas déclencher intempestivement. Je suis bourré de parasites lorsque je tire avec ce type de décocheur, je sais que ma précision sera fortement affectée, mais toutefois le risque de coller une flèche en dehors de la cible est réduit. Le vent est fort, de travers, force 6 à 7 beaufort en rafales parfois très fortes, sans période de calme, mais sous le soleil.

Thumbnail imageJe rencontre le mexicain Gerardo Alvarado en seizième de finale, c’est un très bon archer, il est capable de tout...lui aussi ! Je lisais sur son visage la même appréhension des conditions que nous avions pour tirer, «comment on va faire ???». Au final, ça passe 133 à 129, quatre points qui sont synonymes d’un rien du tout lorsque l’on compte à coup de 8, 7 ou 6. Vient l’allemand Marcus Laube en huitième de finale, duel sympathique car nous nous apprécions beaucoup, toutefois aucun des deux ne veut laisser la victoire à l’autre ! Il tire vraiment très bien, le match était tendu, et j’arrive une nouvelle fois à trouver ma patience avant de déclencher au bon moment. Je gagne 138 à 131. Victoire, ça y est, je suis en quart de finale, où j’avais laissé mon dernier championnat du Monde FITA en 2011 à Turin en finissant 6e contre Wilde. Je prends alors le temps de regarder autour de moi et les têtes habituelles ont été décimé par le temps. Les tireurs qui ont fait le choix de rester sur le back tension sont tous sortis, restent les «déclencheurs»... J’ai une revanche à prendre contre l’indien Rajat Chauhan qui a battu mon coéquipier Dominique Genet. Il tire vraiment bien dans le vent, mais chaque match a son histoire. Je gagne 129 à 126 dans un match serré, où chaque flèche avait une importance réelle toujours lorsque l’on parle de point perdu par lot de 2 ou 3 sur chaque décoche.

Thumbnail imageEn demie finale, je rencontre l’expérimenté Roberval Dos Santos du Brésil, tireur de haut vol il y a quelques saisons où il était parmi les grands que je regardais en vidéo et en photo. Le match commence et j’attaque par 29, soit une volée de furieux dans un vent pareil, et je vois mon adversaire ramasser son décocheur par terre (???), il l’a lâché plutôt que de déclencher et sa flèche est hors cible. Le vent est vraiment très fort, et cet évènement renforce mon attention, beaucoup plus qu’il ne m’apaise, ce qui aurait été un danger dans ces conditions. Le vent continuait encore à se renforcer au point de souffler la flèche de la lame lorsque je suis en visée... Je devais alors armer l’arc penché pour créer un angle plus ferme et tenir la flèche sur la lame ! Je continue le match avec un «7 c’est bien» en tête jusqu’à la victoire 130 à 108. Ma dernière flèche touche la cible, mes épaules clignotent rouge écarlate, je suis en finale, troisième finale d’affilée sur les évènements mondiaux, énormissime...

Si on résume jusque là, j’ai tiré les qualifications le marchand de sable dans les yeux, au back tension, en restant précis, avec de très bonnes sensations. J’ai ensuite adapté mon arc aux conditions météo en ajoutant du poids, et je tirais avec un décocheur que j’utilise au mieux une demie heure par mois, sans vraiment le maîtriser, dans des conditions vraiment difficiles. Pfiou... Pincez-moi !!!!

Eliminatoires par équipe.


Bon, une journée de vent fort ça va comme ça, mais deux... Nooooon... Improbable !? Moui, mais j’ai beau tapoter sur mon écran, actualiser, chercher d’autres indications météo, et bien... On l’a pris, pleine face !!! Thumbnail imageLeçon météo, coupe classique de secteur Ouest : d’abord, les cirrus s’amoncèlent en recouvrant le ciel progressivement en forme de filaments et de crochets devenant denses. Le ciel s’assombrit et le plafond nuageux  s’abaisse pour former les nimbostratus, un premier front se forme, et nous passons du ciel de tête au secteur chaud. Le vent est calme avant de se lever au passage d’un cumulonimbus, un grain orageux, les cumulonimbus sont capilatus et les éclairs s’en donnent à coeur joie. Le temps passe à la pluie, au vent calme, les stratus règnent en maître le temps du secteur chaud jusqu’au prochain front, le front froid et le ciel de traîne. La visibilité augmente, la température diminue, les précipitations s’estompent et disparaissent, le ciel bleu se distingue à nouveau et les nuages deviennent cumuliforme, ils bourgeonnent. Des orages peuvent encore se voir, mais ce sont surtout les rafales qui deviennent violentes. Le vent s’installe jusqu’à ce que le baromètre veuille bien remonter et desserrer les isobares dépressionnaires de monsieur Buys-Ballot... Compris ? Interro demain !

 

En clair, la météo allait bien être celle qu’annonçait les prévisions, avis de grand frais à coup de vent, violentes rafales, 17°C, soleil. Nous allions passer la journée de tir la plus mémorable de notre carrière de sportif... Du coup, la décision est prise, et nous allions nous adapter à la situation en changeant de lame de repose-flèche normale pour une large et plus creuse. Et même avec cette option incontournable, le vent allait tout de même pousser la flèche dans la fenêtre de l’arc, pour nous tous...

Thumbnail imageEn arrivant sur le terrain, la température était dix degrés en dessous de celle de la veille, le soleil timide ne prenait pas le dessus du vent sifflant au passage de chaque drisse qu’il rencontrait. Le climat était inquiétant pour un championnat du Monde, et la World Archery décidait de convoquer tous les capitaines d’équipe pour adapter les règles à la situation. Reporter ? Impossible, le vent allait se renforcer encore l’après-midi. Repousser d’une journée ? Problème logistique d’hôtels, d’avion, pour chaque fédération. La décision est prise : un seul blason disposé au centre de la cible au lieu de deux, et quatre minutes au lieu de deux pour augmenter les chances d’obtenir une fenêtre de tir. C’était la meilleure alternative à mes yeux, et les décisions ont été prise justement. Jamais je n’ai vu de telles conditions sur un terrain de tir à l’arc, alors on pourrait se poser la question d’une destination méditerranéenne de bord de mer pour ce genre d’évènement. Seulement voilà, les opportunités sont rares, et il faut trouver un complexe pouvant accueillir les archers et le staff des 150 associations membres de la World Archery, toutes les nations ont leur place sur un championnat du Monde ! Ensuite, il faut que la logistique suive, la proximité des aéroports, les locaux, les transports, la restauration, les hôtels et j’en oublie... C’est une organisation absolument immense, et certaines contraintes doivent être acceptée.

Thumbnail imageCette fois, nous devions nous adapter au vent. Alors, on pouvait voir toutes sortes de choses cocasses, entre les sardines tenant les longues-vue, les arcs couchés au sol pour ne pas les voir soufflés par une rafale, tirer avec un sac à dos, tirer sans stabilisateur central... C’était méga sport, même en quatre minutes pour tirer six flèches à trois archers ! Chez nous les gars, l’ordre Dominique Genet / Sébastien Brasseur / moi, n’aura pas tenu longtemps. Les temps de visée étaient parfois si long sans pouvoir décocher qu’il nous fallait abandonner et sortir pour faire entrer l’archer suivant plus frais physiquement. On aura tous brossé au moins une fois, c’était inévitable. La compétition aura été suspendu plusieurs fois, le coach coréen arc à poulies s’est effondré lors du match de nos filles françaises, et une ambulance l’a évacué. Il s’agissait d’un malaise, et les nouvelles étaient ensuite rassurantes pour lui et son équipe. Dans ce contexte, le climat régnant était pesant, lourd, inquiétant. Les tentes devaient sans cesse être arrimées, il ne fallait rien laisser sans surveillance, le vent nous enlevait tout ce qui pouvait bouger. En plus de ces évènements, je ressentais le poids d’un championnat du Monde dans de telles conditions, les archers se demandaient tous ce qu’il allait advenir des futurs résultats, et comment gérer un telle situation. Tout le monde aura fait preuve de combativité et d’esprit d’équipe pour trouver les solutions, se protéger de ce vent terrible, et tenter de porter au plus haut les couleurs de son pays. Nous étions tous rendu au même point et les matchs étaient serrés. Nous gagnons successivement contre l’Inde 188 à 176 sur 240 points (!!!), puis contre le Mexique 176 à 160 avant de nous incliner fortement contre le Danemark 210 à 185. Sur ce dernier match, les danois ont été réellement stupéfiant, incroyables, monstrueux... Les superlatifs ne sont pas de trop, et pour exemple, ils terminent avec X, X, X, 10, 8, 8 dans la tempête. Chapeau bas ! Nous serons donc en petite finale contre la Suède et les danois gagneront le titre contre l’Afrique du Sud. Entre parenthèses, je vous encourage à créer votre propre compte Facebook, vous pouvez le faire en anonyme si tel est votre souhait, pour apprécier les conditions au travers de vidéos prises sur le terrain que nous avons partagé sur nos pages. Vous pouvez me retrouver sur ma page athlète Pierre-Julien DELOCHELa météo s’annonçait plus clémente pour le jour J des matchs de médailles, le lendemain samedi. Le vent était toujours présent mais il était, cette fois, normal. Le terrain se trouvait sur la plage, le long du littoral. Le pas de tir était une sorte d’écrin où les tribunes faisaient office de coupe-vent pour les archers. Quelques rafales pouvaient toutefois s’engouffrer sans trop nous chahuter.

Le jour des finales.


 

A l’entraînement, reprise du back tension et Ouch ! Ca fait tout drôle, pourquoi ça bouge encore ? L’inertie ? Les épaules raides, c’est dur de reprendre un tir correct, et j’en colle un peu de partout sur mes premiers impacts, mais juste le temps de chauffer ! L’heure d’aller chercher la médaille de bronze arrive, et cette médaille sera la première médaille en championnat du Monde après le titre de 1995 de l’équipe Douis, Carreau, Randall lors des premiers championnats du Monde FITA !

Thumbnail imageLe terrain est bien abrité, les cibles ne sont pas encore éclairée par le soleil mais les premiers impacts sont bons, l’image de visée reste claire, pas de problème. Nous avions vraiment les crocs, soif de cette médaille pour récompenser le parcours d'une équipe superbe, cette équipe avec laquelle j'avais décroché mes premières médailles internationales. C'était un bon moment ensemble, une belle victoire face à la Suède 232 à 225, et enfin une médaille en championnat du Monde !!! Le match se déroule sans accroc, chaque volée était intense, et chacun de nous voulait cette médaille en prenant plaisir à la décrocher par du beau tir à l’arc, le plein de 10, le plein de sensations, pour finir cette saison en beauté et pour que chacun des poulistes homme et dame ramène une médaille à la maison. L’équipe féminine gagne le bronze, nous suivons, c’est une belle journée pour l’arc à poulies français !!! Côté perso, j’ai tenté de prendre un maximum d’infos sur le tir en vue de ma finale individuelle. J’ai pris un pied d’enfer à tirer, et particulièrement la dernière flèche. Stress ok, stabilité ok, précision ok, gestuelle ok, mental ok, plaisir ok, CHECK ! Le timing est serré entre le match par équipe et mon match individuel. Après les photos, il faut rentrer à l’hôtel en navette pour manger et trouver du repos. A ce moment là, je suis fatigué, je le sais bien et je tente la turbosieste. Elle fonctionne bien et à peine une heure trente plus tard je suis sur le terrain d’échauffement à nouveau. Le terrain est venté, je ne trouve pas tout de suite mes bonnes sensations. Pas de problème, le terrain de finale est abrité et je me souviens du tir matinal où j’étais si bien. L’heure arrive et je suis prêt pour entrer dans l’arène, faire du beau tir à l’arc, et aller chercher un bon match. Le titre est dans le domaine du possible...

Thumbnail imageLe départ est lancé et le néerlandais Mike Schloesser tire le premier. J’enchaîne parfaitement mon entame. Tout allait bien sauf une chose : ma cible est passée à l’ombre de la tribune, j’ai le soleil en plein figure et il brille dans la visette. Je distingue ma cible au point de devoir bouger le viseur lors de la mise en visée. L’image était presque en noir et blanc, très sombre... En fait, je ne voyais pas grand chose. Je vise tout de même en prenant mon temps, un temps inhabituel, le temps que l’oeil s’adapte à cette obscurité. Je démarre 10 bas, pas de quoi m’inquiéter, la seconde flèche est lâchée basse et l’impact est cohérent, enfin la dernière part trop vite en rapport à ma recherche de visée et touche le 9 aussi. Je ne touche pas le viseur, «c’est moi». La seconde volée arrive et l’enfer débute. 9 bas, je règle, 9 bas, je règle encore, 9 bas... A ce moment là, c’est dur, je ne comprends pas pourquoi ces flèches bien tirées, alors que je suis stable et déterminé, arrivent au 9. Sur les volées suivantes, je subis parfois un peu plus le léger vent qui s’engouffre sur la partie droite du terrain et d’autres 9 sont lâchés. «Où je vise maintenant ???» et «Comment trouver le temps de chercher ma sombre cible et déclencher au bon moment alors que le vent me chahute ???», l’injustice m’envahit tandis que mon adversaire empile les 10. En tir campagne, cette notion est connue, «archer au soleil, cible dans l’ombre, on majore la distance sur le viseur»... Mais comment le savoir sur un match de finale de championnat du Monde, alors que tout se passait bien le matin, alors que le tir est bon ? J’avais le choix entre balancer deux tours de viseur, risquer un 8 haut, ou y aller progressivement et taper le 10 haut... Ok, je l’ai vécu une fois, c’est noté.

Thumbnail imageJe perds la finale avec un très grand sentiment d’amertume et d’inégalité. J’avais tout, sauf la mesure de ce qu’il se passe entre le pas de tir et la cible. A la fin du match, je craque et les larmes coulent. La saison se termine sur se sentiment, sur ces flèches que je ne voyais pas voler, sur cette sombre image de visée, je ne pouvais plus contenir mes émotions. Il m’aura fallu un bon moment avant de réouvrir l’accès au Pierrot ce samedi 5 octobre 2013. C’était un moment difficile que les archers ont respecté. Je félicite le hollandais Mike Schloesser pour son titre à 19 ans, archer talentueux et sympathique, il aura su gérer le vent et la pression cette semaine, bravo, et à charge de revanche ;-))) !!! Thumbnail imageAprès un bain d’eau de mer, un cri primaire, un petit Lagavulin 16 ans d’âge, je pouvais à nouveau parler sans que les larmes ne coulent. Oui, j’assume cela complètement et au grand jour : je suis un émotif-cérébral, et je suis très attaché à la valeur des choses, des sentiments, des manières. Ma déception était immense, la plus grande jamais vécue je pense. J’en ai pris plein la gueule, j’ai donc grandi encore, et je vais me servir de cela pour rebondir l’année prochaine. C’était comme une petite voix qui me disait «ce n’est pas encore fini, tu peux aller chercher encore plus haut»... Je ne veux pas m’arrêter là, on peut porter les couleurs de l’arc à poulies français encore plus haut, j’en fais mon affaire, avec mes coéquipiers et coéquipières de l’équipe de France qui sont eux-aussi remontés à bloc. Ce championnat restera gravé dans les mémoires de l’arc à poulies et de l’équipe de France.Thumbnail image

Je pouvais m’arrêter sur ce dernier sentiment amer, mais un évènement nouveau est venu illuminer ma joie : la première place du classement mondial... A suivre dans le bilan de saison, bientôt en ligne !

Toutes les photos de la semaine : Jean-Denis GITTON @FFTADean ALBERGA @WORLD ARCHERYLa famille Buden.

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